La Chevrolet Monte Carlo et Pontiac Grand Prix 1978 : Deux voitures à succès jouent leur avenir

Cet essai routier a été publié dans le Guide de l'auto 1978.

En remaniant toutes ses voitures de la catégorie « intermédiaire » pour les rendre plus petites et plus légères, General Motors se devait de faire subir le même sort à deux modèles très populaires qui semblaient intouchables tellement les ventes étaient bonnes. Le constructeur américain n'avait pas le choix toutefois puisque la Chevrolet Monte Carlo et la Pontiac Grand Prix étaient plus ou moins des versions raffinées de la Chevelle et de la Le Mans avec lesquelles elles partageaient plusieurs caractéristiques. Puisque la gamme « intermédiaire » faisait l'objet d'une refonte totale, ces coupés de luxe devaient eux aussi se mettre à la diète et adopter un format plus petit.

Les voitures comme la Cutlass ou la Malibu sont des modèles qu'on achète principalement à des fins utilitaires pour se véhiculer et transporter la petite famille. Bien sûr, leur apparence a une certaine importance, mais pas autant qu'avec des modèles comme la Monte Carlo ou la Grand Prix. Ceux-ci représentent pour leurs propriétaires une promotion quelconque et se rattachent davantage au statut social. On a atteint un certain niveau quand on a les moyens de rouler dans une Grand Prix ou une Monte Carlo.

Ce sont des voitures qui annoncent le début de la réussite. Or, dans leur nouvelle tenue, nous ne sommes pas si sûr que le message soit aussi évident et nous avons nettement l'impression que GM pourrait avoir de mauvaises surprises quand il prendra connaissance des chiffres de vente de ces voitures dans un an. De ce fait, il se pourrait bien que la Grand Prix et la Monte Carlo soient en train de jouer leur avenir...

Ce ne sont pas de mauvaises voitures, loin de là, mais ont-elles le même attrait pour la clientèle? Comme il n'est pas dans nos habitudes de discuter des goûts et des couleurs, nous nous attarderons plutôt à la conception de ces nouvelles voitures et à leur rendement.

La Monte Carlo

En regardant l'édition 1978 de la Monte Carlo, on a l'impression de porter des verres amincissants. En d'autres termes, si l'on oublie ses plus faibles dimensions, la voiture conserve son allure traditionnelle. C'est, on dirait, un modèle réduit de la version 1977 puisque la calandre ainsi que les ailes et les portes gonflées sont des marques de commerce de la Monte Carlo des années précédentes. GM savait fort bien que l'acceptation de ce nouveau modèle serait difficile et c'est sans doute la raison qui a poussé les dessinateurs à reprendre les mêmes lignes.

La voiture bénéficie de toutes les innovations propres à la Malibu, ce qui veut dire qu'elle est plus spacieuse à l'intérieur qu'un modèle 1977 malgré des dimensions extérieures moins grandes.

Il s'agit toujours d'un coupé deux-portes offert en deux versions : standard et Landau. Par rapport à la Malibu, la Monte Carlo possède de petites touches personnelles, telles une barre stabilisatrice à l'arrière et une suspension réglée différemment.

En 1978, la voiture est proposée avec un nouveau moteur V6 de 231 po3 en équipement de série alors qu'un V8 de 5 litres (305 po3) est offert en option. La boîte de vitesses standard avec le premier moteur est une boîte manuelle à trois rapports. Une boîte à quatre rapports est offerte en option dans les deux versions en plus de l'automatique.

Notre essai s'est déroulé au volant d'une Monte Carlo à moteur V8 avec boîte automatique, un rapport de pont de 2.29 à 1 et des pneus 205-70R14. À part une visibilité médiocre de trois quarts arrière, l'aménagement intérieur ne se prête pas à de grosses critiques.

La banquette avant 60-40 recouverte d'un tissu en velours nous a paru assez confortable, malgré notre préférence pour les sièges baquets. Le volant, dont les branches se dirigent vers le bas, dégage parfaitement le tableau de bord et surtout les instruments. Notre Monte Carlo était bien équipée sous ce rapport puisqu'elle avait un manomètre de pression d'huile, un voltmètre, une jauge de température et même un compte-tours.

La voiture est, à notre avis, plus pratique que le modèle de l'an dernier. Par exemple, le coffre à bagages est plus grand et on a gagné plus de trois pouces d'espace pour les jambes et les genoux à l'arrière.

Performances

Avec le V6 (essayé brièvement), les performances ne sont pas très brillantes bien que la voiture soit silencieuse. Par contre, le V8 de 5 litres donne des accélérations très acceptables et notre chronomètre s'est arrêté à 13.4 sec. lors du test 0 à 100 km/h.

Les reprises sont aussi assez bonnes malgré un pont arrière très long qui permet d'atteindre 90 km/h en première avec l'automatique. Il est bien difficile de déterminer la vitesse de pointe puisque l'aiguille de l'indicateur de vitesse dépasse largement la fin du cadran qui se situe à 140 km/h. Le pont arrière à rapport numérique très faible a l'avantage de ne pas essouffler le moteur, celui-ci ne tournant qu'à 2000 tr/mn à 100 km/h. C'est également très salutaire en ce qui a trait à l'économie d'essence et on devrait pouvoir faire plus de 20 milles au gallon avec une Monte Carlo 1978 à moteur V8.

Notre voiture d'essai avait sans doute besoin d'une bonne mise au point car le moteur avait tendance à caler en virage (brusque) ou lors d'un freinage énergique. La Monte Carlo nous a aussi paru instable lors d'un arrêt d'urgence. Par ailleurs, la suspension est un bel exemple d'équilibre entre le confort et la tenue de route.

