Porsche 911 Turbo S 2014, une offre difficile à refuser
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Il y a quelques semaines, les gens de Porsche me demandent (un dimanche soir) si j’étais intéressé à prendre les clés d’une 911 Turbo S Cabriolet pour la semaine. « Non, désolé, j’ai déjà une voiture d’essai prévue » aurait dû être la réponse, mais même après plusieurs années à conduire des voitures exceptionnelles, comment refuser une telle offre? « Yes! Sure if you twist my arm… » fut ma réponse, le temps de me trouver une défaite bidon pour repousser l’essai du modèle prévu. Il y a des imprévus dans la vie, vous savez…
Me voyant de retour à la maison avec le bolide le jour suivant, mes deux apprentis journalistes automobiles (mes fils) me font remarquer — à leur grande déception — que je ne suis pas au volant de la plus bestiale des 911 car pour eux, c’est la GT3 la « vraie » 911. Je leur précise alors que la Turbo S Cabriolet est la plus dispendieuse, la plus puissante et la plus rapide au sprint du 0-100 km/h. Voilà qui soudainement rend mon bolide attrayant. Je leur explique qu’ils ont en partie raison puisque la GT3 s’adresse aux puristes et à ceux qui veulent le bolide idéal en piste. La Turbo S est sans aucun doute l’ultime 911, celle qui convient à ceux qui ne veulent pas être au volant de la Porsche de monsieur -Tout-le-Monde.
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Pour vous situer un peu
C’est la gamme 911 qui a fait la renommée de Porsche depuis des décennies même si de nos jours, ses VUS génèrent le plus de vente et amènent le plus d’eau au moulin. Aucune autre gamme chez Porsche ne comprend autant de variantes que la 911 et ce sera encore plus vrai en 2015 avec l’ajout de quatre livrées GTS, une annonce faite récemment pendant le Salon de l’auto de Paris, et portant à 19 le nombre de versions. Il y a donc une 911 pour tous les gouts mais surtout pour tous les budgets. Si la livrée de base débute à un peu plus de 95 000 $, il est possible d’escalader l’échelle de la puissance et d’en arriver à un prix assez indécent, 222 000 $ dans le cas de notre bolide d’essai. Mais comme il y a des acheteurs pour tout, on ne peut blâmer Porsche de vouloir en profiter. Ce n’est pas une organisation à but non lucratif, après tout...
Le « S » qui fait la différence
La carte de visite de la 911 Turbo S est assez impressionnante. Elle dispose en fait de plusieurs éléments qui sont normalement optionnels à bord de la version Turbo, notamment l’ensemble sport chrono, ce qui outre l’exclusivité du modèle contribue à justifier son prix supérieur. Son moteur arrière six cylindres de 3,8 litres développe 560 chevaux, 40 de plus, permettant ainsi de retrancher trois centièmes de seconde au 0-100 km/h qui devient l’affaire de 3,2 secondes. La puissance est transmise aux quatre roues via une boîte PDK double embrayage à sept rapports. Et non, oubliez la manuelle, elle n’est pas offerte, preuve que de nos jours, certains modèles haut de gamme ne sont pas qu’appréciés par les puristes.
La 911 Turbo a toujours été une voiture dotée de performances inouïes. La Turbo S frôle l’utopie, à notre grand plaisir, mais à l’opposée, elle assombrie la version Turbo qui régnait sur l’empire par le passée.
Au chapitre du style, la 911 n’a jamais réellement eu de restylage complet, juste des évolutions. Les designers demeurent toujours posés, mais face à d’autres superbolides vendus au même prix, la 911 manque d’éclat. C’est une voiture d’avocat qui passe pratiquement pour une voiture commune de nos jours. Porsche a tout de même apporté quelques retouches à cette nouvelle génération, la 991 pour les intimes. Ainsi, la voiture est plus basse et plus large, rehaussant l’aspect bolide du modèle. La version Turbo hérite de quelques exclusivités démontrant son statut supérieur, notamment à l’arrière avec ses ailes plus évasées. Ajoutez son aileron typique, des jantes fortes jolies et vous obtenez une voiture intimidante.
À bord, tout est très similaire aux autres modèles du constructeur alors que la console centrale regroupe la majeure partie des commandes qui sont situées de part et d’autre du levier de vitesses, un agencement apparu initialement dans la Panamera. Les deux places arrière ne sont pas adaptées aux adultes, mais au moins, elles permettent de dépanner et dans mon cas, de pouvoir profiter de la voiture en compagnie de mes deux journalistes en herbe.
Comme c’est le cas de toutes les 911, tout est une question de performance avec la Turbo S. Chaque détail et système sont soigneusement pensés afin d’optimiser le comportement de la voiture. À commencer par le Launch Control qui vous permet de lancer la voiture lors d’un départ arrêté en émulant le comportement d’une boite manuelle. Enfoncez l’accélérateur, lâchez le frein et les quatre roues se retrouvent aux limites de leur traction, faisant bondir la voiture tout en vous écrasant dans le siège. Vient ensuite une poussée d’adrénaline incroyable alors que le moteur hurle sa puissance jusqu’à ce que l’on relâche l’accélérateur. Difficile de ne pas sourire.
Chez Porsche, l’équilibre est au cœur des performances de ses voitures, que ce soit au chapitre de la puissance, du freinage ou de la tenue de route. La Turbo S enfile les virages sans broncher et ses limites sont difficilement atteignables pour le commun des mortels.
Tout aussi bestiale qu’elle soit, la Turbo S peut être aussi très docile en conduite normale, beaucoup moins punitive qu’une GT3. Sa suspension s’assouplit, la sonorité s’éteint – on peut la raviver grâce à un bouton situé sur la console – alors que la boite PDK se met à passer les rapports en réduisant au maximum les régimes et en améliorant la consommation de carburant.
La 911 Turbo S repousse les limites de l’indécence… mais on ne va certainement pas s’en plaindre!