Nissan Micra 2015: Petite voiture à petit prix?
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Le Québec, société distincte à plus d’un niveau, a toujours été friand de petites voitures. Revenu moyen moins élevé que celui du reste du Canada, racines européennes, pragmatisme? Un peu tout ça, sans doute. C’est pourquoi l’arrivée sur le marché québécois d’une nouvelle petite voiture fait jaser à tous coups.
La plus récente nouveauté dans le domaine est la Nissan Micra, considérée par son constructeur comme une sous-compacte et par l’auteur de ces lignes comme une citadine. Ses dimensions la placent entre une Chevrolet Spark et une Honda Fit, tandis que son moteur est plus puissant que la première et moins que la seconde. Pour vous situer, la Versa Note, qui partage sa plateforme avec la Micra, est un peu plus longue qu’une Fit.
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L’attrait d’un bas prix
« Une marque doit chercher à s’approprier un mot dans l’esprit des consommateurs », ont déjà dit Al et Laura Ries, célèbres consultants en marketing. Dans le cas de la Micra, c’est plutôt un chiffre : 9 998. Neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit dollars. Si j’étais sociologue, je pourrais sans doute expliquer l’engouement du public pour ce prix sous les 10 000 $. Évidemment, personne n’est reparti d’un concessionnaire Nissan avec une Micra à 9 998 $. J’ai eu l’occasion de conduire deux Micra durant deux semaines. La première était une SR automatique à 18 283 $, la seconde une SV manuelle à 15 698 $ (dans les deux cas, le prix inclut le transport et la préparation). On est donc très loin de 9 998 $ — ça peut même aller jusqu’au double, ce qui est carrément trop cher —, mais Nissan a réussi son pari, celui de faire parler de sa Micra.
La nouvelle venue (si l’on fait exception de la Micra vendue au Canada entre 1984 et 1992) est plutôt agréable à regarder, du moins à mes yeux. L’habitacle, de son côté, fait dans le générique. Les plastiques sont durs et invariablement gris. Peu importe la version, le volant n’est pas ajustable en profondeur, ce qui rend la position de conduite plus délicate à trouver pour certains. Les quelques commandes sont placées selon les principes de base de l’ergonomie mais, dans la Micra SR, celles du chauffage étaient anormalement dures à tourner. L’écran de recul, quand il est présent, est très petit… au moins, il y en a un! Les espaces de rangement ne sont pas légion cependant on peut compter, comme dans la plupart des produits Nissan, sur un coffre à gants de dimensions olympiques.
Les sièges avant sont durs mais ils se révèlent plutôt confortables. Sauf la version de base (S), toutes les autres présentent un accoudoir pour le siège du conducteur. Si à l’avant le confort ne fait pas défaut, il en va bien autrement à l’arrière où la banquette tient plus du 2x4 que du sofa. Heureusement, l’espace pour la tête et les jambes est correct, du moins pour un gars de 5’ 6’’. Le coffre est très petit (l’un des moins logeables de la catégorie). Le hayon, qui n’ouvre pas très grand, ne possède pas de poignée intérieure pour le refermer, on se salit donc immanquablement les doigts sur la carrosserie. L’été ce n’est pas un problème, en revanche, l’hiver…
Question de vitesse de rotation
Sous le capot, un vaillant quatre cylindres de 1,6 litre développe 109 chevaux à 6 000 tr/min et 107 livres-pied à 4 400 tr/min. De série, il est marié à une boite manuelle à cinq rapports ou, en option à une automatique à quatre rapports. La logique la plus élémentaire nous amènerait à recommander la manuelle qui jouit d’un rapport supplémentaire. Erreur. L’étagement de la boite automatique est tel qu’à 100 km/h, le moteur tourne moins rapidement que celui de la manuelle (2 600 tr/min contre 3 000 – à 120, on parle de 3 100 contre 3 500). Il faut cependant avouer que l’automatique roulait sur des pneus de 16 pouces et la manuelle sur des 15, ce qui ne l’aide assurément pas.
Si l’on conduit la plupart du temps en ville, la manuelle peut être intéressante. Sinon, c’est un pensez-y-bien. De toute façon, la manuelle n’est pas très agréable à utiliser avec son embrayage sans âme — et pas évident à moduler au début —, sans compter son levier à la course longue, quoique passablement précis. Les amateurs de talon-pointe seront désolés d’apprendre que la disposition du pédalier empêche cette technique. Mais pourquoi diable voudrait-on faire le talon-pointe avec une Micra?
Quoi qu’il en soit, notre moyenne s’est établie à 7,4 l/100 km avec l’automatique et à 6,3 avec la manuelle. C’est donc plus pour diminuer le niveau sonore et pour améliorer l’agrément de conduite que l’on opte pour l’automatique. Cependant, ces deux moyennes ne sont pas extraordinaires compte tenu du poids plume de la voiture. Une moyenne de moins de 6,0 l/100 km serait plus appropriée, peu importe la transmission.
Qu’est-ce que l’honnêteté?
Dans le petit monde des petites voitures, l’agrément de conduite est une donnée abstraite. Pourtant, la Micra, même manuelle, n’en est pas dépourvue, malgré la sonorité de scie à chaine au carburateur mal ajusté en accélération vive. La direction est précise, en tout cas plus que celle des Toyota Yaris, Chevrolet Spark et Mitsubishi Mirage qui constituent le gros de sa compétition, et est responsable d’un court rayon de braquage. Une courbe prise avec un peu trop enthousiasme entraine roulis (la voiture penche) et sous-virage (l’avant veut continuer tout droit) mais, à moins de se prendre pour un Villeneuve, ce n’est pas dramatique. Les suspensions assurent un confort correct malgré l’empattement nécessairement court.
Avec la Micra, Nissan a frappé dans le mille. Au niveau de la publicité mais aussi, et surtout, avec un produit sérieux et au point. C’est la voiture parfaite pour ceux qui ont un budget limité ou qui n’ont nullement besoin d’une voiture sportive ou grande comme un Wal Mart. La Micra est une voiture honnête. À plus de 18 000 $ par contre, soyons honnêtes… Rendus là, une Versa Note pourrait devenir une alternative de choix.