Dodge Caravan / Plymouth Voyager / Mini Ram Van 1984 : Un trio de mini-fourgonnettes parfaitement modernes !

On aura presque tout dit sur l'aventure qu'a vécue la compagnie Chrysler ces quelques dernières années. Tous les médias ont suivi et rapporté avec minutie et force détails sa lente et inexorable chute, pour ensuite décrire son redressement spectaculaire et son retour triomphant à une situation financière plus que prometteuse. Et Chrysler n'a pas fini de nous étonner puisque le numéro trois américain en arrive à nous présenter cette année une gamme de mini-fourgonnettes que l'on peut qualifier, sans exagérer, de révolutionnaires. Quel autre qualificatif peut-on donner, en toute justice, à des véhicules qui surgissent de nulle part pour se tailler sur mesure une place unique au soleil, dans un marché qui n'existait pas avant leur apparition?

On peut ainsi, sans grand risque d'erreur, prédire aux mini-fourgonnettes Voyager, Caravan et Mini Ram Van un brillant avenir, sur ce marché qui a toutes les chances de devenir explosif d'ici peu. Déjà, les firmes Toyota, Nissan et Mitsubishi disposent de véhicules similaires, alors que Ford et General Motors travaillent fébrilement à la mise au point de leurs propres versions de ce concept dont Chrysler devient la pionnière.

On avait admiré, à juste titre, la conception très saine, la solidité et la grande fiabilité des premières voitures K, celles qui, à toutes fins utiles, ont permis à leur constructeur de reprendre son essor. Or, ces voitures et la grande majorité de leurs variantes n'avaient rien de très nouveau à offrir du point de vue strictement technique. Chrysler avait alors misé avec raison sur des solutions éprouvées, simples et efficaces. Leur côté éminemment pratique, leur économie et leur ligne traditionnelle firent de la série K un franc succès.

Cette première réussite de la «nouvelle» compagnie Chrysler fut pour elle riche en enseignements des plus variés, alors qu'elle était pleinement engagée dans la conception et l'élaboration des nouvelles mini-fourgonnettes dont le nom de code était T115. Le constructeur américain consacra six années à cette entreprise, y engloutissant au total quelque 700 millions de dollars. Cette somme, en apparence monstrueuse, couvre entre autres la transformation complète, au coût de 512000000$ US, de l'usine de Windsor en Ontario, qui devient la plus moderne au pays. Elle fera appel à 123 robots affectés aux tâches les plus diverses ainsi qu'aux plus récentes techniques d'assemblage et de gestion.

Le meilleur en toutes choses

Si Chrysler a déployé tous ces moyens et tous ces efforts dans le but avoué de construire ses nouvelles créations en respectant les plus hauts critères de qualité, elle ne faisait, en cela, que donner suite à un programme de développement exceptionnel, si j'en juge selon les modèles dont j'ai pu faire l'essai. Je ne peux que rendre hommage au soin évident que l'on a apporté à la réalisation de chacune des composantes et à l'homogénéité de l'ensemble. Chrysler affirme avoir choisi des matériaux de haute qualité et employé des métaux et techniques se situant à l'avant-garde dans ce domaine. Je la crois sans peine, tellement ces mini-fourgonnettes dégagent un air de solidité et de durabilité, impressions qui se confirme à les conduire dans diverses conditions. A part quelques bruits, perçus sur ces modèles de présérie, dont l'un, m'a-t-on affirmé, avait déjà parcouru plus de 100000 kilomètres en essais d'endurance, les modèles T (double ironie) ont de quoi impressionner. Leur caisse est très solide, leur assemblage soigné et très serré. Sous presque tous les rapports, l'attention apportée aux moindres détails tient quasiment du phénomène.

