Dodge Royal Monaco Brougham 1976 : Modèle standard pour le standing
Cet essai routier a été publié dans le Guide de l'auto 1976.
Les vieilles institutions sont en péril...
Face à l'inflation et à des habitudes de vie, dictées davantage par la logique que le désir d'impressionner, les traditions s'effondrent comme de vieux édifices sous le pic des démolisseurs. Considérée naguère comme la parfaite expression du statut social, la grosse voiture américaine classique n'est plus qu'un vulgaire outil de travail pour la majorité des automobilistes depuis quelques années. À part les chauffeurs de taxi, les corps policiers et les représentants de commerce, les adeptes de la voiture standard sont de moins en moins nombreux. On achète ces voitures beaucoup plus par nécessité que par goût car elles n'ont vraiment rien pour inspirer l'amour comme dirait le poète Charles Aznavour.
American Motors a d'ailleurs compris que la grosse voiture n'était plus l'objet de rêve des automobilistes nord-américains et s'est discrètement retiré du marché en abandonnant l'an dernier la production de l'Ambassador.
Pour ceux qui ont encore besoin d'un véhicule de ce genre, les trois grands de l'industrie américaine continuent à en construire, bien que les cadences de production aient considérablement diminué. General Motors propose encore ses grandes Chevrolet et Pontiac, Ford nous offre ses Galaxie, LTD et Météor tandis que Chrysler conserve ses Gran Fury et Dodge Monaco.
Ce guide étant destiné à aider le plus grand nombre d'automobilistes à sélectionner la voiture la plus appropriée à leurs besoins, nous avons voulu y inclure, encore cette année, des essais de modèles de chacun des manufacturiers dans les diverses catégorie. Il serait toutefois fastidieux et inutile d'analyser toutes les voitures américaines de format standard puisque celles-ci sont commercialisées sous différentes marques sans être vraiment distinctes au point de vue technique.
Ainsi, on peut dire qu'il n'existe, à la base, que trois voitures américaines de cette catégorie. Ce sont la Chevrolet, la Ford et la Plymouth qui, selon leur présentation, prennent des noms différents (Impala, Caprice, Custom, LTD, Gran Fury, Brougham, etc.) et qu'on retrouve sous l'emblème de Pontiac, Meteor ou Dodge.
Pour notre essai de la représentante de Chrysler dans ce groupe, nous avons choisi l'imposante Dodge Royal Monaco Brougham, le modèle de haut de gamme s'adressant à une clientèle en quête de standing dans une voiture pourtant standard.
L'appellation Brougham est synonyme de grand luxe dans l'industrie américaine et notre Royal Monaco justifiait ce « suffixe » par une finition cossue et un équipement très complet.
Il s'agissait, précisons-le, d'un coupé deux portes avec des glaces de custode « opéra », un toit recouvert de vinyle, de la moquette « mur à mur » et des accessoires comme un climatiseur quatre-saisons à contrôle thermostatique, des glaces à commandes électrique, un appareil de radio stéréophonique, etc. Côté mécanique, fil voiture était dotée d'un moteur V-6 de 400 po3 à carburateur double-corps, d'une direction assistée, d'une boite de vitesses automatique et de servofreins avec des disques à l'avant et des tambours à l'arrière.
À moins de s'extasier devant la nouvelle forme du volant, la Dodge Monaco 1976 est absolument identique au modèle de l'an dernier avec, comme trait d'originalité, des phares escamotables.
Aménagement
L'aménagement intérieur justifie, jusqu'à un certain point, le montant de l'addition. L'habitacle est d'une ambiance agréable avec une banquette avant généreusement rembourrée et recouverte d'un tissu en velours confortable.
Cette banquette est en deux sections, ce qui permet au conducteur de choisir une position de conduite qui ne gêne pas les passagers avant. Même si cette banquette n'a pas le galbe d'un bon siège baquet, le tissu vous maintient bien en place dans les virages. On est également assis assez haut et la visibilité vers l'avant est excellente. On ne peut malheureusement en dire autant quand vient le moment de faire marche arrière ou d'effectuer certaines manœuvres en diagonale. La vue se trouve alors voilée par les épais montants de carrosserie entre la lunette arrière et les glaces de custode.
La Dodge Royal Monaco que nous avons eu en notre possession affichait une très belle finition et l'absence de tout bruit sur mauvaise route signifiait que l'assemblage avait fait l'objet d'une certaine attention. Le tableau de bord décoré de simili-bois est élégant et l'appareil de radio et le système de climatisation s'y intègrent parfaitement. Les commandes sont, pour la plupart, d'accès facile et les rares instruments bien lisibles. Par contre, la montre sur la gauche est masquée partiellement par le volant tandis que le briquet derrière le levier de vitesses n'est pas très commode à utiliser. Dans une aussi grande voiture, on aurait pu également trouver un peu de place pour des espaces de rangement. Même le coffre à gants au centre du tableau de bord n'est pas très grand, bien que l'on apprécie de ne pas avoir à se pencher vers la droite pour pouvoir l’utiliser.
En ce qui a trait aux places arrière, l'espace disponible y est très convenable mais leur accès est tout un exercice. La base du siège avant et les ceintures de sécurité constituent une sérieuse obstruction très vaste mais Il ne fait aucun doute que le coffre à bagages son volume de rangement est fortement amputé par la roue de secours.
