Essai de la Volvo 144 S 1971

Cet essai routier a été publié dans le Guide de l'auto 1971.

Avant de passer à une analyse détaillée de la Volvo 144 S dans -A toilette 1971, je crois qu'il est nécessaire d'apporter une mise au point (lui nous aidera â mieux vous présenter cette voiture sous on vrai jour. Pour bien rendre justice aux récentes créations de Le constructeur suédois, il faut les examiner dans une optique entièrement différente de celle que l'on pouvait avoir autrefois vis-à-vis des premiers modèles de cette marque. On risque autrement d'en arriver à un bilan assez décevant La Volvo s'est d'abord lait connaître au Canada dans les milieux sportifs, où elle s'est rapidement acquise une réputation de robustesse, d'endurance, de sécurité et de performances au-dessus de la moyenne.

C'était l'époque des séries 544 et 123 GT. Les divers modèles c'est que la Volvo d'aujourd'hui est un sedan sportif. En prenant le volant d'une 144 par exemple, on doit complètement effacer cette idée de son esprit si l'on veut en arriver à des conclusions positives.

Chez Volvo, on se préoccupe toujours de construire des voitures d'une qualité soignée, mais, désormais, on attache beaucoup plus d'importance au confort qu'aux victoires en rallye. Cette attitude ne serait pas à déplorer si ig performances étaient demeurées ce qu'elles étaient, mais elles ont curieusement tendance à se détériorer d'année en année. C'est ainsi que pour pallier cette lacune, on a introduit en 1971 une 142 E bénéficiant d'un moteur à injection électronique de 130 c.v. Malheureusement, il faudra débourser environ $600 de plus pour ce modèle, un sérieux handicap à sa diffusion.

Pour 1971, les diverses versions de la gamme 140 reçoivent quelques légères améliorations. Côté visuel, on remarquera le nouveau dessin de la calandre ainsi que des roues plus larges et mieux ventilées. Sous le capot, le moteur s'enrichit d'un système de refroidissement amélioré avec radiateur à circulation latérale et ventilateur thermostatique à six pales. La fiche technique demeure la même: moteur 4 cyl. de 121 po. eu. (1.983 cm. eu.) avec un taux de compression de 9.3 à 1 pour une puissance de 118 c.v. à 5,800 tours-minute, boite de vitesses manuelle à quatre rapports synchronisés, freins à disque aux quatre roues et pont arrière rigide à barres de torsion.

AMÉNAGEMENT

Dès le premier coup d'œil, avec sa carrosserie massive en acier, et ses solides pare-chocs à bande caoutchoutée protectrice, la Volvo 144 donne confiance. En l'examinant, on ressent une impression de robustesse et de sécurité. Celle-ci se confirme dès qu'on ferme les portières et qu'on découvre la finition intérieure.

Le volant est d'un diamètre important et complique un peu l'accès au poste de pilotage Les sièges ion devrait dire les fauteuils), sont d'un confort exceptionnel et leur dessin assure un très avoir un siège un peu plus mou ou un peu plus dur, selon son désir. Avec ses six glaces latérales, la Volvo vous offre une vue splendide du panorama et de ce qui se passe autour de vous.

L'équipement du tableau de bord rectangulaire est soigné, mais il y manque une montre et un compte-tours, 11 comprend de gauche à droite: la commande d'essuie-glace combinée à celle du lave-glace, le volet de départ manuel, la commande du dégivrage électrique de la lunette arrière, la commande d'éclairage, l'indicateur de vitesse (un index mobile permet de repérer rapidement la vitesse limite qu'on veut observer) et, au-dessous, le thermomètre, la jauge d'essence, l'odomètre, le totalisateur journalier (à bouton poussoir) et une série de témoins lumineux. On trouve ensuite l'allume-cigarettes, la commande du chauffage et les clignotants d'urgence. Au centre, trois disques verticaux servent à régler le chauffage et la climatisation; leur manœuvre est facile et pratique. Le cendrier termine les divers agencements, mais se trouve trop loin du conducteur, 11 en est de même de la radio, qui est beaucoup trop à droite pour que son utilisation soit facile.