Les Plymouth Voyager, Dodge Caravan et Mini Ram Van partagent une vocation où le côté utilitaire prédomine. La traction avant a permis à Chrysler de libérer l'habitacle au maximum en éliminant le tunnel d'arbre de couche. Elle a ainsi pu offrir à ses fourgonnettes du nouvel âge un plancher très bas, pour un accès et un chargement facilités d'autant. Le fait, également, que l'on ait donné aux modèles de série T un capot beaucoup plus long à l'avant que celui des fourgonnettes conventionnelles, contribue à libérer davantage l'intérieur. On élimine, cette fois-ci, la coquille encombrante et disgracieuse qui couvre, chez les ancêtres des T115, un moteur empiétant sur l'espace vital des passagers. Qui plus est, ce capot plus élancé, de concert avec des lignes arrondies, un pare-brise affleurant incliné à 55 degrés et de nombreux autres détails, dote les Voyager, Caravan et Mini Ram Van d'un coefficient de traînée de seulement 0,43. Si cette donnée n'a rien pour menacer les sportives les mieux étudiées, elle permet néanmoins à nos jeunes premières de décrocher d'emblée le titre de fourgonnettes les plus aérodynamiques. Elles le sont plus que la belle Vanagon de Volkswagen et même que la Porsche 928, avec son coefficient de 0,45... Ce souci d'aérodynamisme, je le souligne en passant, ne nuit en rien à l'apparence de ces brillants rejetons de Chrysler. Au contraire, jamais fourgonnette n'aura été aussi plaisante à l'oeil. Elles auront également assez de charme pour donner beaucoup de fil à retordre, au chapitre de la beauté, à des familiales qui sont moins logeables, moins pratiques et sans doute aussi moins abordables et économiques qu'elles.

Notons enfin que la présence, à l'avant, d'un capot de longueur appréciable, ne pourra qu'ajouter aux qualités de sécurité passive des fourgonnettes T, tout en apportant plus de tranquillité d'esprit à des acheteurs et utilisateurs n'ayant jamais apprécié la ligne par trop carrée des fourgonnettes ou «vans» traditionnelles. Leurs pieds seront maintenant à une distance respectable du pare-chocs avant.

Un aménagement soigneusement étudié

Un véhicule, qui vise à ne devenir rien de moins que le premier choix des familles nombreuses et autres groupes importants, se doit nécessairement d'être en mesure d'offrir un maximum de confort et de polyvalence. A ce chapitre, les mini-fourgonnettes Chrysler tiennent promesse. En plus d'être confortables, elles peuvent être aménagées de très nombreuses façons, selon le besoin. On peut ainsi se porter acquéreur d'une Mini Ram Van à un seul siège si l'on a fait de la plomberie son métier, ou alors partir en excursion avec six de ses amis dans une Voyager ou Caravan pourvue de ses deux sièges baquets à l'avant et des deux banquettes optionnelles. Ces dernières sont par ailleurs facilement amovibles et interchangeables. Seules les personnes de grande taille pourront toucher des genoux la banquette située devant elles dans la version sept places. Détail intéressant, elles n'auront par ailleurs aucun mal à sortir se délier les jambes aux étapes, puisque la grande portière latérale coulisse sur des roulements à aiguilles scellés et s'ouvre et se ferme avec un seul doigt, ou deux à la rigueur. J'ai été agréablement surpris par l'apparence et la finition des intérieurs, sauf ceux des modèles de haut de gamme, tels que les Voyager Special Edition et Limited Edition, qui, eux, glissent sensiblement vers le clinquant des voitures américaines luxueuses d'une autre époque, mais c'est là une question de goût et ils trouveront sûrement preneur de toute façon.

J'ai préféré le bon goût des versions plus modestes, avec leurs sièges baquets de belle qualité, en tissu. Les tableaux de bord sont certainement parmi les plus lisibles et les mieux réussis que nous ait offerts Chrysler depuis un bon moment. Tout y est bien disposé, pour peu qu'on ait eu l'heureuse idée d'équiper sa mini-fourgonnette de tous les cadrans et jauges offerts en option.

Plusieurs accessoires offerts en option valent par ailleurs très largement les sommes déboursées pour les obtenir. Les accessoires à commande électriques tels que glaces, télécommande du superbe panneau arrière et sièges, entre autres, sont d'un fonctionnement étonnamment vif et doux pour ce genre de dispositif. De même, les rétroviseurs extérieurs sont excellents et fort bien finis, venant ainsi compléter une visibilité hors de l'ordinaire. Si ce n'était du rétroviseur intérieur, qui gagnerait à être un peu plus grand, ce serait la quasi-perfection sous ce rapport.

