Subaru Legacy 2015 - Discrètement exceptionnelles
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LAFAYETTE, Indiana – Pour comprendre et apprécier pleinement la nouvelle Legacy, il faut savoir que chez Subaru, ce sont les ingénieurs qui sont les « rock stars ». Pas les stylistes, pas les comptables, pas les gars (ou les filles) du marketing.
Ce n’est pas moi qui le dis. Ce sont en fait exactement les mots d’un initié, un employé de ce constructeur japonais pas comme les autres qui participait au lancement de la version remodelée de sa voiture-phare. Des mots qui ne sortent pas d’un discours officiel mais d’une simple conversation, sans cérémonie.
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L’équipe de Subaru Canada ne fait pas les choses comme les autres et c’est tant mieux. Elle a d’abord organisé cette présentation à Lafayette en Indiana, au cœur du Midwest, au lieu de ramener les journalistes automobiles le long du Pacifique pour une énième fois, comme l’ont fait leurs collègues américains. Pour la simple et bonne raison que la Legacy est construite à Lafayette depuis son lancement, en 1989.
L’usine était alors toute neuve et s’est révélée depuis une véritable pionnière en termes d’écologie et de sécurité. On y fabriquait les premières Legacy et Outback 2015 lors de notre visite mais l’usine SIA (pour Subaru Indiana Automotive) produit aussi la Camry pour Toyota, partenaire et actionnaire principal de Subaru. En 2016 elle cèdera sa place à une nouvelle Impreza, avec une capacité de production accrue.
Pas déjà la sixième ?
C’est donc en soulignant le 25e anniversaire de sa Legacy que Subaru nous a présenté la sixième génération de cette berline intermédiaire qui est toujours une des mieux conçues, fiables, sûres et intéressantes de sa catégorie. À plus forte raison dans ce pays d’hiver aux routes incertaines que nous habitons et sillonnons dans tous les sens.
On connaît les formes précises de la Legacy depuis son dévoilement officiel au dernier salon de Chicago. Subaru a voulu qu’elle se démarque et qu’on la remarque alors que ses devancières passaient plutôt inaperçues. Pas facile dans une catégorie où se retrouvent déjà des voitures comme la Ford Fusion, la Mazda6 et la Volkswagen CC. Pas facile non plus de reproduire les lignes spectaculaires de la « Legacy Concept » montrée au dernier salon de Montréal.
La version de série de la Legacy est tout de même très élégante, avec sa ligne de toit en arc et ses flancs sculptés. Sa calandre hexagonale est plus grande que celle des nouvelles WRX et STI mais on lui trouve immanquablement une ressemblance avec la Ford Taurus ou la nouvelle Hyundai Genesis, une berline de luxe dont le modèle de base est quand même plus cher de 20 000 $. C’est flatteur mais pour l’originalité il faudra repasser.
Toujours là où ça compte
Il faut plutôt se réjouir du fait que Masayuki Uchida, qui a piloté le développement de la nouvelle Legacy, ait d’abord travaillé comme designer et spécialiste en structure avant d’être le patron de l’ingénierie chez Subaru. Des montants de toit très minces à l’avant, des glaces triangulaires et des rétroviseurs montés sur les portières lui offrent, par exemple, une visibilité exceptionnelle vers les côtés, en virage.
La base du pare-brise est également plus avancée de 50 mm, ce qui profite autant à l’aérodynamique et à l’esthétique qu’au silence de roulement. La nouvelle Legacy est plus longue de 40 mm, plus large de 50 mm et plus basse de seulement 5 mm, sur des voies élargies de 17 mm et un empattement inchangé. Le volume total de la cabine a gagné 45 litres et le coffre 8 litres.
L’habitacle et le tableau de bord ont été redessinés et leur finition grandement améliorée. Les commandes sont bien conçues, logiques, précises et agréables à manipuler. L’affichage entre les cadrans, sur l’écran standard de 6,2 pouces et sur l’écran tactile optionnel de 7 pouces est clair, lisible et moderne. Il y a tous les branchements possibles pour les lecteurs numériques et la téléphonie mains-libres avec un logement pour votre appareil sur la console. On trouve aussi plein de rangements accessibles et pratiques.