Sur la route Les voitures de Chrysler, qu'importe le modèle, ont toujours été passablement bruyantes comparativement aux créations de Ford ou GM. Sous ce rapport, la conduite de la Dodge Royal Monaco 1976 s’avère une agréable surprise. L'insonorisation est nettement meilleure que dans le passé et point n'est besoin d'avoir recours à un sonomètre pour s’en rendre compte. En plus d'un roulement silencieux, la suspension, malgré ses ressorts à lames et son essieu rigide à l'arrière, contribue également au confort de la voiture. Ni trop douce, ni trop terme, elle absorbe assez bien les imperfections du revêtement sans pour autant compromettre la tenue de route. Naturellement, cette immense Dodge n'est pas un modèle de maniabilité mais elle tire tout de même son épingle du Jeu en virage.
Ici, nous rappellerons simplement à nos lecteurs que nous évaluons la tenue de route d'une voiture en tenant compte En d'autres de ses dimensions termes, la et surtout de l'usage pour lequel elle a été prévue. Royal Monaco n'a pas l'agilité d'une compacte et son environnement préféré est celui des autoroutes. Par contre, elle fait belle figure au sein de sa catégorie et c'est ce qui importe, croyons-nous, pour ceux qui envisagent l'achat d'un tel véhicule. À propos d'autoroutes, il convient de souligner que la stabilité en ligne droite était sans reproche, un contraste marqué avec certaines voitures Chrysler que nous avions eu l’occasion d’essayer l'an dernier. Même un vent latéral très violent n'a pas eu tellement d'effet sur la tenue de cap de la voiture. Dans les virages serrés, il convient tout juste de se méfier du caractère fortement sous-vireur de ce modèle.
Les autres aspects moins réjouissants de son comportement sont une perte d'adhérence des roues motrices sur routes dégradées, une direction beaucoup trop légère ne donnant aucune sensation de et un freinage un peu désordonné. Nous avons de bonnes raisons de croire cependant que les réactions au freinage étaient attribuables à un réglage incorrect propre à notre voiture d'essai. Même lors d'un freinage en roue libre, la voiture se déportait constamment vers la droite alors qu'elle demeurait sur sa trajectoire lors d'un arrêt d'urgence effectué en bloquant les roues. À part ce défaut qui peut certainement être éliminé, les freins ont manifesté une bonne résistance à l'échauffement après cinq arrêts successifs à partir de 60 m/h. En conduite normale, la dose d'assistance est aussi juste à point.
Performances
À part un petit problème de postcombustion et une alimentation défaillante à froid, le moteur de notre Dodge Royal Monaco Brougham s'est montré à la hauteur de sa tâche. Malgré des rapports de boite très longs (45 m/h en ire et 85 m/h en seconde), les accélérations sont franches et la puissance disponible ne fait certes pas défaut. On arrive à 60 m/h en 11.4 sec. et ce V-8 de 400 po3 est bien dominé. Sauf en pleine accélération, il est silencieux et son rendement ne peut être critiqué. On peut toutefois lui reprocher un appétit assez vorace en carburant, la consommation moyenne dans des conditions idéales étant de 14 milles au gallon.
Conclusion
En fin de carrière ou presque, comme toutes les autres voitures de sa catégorie, la Dodge Monaco joue évidemment un rôle ingrat dans la production automobile.
Elle s'en acquitte toutefois honorablement même si elle doit surmonter de nombreux obstacles en cours de route.
FICHE TECHNIQUE
Voiture: Dodge Royal Monaco Brougham
Type de véhicule: sedan 2 portes, 6 places, moteur avant, roues motrices arrière Moteur: V-8
Cylindrée: 400 po3
Rapport volumétrique: 8.2 à 1
Puissance nette, ch. à tr/mn: 205 à 4000 Couple net, pi/lb à tr/mn: 305 à 3200
Alimentation: un carburateur double corps
Essence recommandée: sans plomb ou ordinaire
Boite de vitesses: automatique à 3 rapports Rapport du pont arrière: 2.71 à 1
Freins: disques à l'avant, tambours à l'arrière
Pneus: HR78-15
Direction: à billes
Diamètre de braquage: 43.9 pi (13.3 m)
Suspension avant: barres de torsion
Suspension arrière: ressort longitudinaux à lames, essieu rigide
Empattement: 121.5 po (308.6 cm) Longueur: 225.7 po (573.2 cm)
Largeur: 79.8 po (102.6 cm)
Hauteur: 54.1 po (137.4 cm)
Poids: 4420 lb (2004.9 kg)
Contenance du réservoir d'essence: 21.2 gallons (95.31)
Hauteur siège-plafond, avant: 38 po (96,5 cm)
Hauteur siège-plafond, arrière: 37.7 po (95.7 cm)
Espace jambes, avant: 42.1 po (106.9 cm)
Espace jambes, arrière: 34.2 po (86.8 cm)
Volume du coffre: 20.4 pi3
Garantie: 12 mois, millage illimité
Prix de base: $5019
PERFORMANCES
Accelerations:
0-30 m/h: 4.2 sec.
0-40 m/h: 5.9 sec.
0-50 m/h: 8 sec.
0-60 m/h: 11.4 sec.
0-70 m/h: 14 sec.
0-80 m/h: 17.8 sec.
0-100 km/h: 12.3 sec.
Quart de mille: 18.2 sec. à 81 m/h
Reprises: 40 à 601n/h: 6.4 sec.
50 à 70 mi/h: 6,7 sec.
Vitesse maximale: 107 mi/h (171.2 km/h)
Précision de l'indicateur de vitesse:
vitesse lue: 60 mi/h
vitesse réelle: 60 mi/h
Pourcentage d'erreur: 0%
Consommation moyenne ville et route: 14 milles au gallon