La Monte Carlo 1978 ressemble, en plus petit, à la version 1977, mais il s'agit d'une voiture complètement transformée. Plus maniable, plus économique et plus spacieuse, elle devrait plaire à ceux qui attachent plus d'importance à l'aspect fonctionnel d'une voiture qu'à sa silhouette.

La Pontiac Grand Prix

Au sujet de la Pontiac Grand Prix qui, elle aussi, a été recarrossée, on peut dire tout d'abord qu'elle ne dégage plus cette impression de grosse voiture de luxe qui l'avait rendue célèbre. Elle devient, en 1978, une voiture qui, disons-le, fait bon marché. La présentation intérieure fait preuve de peu d'imagination tandis que l'apparence extérieure est proprement banale.

Alors que la Chevrolet Monte Carlo fait des efforts pour se détacher de la Malibu dont elle est dérivée, la Grand Prix laisse deviner facilement qu'elle appartient à la même famille que la Le Mans, une famille d'ailleurs fort nombreuse dans laquelle on retrouve aussi la Grand Le Mans et la Grand Am. Cette dernière est, de loin, la plus intéressante des quatre.

Malgré tout, notre essai d'une Grand Prix à mécanique V8 (301-4) et transmission automatique nous a fait découvrir une voiture assez agréable et très certainement plus homogène que la version 1977 qui, avec son arrière court et son long capot, n'a jamais été une reine de la route.

Cette année, la Grand Prix se comporte beaucoup mieux en virage et nous avons apprécié également son silence de roulement, sa précision de conduite et son confort tout en douceur.

Le moteur V8 est discret et suffisamment puissant avec des temps d'accélération respectables. Ainsi, on peut passer de 0 à 100 km/h en 12.6 sec. ou de 90 à 120 km/h en 12.2 sec.

Pour ce qui est de la boîte de vitesses automatique, il n'y a encore aucune critique possible mais les freins constituent toujours un élément discutable dans les voitures américaines. Ils sont, au mieux, acceptables et très souvent médiocres comme ce fut le cas avec la Pontiac Grand Prix 1978. On notait une tendance exagérée au blocage se traduisant par une instabilité de la voiture lors d'un arrêt d'urgence.

La direction est la même depuis quelques années sur la majeure partie des voitures de General Motors. Même si elle n'a pas le supposé raffinement d'une direction à pignon et crémaillère, elle s'avère à la fois légère et précise, offrant aussi une sensation de contact raisonnable.

Aménagement

Avant d'examiner l'aménagement intérieur de cette nouvelle Grand Prix, soulignons que ce modèle est disponible en trois versions : standard, il et SJ. Les trois versions ne se distinguent que par des équipements différents, la LJ étant la plus luxueuse.

Pour ce qui est de la carrosserie, on note dans toutes les versions une visibilité médiocre sur les côtés à l'arrière. Notons aussi que l'espace pour la tête et les jambes est meilleur que l'an dernier aussi bien à l'avant qu'à l'arrière et que, malgré des dimensions réduites, la voiture offre aussi plus d'espace pour les bagages.

Les portes très grandes facilitent l'accès à la voiture et on note au passage que l'appuie-bras aminci reçoit les commandes pour les glaces électriques, le rétroviseur extérieur et le verrouillage des portes.

Le tableau de bord propose une belle instrumentation avec des cadrans très lisibles sur fond gris aluminium. Comme nous l'écrivions au début, l'intérieur n'a plus cette ambiance feutrée et luxueuse des modèles précédents bien que la finition soit très soignée.

Conclusion

Au risque de nous répéter, il faut conclure que les nouvelles Chevrolet Monte Carlo et Pontiac Grand Prix risquent de décevoir la clientèle habituelle de ces. modèles. Les voitures n'ont plus le même cachet et même si, logiquement, elles offrent davantage du côté des performances et de l'habitabilité, nous croyons qu'elles sont peut-être trop discrètes. À notre avis, un coupé deux-portes Malibu bien équipé offrira à meilleur compte tout autant qu'une Monte Carlo tandis qu'une Grand Le Mans aura les mêmes avantages par rapport à une Grand Prix.

Fiche technique

Marque: Chevrolet

Modèle: Monte Carlo

Année: 1978

Carrosserie

Style: coupé 2 portes, 5 places 

Empattement: 274.5 cm (108.1 po) 

Longueur: 509 cm (200.4 po) Largeur: 177 cm (69.7 po) 

Hauteur: 137 cm (53.9 po)

Poids: 1419 kg (3129 lb)

Moteur

Type: V8

Cylindrée: 5000 cc (305 po3)

Puissance: 145 ch à 3800 tr/mn 

Alimentation: un carburateur double-corps 

Carburant: essence sans plomb

Transmission

Type: automatique, roues arrière motrices 

Nombre de rapports: 3

Rapport du pont: 2.29

Suspension 

Avant: ressorts hélicoïdaux

Arrière: ressorts hélicoïdaux, essieu rigide

Freins

Avant: disque 

Arrière: tambours

Direction

Type: à billes

Diamètre de braquage: 11.3 mètres (37.1 pi)

Divers

Pneus: 205-70R14

Capacité de carburant: 62 litres (14 gal) 

Garantie: 12 mois, 12 000 milles 

Performances

Accélérations:
0-50 km/h: 5.3 sec. 

0-70 km/h: 7.6 sec. 

0-80 km/h: 10.8 sec. 

0-100 km/h: 13.4 sec. 

0-120 km/h: nd

400 mètres: nd

Reprises:

50-100 km/h: 11.5 sec.

80-120 km/h: 9.3 sec.

Vitesse maximale: 160 km/h (100 mph)

Consommation moyenne: 13.8 litres/100 km (20.6 mpg)

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