Les sièges sont plus accueillants devant et derrière, sans être trop souples, et ils sont tous chauffants. La position de conduite est juste et tout ce qu’on touche est souple et soyeux. Du très beau boulot et un progrès assez remarquable pour cette nouvelle Legacy qui contient plus d’accessoires et de systèmes de sécurité. Un nouveau coussin gonflable pour les cuisses, par exemple, mais surtout la troisième génération du système EyeSight, équipée de nouvelles caméras plus compactes et plus puissantes. Aussi un nouveau système de détection arrière par radar particulièrement efficace. Les multiples fonctions de ces systèmes optionnels sont surtout mieux intégrées et ils sont moins chers.
Une base encore plus solide
On a épaissi les panneaux de la carrosserie et du châssis en plus d’injecter de la mousse un peu partout pour réduire ou éliminer bruit et vibrations. La coque est plus rigide de 43 % en torsion et 35 % en flexion, ce qui a permis aux ingénieurs de modifier les suspensions et de peaufiner les réglages pour améliorer à la fois la qualité de roulement et la tenue de route.
Ils ont également ajouté le système de transfert de couple pour réduire le sous-virage, comme sur les WRX et STI, et de nouveaux amortisseurs à tarages variables pour les versions Limited, en sommet de gamme. Et si avec tout ça la Legacy n’a pris qu’une vingtaine de kilos, à motorisation égale, c’est parce qu’on la construit avec une abondance d’acier à haute résistance.
Sous le capot, les deux mêmes moteurs « boxer » avec leurs cylindres à plat. Le désormais vénérable quatre cylindres de 2,5 litres auquel on a fait encore plein de retouches. Il en ressort plus léger, plus frugal et il gagné une poignée de chevaux. Ses cotes ville/route sont de 9,0 / 6,5 L/100 km, ce qui est excellent avec un rouage intégral. À quand une version plus moderne à injection directe pour faire encore mieux ? On peut toujours s’offrir ce modèle avec une boîte manuelle à 6 rapports révisée, contrairement aux voisins américains.
Sinon c’est la transmission à variation continue Lineartronic à laquelle Subaru a intégré des rapports virtuels pour singer le fonctionnement d’une boîte de vitesses traditionnelle avec des montées et des chutes de régime en accélération. Ces faux rapports peuvent être au nombre de 6 à 8 selon l’intensité de l’accélération. La CVT est maintenant la seule offerte avec le six cylindres à plat de 3,6 litres. Elle rend ce moteur nettement plus intéressant en améliorant les performances et en réduisant la consommation. Ses cotes ville/route de 11,9 / 8,2 L/100 km sont très honnêtes.
Les prix et la valeur
Alors, excitante la Legacy ? Pas vraiment. Solide, stable, sûre et confortable, ça oui. Même sur les sections à bosses ou à gros pavés de la piste d’essais de l’usine de Lafayette. Sur les virages à rayon constant qui relient les deux lignes droites de 1,5 km, la 2.5i était un peu plus vive et agile. Son freinage semblait aussi un peu plus mordant, même si ses disques avant ont un diamètre de 294 mm et ceux de la 3.6R font 300 mm. Les deux partagent maintenant les mêmes disques arrière ventilés de 300 mm, un gain pour la 2,5i.
Le fait que la 2.5i soit plus légère d’environ 80 kg est significatif, puisque c’est le train avant qui profite de cet avantage, avec le moteur plus léger. La 2.5i à boîte manuelle est plus légère encore de 55 kg. Je suis vraiment curieux de la conduire, surtout que cette version de base est offerte à 23 495 $, ce qui est carrément exceptionnel pour une berline intermédiaire à rouage intégral d’une telle qualité, dont l’équipement de série est aussi complet. La note grimpe à 24 795 $ avec la transmission CVT.
Même histoire pour la 3.6R dont les prix s’échelonnent de 30 795 $ pour la version Touring à 35 395 $ pour une Limited avec le groupe Technologie qui comprend l’excellent système EyeSight avec un excellent régulateur de vitesse adaptatif et quelques autres merveilles.
Les nouvelles Legacy ont effectivement été conçues et développées avec un soin impressionnant, par les « rock stars » de la place. Comme toujours chez Subaru, leurs qualités sont souvent aussi discrètes que leur apparence et se révèlent au fil des jours et des semaines. Cette fois-ci, elles épatent doucement, dès le départ. Imaginez comment ce sera au Québec, en plein hiver, en pleine tempête ou sur une route glacée, quand elles seront tout à fait dans leur élément. Quand ça compte vraiment.