Au centre du tableau de bord, une petite plaque amovible donne accès aux fusibles tandis que la boite à gants, de grande dimension, est à droite. Mentionnons aussi l'aspect pratique des ceintures de sécurité à trois points de fixation. Comme toujours chez Volvo, elles sont faciles à utiliser et on appréciera le nouveau système rétractable.

Grâce à ses quatre portières, la Volvo 144 possède des places arrière faciles d'accès. La banquette offre un espace surprenant et trois passagers y seront parfaitement à l'aise. Le coffre est aussi d'une grandeur appréciable et la roue de secours accapare un minimum d'espace de série de garde-boue placés derrière chacune des quatre roues de la voiture. C'est là un accessoire de courtoisie à l'endroit des autres usagers de la route qui ne manqueront pas de déplorer, en suivant une Volvo, que cette mode ait été abandonnée sur nos voitures modernes.

SUR LA ROUTE

Par temps froid, le moteur de la Volvo démarre sans se faire prier si l'on a soin d'utiliser le volet de départ. En enfonçant la pédale d'embrayage, on se rend compte que celle-ci est d'une grande fermeté. L'accélérateur n'est pas tendre non plus et on devine tout de suite que l'on a affaire à une voiture exigeant un certain effort physique. Par contre, la longue tige du levier de vitesses est facile à déplacer et les rapports s'enclenchent parfaitement.

À l'accélération, le moteur est hésitant et arrache péniblement les 2,695 livres (1.222 kg) de cette voiture. Une montée en régime nous permet de constater que ce 4 cyl. de 2,000 cm. cu. (122 po. eu.) est moins bruyant que par le passé mais que ses reprises à basse vitesse ne sont pas tellement brillantes. Il faut jouer avec le levier de vitesses pour compenser ce manque de souplesse Sur notre voiture d'essai, le moteur avait tendance à caler à la suite d'une décélération rapide. Nous ne serions pas surpris que le système d'épuration des gaz rendu obligatoire par les normes antipollution soit à l'origine de cette défaillance. De toute manière, les performances en souffrent considérablement; comme en témoignent les chiffres que nous avons recueillis.

La Volvo 144 S 1971 atteint 60 m/h (96,5 km/h) en 13 secondes, alors qu'un modèle 1967, avec 3 c.v. de moins, ne mettait que 12 secondes pour le même test. Il en va ainsi de la vitesse de pointe, qui est tombée de 105 m/h (168,9 km/h) à 98 m (157,7 km/h) et encore là, il faudra dénicher une longue ligne droite sans encombrement pour que la Volvo vous dévoile ses vraies possibilités. Par ailleurs, la consommation est à la hausse et nous n’avons pu faire mieux que 19,8 milles au gallon (13,9 1 aux 100 km) avec notre 144 S. Quand on pense nue ces anciennes 544 arrivaient à atteindre 108 m/h (173,8 km/h) tout en faisant plus de 25 milles au gallon (11,1 1 aux 100 km), on ne peut s'empêcher d'affirmer que la Volvo n'a plus rien d'un sedan sportif.

Sous d'autres aspects, le moteur de cette voiture nous apparaît d'une extraordinaire robustesse. Il ne semble jamais soumis à de grands efforts et tourne rondement.

A 60 m/h (96,5 km/h), l'indicateur de vitesse est d'une grande exactitude et, contrairement aux autres instruments du genre, donne une lecture au-dessous de la réalité au-delà de 90 m/h (144 km /h), Ainsi, à une vitesse indiquée de 95 m /h (152,9 km/h), on roule effectivement à 98 m/h (157,7 km /h). De cette façon, votre garantie dure un peu plus longtemps et vous visitez moins souvent votre concessionnaire pour l'entretien périodique. C'est une économie minime mais tout de même appréciable quand on sait que c'est plus souvent le contraire qui se produit.

La boîte de vitesses de la Volvo est toujours un plaisir à utiliser et même la marche arrière passe sans histoire. L’automatique est disponible en supplément mais est-il besoin d'ajouter qu'elle constitue un sérieux handicap pour les performances du moteur?

