Honda Accord V6 Coupé: Fière représentante d'une espèce disparue
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On voit énormément de berlines Accord sur nos routes, mais leur version coupé est plus rare. Pourtant, à une époque, cette catégorie de voiture était populaire, et presque tous les manufacturiers avaient une version à 2 portières de leur berline intermédiaire la plus vendue. Malheureusement, certaines n'ont pas réussi à charmer la clientèle (la Toyota Camry coupé nous revient en mémoire. Encore plus obscure que la Solara!) tandis que d'autres ont lentement périclité. Par exemple, la dernière concurrente directe de l’Accord Coupé, la Nissan Altima à 2 portières, s'est éteinte en 2013. Malgré tout, la Honda continue sur sa lancée, et elle ne donne pas l'impression de s'essouffler. Mais qu’est-ce qui fait qu'elle perdure, maintenant relativement seule dans son segment?
La gueule de l’emploi
En approchant de la Honda Accord Coupé pour la première fois, on ne peut s'empêcher d'apprécier son allure : si la berline n'attire pas vraiment de commentaires, le coupé est bien proportionné, ses lignes sont agréables à l'œil et dissimulent bien la taille du véhicule (le coupé mesure 4 805 mm, soit 60 de moins que la berline). En ouvrant la portière, qui est d'ailleurs très longue, on voit immédiatement que Honda n’a pas voulu dépayser ses fidèles clients : la planche de bord, le volant et le système d’infodivertissement proviennent directement de la version berline. Par contre, une surprise m’attendait entre les sièges : contrairement à la majorité des Accord sur la route, celle-ci venait avec une boite manuelle à six rapports plutôt qu’une automatique (mais nous y reviendrons plus tard). Les baquets avant sont très confortables, spécialement pendant de longs trajets; quant aux places arrière, elles peuvent asseoir deux adultes sans problème. Une fois installé, on remarque que la visibilité avant et latérale est bonne, mais que celle à l’arrière est compromise par la forme du toit. Pour pallier ce problème, mon modèle d’essai était équipé du système LaneWatch, qui consiste en une petite caméra montée dans le miroir côté passager : dès qu’on actionne le clignotant dans cette direction, l’écran central nous montre ce qui se trouve dans notre angle mort. Ingénieux! Une mention négative pour le système d’infodivertissement, cependant : si le grand écran supérieur est bien proportionné et que la molette de commande centrale devient intuitive après quelques jours d’adaptation, l’écran tactile est moins commode à utiliser : son maniement demandait souvent beaucoup plus d’attention que je ne pouvais lui en consacrer en conduisant. De plus, il est un mal nécessaire : toutes les versions de l’Accord Coupé en sont équipées.
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Main de fer et gant de velours
Quand on pense « performance » et « Honda actuellement en production », la première bagnole qui nous vient en tête est la Civic Si. Avec ses 205 chevaux et son 0-100 effectué en 6,3 secondes, elle représente l’une des voitures sport les mieux connues de la marque. Pourtant, elle fait pâle figure à côté de l’Accord V6 coupé à boite manuelle : forte de ses 278 chevaux et 252 livres-pied de couple, l’intermédiaire met près d’une seconde de moins pour atteindre 100 km/h (5,5 secondes) et peut abattre un quart de mile en 13,8 secondes. Amplement de quoi embarrasser le « jeune à palette » qui pense pouvoir distancer cette grosse bagnole! Par contre, l’Accord Coupé n’est pas conçue pour la conduite sportive sur circuit : son embrayage est progressif, ses suspensions sont molles et confortables (plus dures que la berline, cependant) et son volant n’est pas très communicatif sur ce qui se passe sous le train avant. C’est tant mieux, car la plupart des acheteurs n’apprécieraient pas que la voiture soit trop nerveuse et ferme. Ils aimeront davantage le confort, le silence de roulement, le léger flou du volant, les suspensions capables d’absorber les nids-de-poule montréalais, les accélérations franches, le couple du moteur et le levier de vitesses facile à utiliser de la voiture. L’Accord Coupé est une routière hors pair, capable d’avaler les kilomètres sans broncher. Côté consommation d’essence, Honda mentionne que la version à boite manuelle est moins économique : 11,5 litres/100 km en ville et 7,1 sur route (10,6 en ville et 6,1 sur route pour l’automatique). La cause? Pour une raison inconnue, le système de désactivation des cylindres (qui coupe l’alimentation en carburant à 3 des 6 cylindres quand le besoin de puissance est moindre) n’est pas disponible pour ceux qui préfèrent passer eux-mêmes leurs rapports…
La voiture débute à 28 400 $, et mon modèle d’essai avait le plus haut échelon d’équipements à 37 500 $. À ce prix, l’Accord Coupé est dans une zone grise : elle est plus dispendieuse que la Mustang V6, mais moins que l’Infiniti G37 pardon Q60. Elle représente d’ailleurs un beau compromis entre ces deux modèles : plus confortable que la première, elle est quand même capable de tenir tête à la seconde en termes de tenue de route.
Comme les oiseaux
On nous dit que les oiseaux sont les plus proches parents des dinosaures, et qu’ils ont dû s’adapter pour survivre aux affres du temps. C’est un peu la même chose avec la Honda Accord Coupé. Dans les années 60, les grosses voitures à deux portières étaient légion : de la Chevrolet Impala à la Buick Skylark en passant par la Chrysler New Yorker, ceux qui voulaient l’opulence d’une berline et le style d’un coupé avaient l’embarras du choix. Au fil des ans, la crise pétrolière ainsi qu’un changement de mentalité ont presque terrassé ce style de voitures. C’est maintenant Honda qui porte seul ce flambeau , et la conduite de l’Accord deux portes m’a rappelé que « coupé » et « conduite sportive » n’allaient pas nécessairement de pair, ce qui est une très bonne chose.