Paradoxalement, c'est au chapitre de l'aménagement intérieur que les mini-fourgonnettes Chrysler pèchent, selon moi, par omission. J'ai ainsi déploré l'absence relative d'espaces pratiques de rangement dans un véhicule aussi vaste et logeable. On a bien prévu un coffre coulissant et verrouillable, mais il est situé sous le siège avant droit dans les versions qui en sont équipées, et reste peu accessible, surtout en mouvement. On a équipé plusieurs petites voitures Chrysler de coffrets et plateaux ingénieux, qui sont presque totalement absents dans la série T, sans doute la plus spacieuse, pourtant. On n'a droit à aucun coffre à gants, bien que l'espace ne manque pas sur le tableau de bord, devant le siège du passager. L'ingénieur de service m'apprenait qu'on avait dû laisser cette surface telle quelle pour libérer un espace suffisant pour le climatiseur sous le capot-moteur. C'est là, malgré tout, une lacune que Chrysler pourrait facilement corriger dans un véhicule conçu intelligemment à presque tout autre point de vue.

En mouvement

Toutes ces qualités de construction, de conception et d'aménagement perdraient une part immense de leur éclat, si les fourgonnettes ultra-modernes de Chrysler n'étaient pas, de surcroît, facile et agréable à conduire. On est loin du comportement plutôt mal dégrossi des «vans» conventionnelles, même si celles que produit Chrysler sont parmi les plus stables. Une fois lancées, les fourgonnettes de série T se révèlent maniables et agiles, dotées d'une direction à crémaillère assez précise, légèrement surassistée. La tenue de cap est très bonne, de même que la tenue de route, placée sous le signe d'un sous-virage léger et progressif, chose à laquelle on doit s'attendre avec une traction avant. Bien qu'il ait été, de toute évidence, impossible de vérifier la chose lors d'une avant-première estivale, une mini-fourgonnette Chrysler devrait facilement pouvoir surpasser tout autre véhicule du même genre mais à propulsion arrière dans la neige ou sur la glace des hivers québécois.

La suspension est tout juste assez ferme et procure un confort certain, même sur mauvais revêtement. Le freinage est également sûr, profitant, à l'instar de nombreux autres produits Chrysler, dont les coupés

Laser et Daytona, les Charger 2,2, Turismo et la Rampage, d'une soupape qui se charge d'équilibrer la force de freinage en fonction de la charge, favorisant toujours les roues avant. On pourrait cependant saluer un accroissement de la puissance même du système de freinage, qui exige un effort relativement important de la pédale.

La seule déception, au chapitre de la mécanique pure, est imputable, contre toute attente, au moteur 4 cylindres de 2,2 litres. Cette version à convertisseur   catalytique est décevante dans les modèles de série T. Pourtant, le 2,2 est sans doute le meilleur 4 cylindres américain du moment et il anime avec brio la plupart des récentes créations de Chrysler depuis les premiers modèles K.

Dans les mini-fourgonnettes, quoi qu'il en soit, il faillit à la tâche, malgré une puissance attribuée de 101 chevaux à 5600 tr / mn. Il manque de souplesse autant que de souffle, surtout lorsqu'il est couplé à la boîte manuelle à 5 vitesses. Cette dernière, loin d'être un modèle de précision et de douceur de sélection dans d'autres produits Chrysler, est particulièrement désagréable à manipuler dans les Voyager et Caravan. Le levier, situé au plancher, est trop reculé et trop court. Il est fortement à conseiller de se tourner plutôt vers le tandem moteur 2,6 litres / boîte automatique, dont le rendement et la souplesse sont tout à l'opposé des premiers cités. Le moteur «Silent Shaft», produit par Mitsubishi pour Chrysler, livre, en version canadienne, 105 chevaux à 4800 tr / mn et aussi plus de force de couple que le 2,2. Il n'y a pas à hésiter à ce chapitre, jusqu'à nouvel ordre.

Conclusion

Chrysler marque des points précieux avec la présentation de ses nouvelles mini-fourgonnettes Plymouth Voyager, Dodge Caravan et Mini Ram Van. Belles, économiques, plus que spacieuses, elles sont superbement construites, avec des matériaux de grande PRIX qualité. Si l'on prend soin d'étudier minutieusement la longue liste des modèles et options disponibles auxquels il faut ajouter le choix presque obligatoire du moteur 2,6 litres et de la boîte automatique, beaucoup mieux adaptés à leur nature utilitaire, on s'assure presque sans faillir l'acquisition d'un véhicule extrêmement polyvalent, pratique et agréable à conduire. Rien de semblable et d'aussi bon n'est offert cette année par une autre firme que Chrysler, qui vient de réussir avec ses mini-fourgonnettes un coup de maître dont on n'a pas fini d'entendre parler.

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