Volvo XC70 2014: Charme discret et performances
Contrairement aux bons vins, les voitures qui conservent leurs qualités avec les années sont l’exception plutôt que la règle. La XC70 est de cette espèce rare. Variation légèrement surélevée et plus robuste des grandes familiales dont Volvo fut longtemps la spécialiste, elle offre un mélange inégalé de luxe, de confort, de polyvalence et de sécurité. On peut même ajouter la performance à cette équation en cochant la bonne option.
Lancée en 1997 sous le nom de Cross Country comme une version passe-partout de la familiale V70, elle fut redessinée et remodelée entièrement pour 2008. Elle y gagna deux six cylindres en ligne qui remplaçaient un cinq cylindres turbo dont la sonorité gutturale n’était pas au gout de tous.
En plus des centimètres gagnés qui bonifiaient confort et habitabilité, cette nouvelle XC70 affichait un excellent diamètre de braquage. Retour apprécié d’une belle qualité que les grandes Volvo avaient perdu lorsqu’elles sont passées à une architecture conçue d’abord pour des roues avant motrices. Un exploit technique pour les ingénieurs suédois qui ont réduit ce diamètre de 1,7 mètre malgré l’implantation latérale de ces moteurs longs que sont les « six en ligne ».
Rhinoplastie légère
Dans cet esprit de mise à jour continue, la XC70 a droit cette année à une calandre redessinée où trône un écusson plus imposant sur une grille composée de grandes alvéoles noir mat. La partie arrière a été retouchée aussi. On remarque de grands blocs optiques légèrement différents et de nouvelles moulures d’aluminium. La protection des bas de caisse est toujours prononcée et il y a des boucliers de protection plus robustes sous la voiture, pour le tout-terrain.
Après avoir modernisé le tableau de bord et mis à niveau les interfaces électroniques il y a deux ans, Volvo dote la XC70 d’un écran tactile de sept pouces à rayons infrarouges qu’on peut manipuler avec des gants. Le système Sensus permet tous les branchements, y compris au Web avec une clé 3G/4G intégrée ou avec un téléphone. Infos, météo, musique et circulation à la clé. L’écran numérique propose aussi trois modes d’affichage : Élégance, Éco et Performance. Le premier est classique et les deux autres ont un fond vert ou rouge, respectivement.
Malgré ces merveilles, il est encore ardu de jumeler un téléphone au système la première fois, sans commande vocale spécifique, avec un manuel qui n’aide guère. On ne peut non plus désactiver l’antidérapage, donc aussi l’antipatinage, sans utiliser l’interface MyCar au lieu d’un simple bouton. Toujours à l’intérieur, l’espace derrière la console centrale « flottante » est franchement perdu et le petit bac qui s’y trouve est quasi inaccessible. Il y a en revanche un coffret d’accoudoir, des vide-poches sur les portières et un coffre à gants de belle taille. À noter aussi, des leviers de commande au volant de forme anguleuse impeccablement nets et précis.
Les sièges avant sont excellents, comme toujours, et le volant gainé de cuir exquis. Le repose-pied étroit vers le haut finit toutefois par agacer. Les places arrière latérales sont confortables et la place centrale utilisable, mais son dossier est très bombé. Un groupe optionnel ajoute des sièges arrière chauffants ou des sièges rehausseurs escamotables pour les enfants, selon les besoins. Le coffre est vaste et le panneau du plancher monté sur un vérin pour le maintenir ouvert. Un autre panneau muni de courroies soutient les sacs d’épicerie ou tout colis chancelant et instable.
Puces savantes et puissantes
Nous avons été surpris par le traitement optionnel Polestar qui fait grimper la puissance du six cylindres turbo de 300 à 325 chevaux et le couple de 325 à 355 lb-pi. La différence de couple, surtout, est évidente dès le premier démarrage. Il faut vite apprendre à doser pour conduire en douceur. Ainsi équipée, la XC70 T6 a bouclé le sprint 0-100 km/h en 6,36 secondes et le quart de mille en 14,58 secondes avec une pointe de 159,7 km/h. Des performances réjouissantes, sauf que la boite de vitesse a parfois des réactions saccadées en reprise ou en démarrant. Amplifiées par le gros couple du moteur, c’est certain.
La XC70 distille un mélange rare de confort et de maitrise avec une direction juste et linéaire à l’assistance bien dosée. Le roulement est stable et confortable grâce à un amortissement jamais mou. Les secousses dans le volant sur virage bosselé rappellent les premières XC, comme les roues avant qui patinent en appui, réaction typique d’une traction. L’embrayage multidisque central du rouage réagit rapidement au patinage des roues avant, mais un léger temps de réponse subsiste avant qu’il ne transmette du couple aux roues arrière.
À bien des égards, la XC70 est hors catégorie et prend le relais essentiellement au point où s’arrêtent les Audi Allroad et Subaru Outback en termes de luxe, d’espace et de raffinement. Pour tout dire, elle est un peu comme ces gens en forme, élégants et bien dans leur peau qu’on rencontre parfois et qui ne paraissent franchement pas leur âge. Et s’il s’agit d’un modèle T6 Polestar, il ne faudrait pas compter la distancer trop facilement en démarrant au prochain feu vert…