Décarie Motors... ou la grande famille anglaise
Le boulevard Décarie, séparé par l’autoroute du même nom, est devenu depuis déjà quelques années, un lieu béni pour les amateurs de voitures. Les mercredis soirs d’été, le stationnement de l’immense boule d’Orange Julep se remplit de voitures anciennes, modifiées ou originales. Ce que plusieurs personnes ne savent pas, c’est que tout près il y a aussi un autre lieu béni.
En effet, au coin du boulevard Décarie Nord et De la Savane, ceux qui apprécient les œuvres d’art sur roues se rincent l’œil et aiguisent leurs rêves devant la concession Jaguar / Land Rover / Aston Martin / Bentley de Décarie Motors.
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La concession Les Moteurs Décarie, mieux connue sous son nom anglais Decarie Motors, a d’abord eu pignon sur rue sur… Décarie évidemment! En 1946, Moe Segal et son père Max ouvrent un commerce de voitures d’occasion dans un petit garage au coin d’Isabella. Puis, au milieu des années 60, l’espace faisant défaut, Moe et Max se résignent à quitter le boulevard Décarie pour se retrouver près du rond-point l’Acadie. Amants des voitures anglaises, les Segal commencent à vendre des Land Rover en 1966 et des Jaguar l’année suivante. En 1987, s’ajoutent les Aston Martin et Bentley. L’entreprise a un temps vendu des Alfa Romeo et des Saab avant la reprise de cette marque par General Motors. En 2002, Les Moteurs Décarie retourne là où son nom l’appelle, sur Décarie, au coin de De la Savane. Aujourd’hui, la prestigieuse concession est gérée par Joel Segal, le fils de Moe.
Le Guide de l’auto a récemment eu le privilège de jaser avec la sympathique Cheryl Blas, directrice générale de l’entreprise depuis 2000. Nous avons parlé de l’histoire de la concession mais aussi du marché de la voiture de prestige.
Spécialisation et fidélité
Tout d’abord, Les Moteurs Décarie vend environ 600 voitures (neuves et d’occasion) par année, ce qui est énorme quand on considère que le véhicule neuf le moins dispendieux coute tout de même plus de 40 000 $! Les produits Land Rover / Range Rover sont les plus populaires, ravissant à peu près 50 % de toutes les ventes. Jaguar représente 25 % des ventes annuelles tandis que Aston Martin et Bentley se partagent le reste. Chaque représentant aux ventes est spécialisé dans une marque, mais tous en connaissent suffisamment sur les autres marques pour aider un client!
C’est surtout au niveau du service que la spécialisation est plus marquée. Nous avons eu la chance de nous entretenir avec Omar Libbos, maitre technicien Bentley et Michael Scriven, maitre technicien Land Rover et Range Rover. Ces gars-là sont chez Les Moteurs Décarie depuis 18 et 21 ans respectivement et connaissent leur produit sur le bout des doigts. Et surtout, ils aiment leur produit.
D’ailleurs, il est surprenant de constater la longévité des employés chez Les Moteurs Décarie. George Niphakis, directeur du service pour Aston Martin / Bentley est là depuis… 1972. D’autres employés, qui ont pris leur retraite récemment, avaient entre 34 et 39 ans de service! Dans le contexte actuel, conserver ses employés aussi longtemps est tout un exploit et l’entreprise peut compter sur une extraordinaire masse d’expérience. Et ça, ça ne s’achète pas. Même les clients font partie de la famille Segal. Cheryl nous confiait que certains ne recherchaient pas nécessairement une voiture anglaise mais qu’ils voulaient simplement acheter chez Les Moteurs Décarie. Une belle preuve de fidélité!
Des défis différents
On imagine bien qu’être un concessionnaire Aston Martin et Bentley (laissons un peu de côté les « ordinaires » Jaguar et Land Rover), ce n’est pas comme être un concessionnaire Mitsubishi! Comme tous les concessionnaires, Les Moteurs Décarie doit respecter une certaine image de marque. Sauf qu’ici, les standards sont plus élevés.
De même, les défis de la vente au détail sont aussi importants que pour n’importe quel concessionnaire... mais ils sont différents. Un client qui veut acheter une Bentley ne lésinera pas pour 50 ou 100 $ supplémentaires par mois alors que 5 $ peuvent faire toute une différence ailleurs. Cheryl Blas est bien placée pour le savoir, elle a amorcé sa carrière chez Nissan! Les clients recherchent plutôt un véhicule de qualité exceptionnelle et un service incomparable. C’est là que l’expérience des employés entre en ligne de compte. Au fil des années, Les Moteurs Décarie est même devenu un exemple pour les autres concessionnaires Jaguar / Land Rover / Aston Martin /Bentley au Canada.
Environ la moitié des clients choisissent leur voiture neuve directement du concessionnaire. L’autre moitié veut quelque chose de plus personnalisé. Ça coute plus cher et il faut attendre (au moins six mois chez Bentley, cinq chez Aston Martin, trois chez Jaguar / Land Rover), mais quand on a les moyens de ses rêves, pourquoi pas? De toute façon, cette future voiture peut bien se faire attendre un peu. Souvent, il y a déjà un Land Rover ou un Range Rover dans l’entrée du client. Sinon, madame peut bien prêter sa Jaguar à monsieur, le temps que l’Aston Martin arrive d’Angleterre.
Le presque commun des mortels peut se rabattre sur un modèle usagé. Sauf que les prix demeurent quand même très élevés puisque le nombre d’exemplaires sur le marché est très faible, surtout pour les produits Aston Martin et Bentley. Vous voulez une Continental GT noire avec intérieur rouge? À moins que vous ayez une dizaine d’années devant vous, aussi bien prendre celle qui se présente aujourd’hui sur le marché de l’occasion, peu importe son prix!
Le futur va bien
Les affaires vont plutôt bien pour les marques anglaises. Les modèles se multiplient pour rejoindre une plus grande clientèle et les chiffres de vente ne cessent d’augmenter. Les Moteurs Décarie est « victime » de la situation et se retrouve un peu coincé dans ses locaux actuels. L’an prochain, une nouvelle bâtisse sera construite, question d’ajouter de nombreux pieds carrés aux installations actuelles.
Pour les amateurs de belles mécaniques qui s’extasient en passant au coin de Décarie Nord et De la Savanne, il est difficile de s’imaginer que les voitures, aussi prestigieuses soient-elles, ne sont finalement qu’une partie de cette entreprise montréalaise. Le reste, ce sont les humains… qu’on ne voit pas tellement les voitures attirent le regard. C’est sans doute là la clé de la réussite.