La direction est cependant moins agréable. Même à haute vitesse, elle conserve cette même lourdeur qu'elle accuse dans les manœuvres de stationnement. De plus, elle ne permet pas de conduire avec la précision qu'on souhaiterait. Son jeu est excessif et le braquage complet exige quatre tours de volant.

La suspension a des réactions un peu sèches sur mauvaises routes et il est certain que des pneus à carcasse radiale pourraient assouplir les choses. Les Goodyear Polyglass montés sur des roues 15 x 5 ne sont pas mauvais mais le radial serait certainement un avantage sur la Volvo. La tenue de route n'a rien de sportive, quoiqu'elle ait le mérite d'être très sûre. La 144 a une attitude sous-vireuse en virage car les roues avant perdent leur adhérence mais si l'on ne cherche pas à atteindre ses limites, elle est plutôt neutre.

Le meilleur point de la Volvo est incontestablement le système de freinage. Des freins à disque aux quatre roues permettent d'arrêter la voiture en ligne droite et cela rapidement et sans effort. Parmi les nombreux dispositifs de sécurité dont est dotée cette voiture, mentionnons l'aspect unique de son double circuit de freinage. En cas de panne, un système spécial obéit sur deux roues avant et une roue arrière. De cette façon, même si un circuit fait défaut, vous pouvez toujours compter sur 80% de la force de freinage. 

Comme nous l’avons vu, notre mise en garde du début était nécessaire. La Volvo 144 1971 n’a plus rien d’un sedan sportif et les chiffres sont là pour prouver également qu'elle ne peut plus prétendre être au sommet de sa catégorie au chapitre des performances. A titre de comparaison, il suffit de relever les temps obtenus au circuit Mont-Tremblant avec des voitures de cylindrée à peu près équivalente ou même inférieure. Alors que la Volvo 144 S tournait en 2.33'8, la BMW 2002 était chronométrée en 2.21, la Renault 16 TS en 2.29'8, l'Alfa-Romeo 1750 en 2.22 et la Vega 2300 en 2.29'7. La Peugeot 504 a tourné en 2.33 avec son moteur de l'an dernier (1,800 cm. cu.) alors que la VW 411 a obtenu un temps de 2.34.

Malgré tout, la Volvo, qui est d'ailleurs assemblée à Halifax, continuera à recruter de nombreux adeptes au Canada chez ceux qui recherchent d'abord une voiture classique pouvant être malmenée sur toutes les routes tout en demeurant quasi increvable.

FICHE TECHNIQUE

Constructeur: Aktlebolaget Volvo, Gothenburg, Suède.

Modèle essayé: 144 S.

Type de véhicule: Sedan 4 portes — 5 places, moteur avant — traction arrière,

Prix de base suggéré: $3,795 sans option. Moteur: 4 cyl. en ligne, 2 carburateurs. Cylindrée: 1,985 cm. cu. (121 po, eu.).

Rapport de compression: 9,3 à 1.

Puissance: 118 c.v, à 5,800 tours-minute.

Boite de vitesses: Manuelle à 4 vitesses synchro¬nisées. Levier au plancher (automatique en op¬tion).

Rapport du pont arrière: 4.1.

Freins: Disques avant et arrière.

Suspension avant et arrière: Ressorts hélicoï¬daux, essieu rigide.

Direction: A vis et galet.

Empattement: 103.1 po. [262 cm]. Longueur: 182.7 po. [484 cm]. Largeur: 88.3 po. [173 cm].

Hauteur: 57.6 po. [146 cm].

Poids: 2,695 livres [1.223 kg].

TABLEAU DES PERFORMANCES

Accélération 0.60 m/h [0 à 96,5 km/h]: 13 secondes.

Vitesse maximale: 98 m/h [157,7 km/h]. Consommation moyenne: 19.8 milles au gallon [14 1 aux 100 km].

Distance d'arrêt à 60 m/h (96,5 km/b1 (roues bloquées): 135 pi. [41,1 m].

Meilleur tour au circuit Mont-Tremblant: 2 min. 33'8 sec.

Voiture d'essai: Courtoisie de Volvo Canada.

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