Nissan Xterra 2014: C’est aussi ça, le plaisir
Il y a de ces bizarreries dans le domaine de l’automobile… Prenez le Nissan Xterra. Développé du temps de la préhistoire, ce camion est devenu le contraire parfait du VUS moderne. Alors qu’aujourd’hui on recherche le raffinement, le confort, le luxe et que les capacités en hors route sont reléguées très loin dans les priorités des acheteurs, le Xterra connait, bon an mal an, des chiffres de vente intéressants même s’ils demeurent assez minimes comparativement à ceux des gros canons que sont les Honda Civic ou Ford F-150.
Expliquer les raisons de ce relatif succès demanderait un traité de psychologie sociale qui dépasserait largement les compétences de l’auteur de cet essai. En fait, beaucoup de choses le dépassent mais ça, c’est une autre histoire. Pour en revenir au Xterra, c’est le statu quo, ou presque, depuis qu’il fut entièrement revu en 2005. Et neuf ans, dans le domaine de l’automobile, c’est comme neuf siècles pour l’humain. Il y a tout d’abord la carrosserie qui évoque davantage le rallye des Gazelles que la course au centre d’achats. Mais il faut habiter un Xterra pour mesurer à quel point le modernisme ne l’a pas touché. Le design du tableau de bord a été réalisé avant la Guerre de Troie tandis que les plastiques durs affichent une allure qui ne paie pas de mine. Les sièges avant, malgré leur tissu rugueux, sont plutôt confortables. Ceux de la deuxième rangée, par contre… Le coffre est déjà vaste lorsque les dossiers arrière sont relevés. Imaginez quand ils sont baissés! Le fond du coffre est recouvert d’un plastique résistant à défaut d’être joli. Inutile de se conter des histoires, le Xterra est fait pour les sentiers impraticables. Donc, la boue. L’avantage d’un habitacle recouvert de plastiques rustres c’est qu’on peut les laver facilement.
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Loin du confort des multisegments, ces VUS dénaturés, l’habitacle du Xterra propose tout de même sa part d’astuces contemporaines; nombreux espaces de rangement, Bluetooth, caméra de recul, chaine audio Rockford Fosgate, etc. Pour une rare fois, il y a plus à dire sur le design extérieur qu’intérieur! Les passages d’aile fortement élargis, ses gros parechocs en PVC qui, à l’arrière, incorporent des cavités permettant de mettre le pied pour avoir accès au porte-bagage pour le moins costaud, les larges et désuètes moulures de portes et, enfin, la bosse dans le hayon qui imite un jerrycan et qui fait place à l’Intérieur à la trousse de sécurité. On n’a pas affaire à une Fiat 500…
Amenez-en, des roches!
Le Xterra est un VUS à l’ancienne, bâti sur un châssis de camion (le Frontier). Pour du robuste, c’est du robuste. L’image d’un véhicule les quatre roues ne touchant pas le sol vous excite? Essayez une voiture de rallye ou un Xterra! Il est parfaitement capable de subir les pires abus, surtout dans sa version PRO-4X, la plus extrême. On y retrouve un différentiel arrière à blocage électronique, des amortisseurs hors route Bilstein et des pneus BF Goodrich Rugged Trail. Équipé de la boite automatique, le Xterra dispose du contrôle de la vitesse en descente et de l’aide au démarrage en pente. Lorsque la transmission manuelle est choisie, elle est dotée d’un mécanisme baptisé avec beaucoup de créativité…
Start/Cancel qui permet de démarrer le véhicule sans utiliser l’embrayage. Une délicatesse très appréciée quand on doit démarrer dans une côte, alors que deux pneus reposent sur des roches, les deux autres étant dans le vide et qu’on a le ciel pour tout paysage... On y retrouve aussi des plaques de protection pour le carter d’huile, la transmission et le boitier de transfert. La version S, plus de base, peut tout de même semer n’importe quel multisegment/VUS de ville que sont les Hyundai Santa Fe, Ford Explorer et même Jeep Grand Cherokee, ce dernier ayant pris une voie plus civilisée mais plus lucrative… En fait, les seuls véhicules qui peuvent participer aux mêmes activités que le Xterra sont les Jeep Wrangler et Toyota FJ Cruiser. Et, dans une autre échelle de prix, le Land Rover LR4.
Une forme de raffinement
Pour la énième année consécutive, Nissan fait appel au V6 de 4,0 litres pas très raffiné ni économique à la pompe, néanmoins parfaitement adapté à la vocation tout terrain du Xterra. Une transmission manuelle à six rapports ou une automatique à cinq rapports optionnelle sont au programme. Le boitier de transfert possède une gamme Hi pour un usage quotidien et Lo pour les choses sérieuses. Ces gammes s’enclenchent au moyen d’un bouton au tableau de bord. Même si cela n’apporterait absolument rien au fonctionnement de ce boitier, je préférerais un bon vieux levier récalcitrant et tellement macho. Mais il faut respecter le progrès…
Au-delà du design dépassé, l’imprécision de la direction surprend. Pourtant, en conduite hors route, une direction trop précise devient un handicap. Il y a aussi les suspensions, dures dans la version S, cimentées dans le PRO-4X. Ajoutez à cela un essieu arrière rigide et une allure un peu trop rapide sur une route bosselée, et vous aurez l’impression de participer à un rodéo plus ou moins agréable!
Le Xterra a beau être dépassé, n’empêche qu’il y a encore des gens pour s’amuser avec un véhicule. À son volant, on ne s’éclatera pas sur une piste de course mais sur une piste de hors route. C’est aussi ça, le plaisir.