BMW Série 6 2014: Un coup d’épée dans l'eau
Tout au long de ses 98 années d’existence, la marque BMW a cherché à briser l’hégémonie de Mercedes-Benz dans le sélect marché des voitures de luxe. Et si cette affirmation peut prêter à controverse, elle tient parfaitement la route en ce qui a trait au sublime roadster 300 SL des années 50 et par la suite aux diverses extrapolations du cabriolet SL.
Malgré de louables efforts, la marque bavaroise n’a jamais été en mesure de déclasser sa rivale dans le segment des voitures Grand Tourisme. La tentative de concurrence a commencé avec la légendaire 507 suivie plusieurs années plus tard par son héritière, la Z8, deux créations de BMW qui ont été incapables de se poser en rivales de la SL ou de ses versions plus musclées frappées du sigle AMG. Aujourd’hui, chez BMW ce rôle incombe à la Série 6, même si elle n’a pas encore réussi à devenir une sérieuse alternative à l’idole de Stuttgart. On a même élargi la Série 6 en lui incorporant un modèle, le Gran Coupé, qui se veut à la fois un coupé et une berline dans le même esprit que la populaire CLS de Mercedes. Et, bien sûr, les versions AMG sortant de Stuttgart se retrouvent face à face avec les réputées M6 émanant de Munich. Ainsi étiquetés, le coupé, le cabriolet et le récent Gran Coupé sont tous offerts avec un moteur à injection directe de 560 chevaux et des panneaux de caisse allégés.
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Double personnalité
Là-dessus, voyons tout de suite à quoi ressemble l’offre de BMW dans ce petit coin du marché. Esthétiquement, le 650 Xi Gran Coupe n’a pas l’attirance d’une CLS, ni même d’une Audi A7 en raison d’une silhouette ballonnée assez lourde et peu élégante. Enfin, c’est matière de gout. Le style préconise également une ceinture de caisse élevée et du même coup une surface vitrée dont la faible étendue pourrait bien ennuyer les claustrophobes.
Les M6 sont bien tentantes, mais les versions de base de ces trois bolides ne sont pas à dédaigner, d’autant plus qu’elles sont considérablement moins chères tout en offrant de solides performances. Toutes trois sont animées par un V8 double turbo dont les 445 chevaux sont amplement suffisants. Cette puissance passe par une transmission DSG à 8 rapports à la fois très performante, mais aussi très fragile, surtout si l’on abuse du launch control, ces départs tous azimuts de style Formule 1. À ce propos, le Gran Coupé Xdrive bénéficie d’une sorte de préventif grâce à la traction intégrale qui répartit le couple aux quatre roues motrices. La voiture adopte deux personnalités distinctes et il suffit de placer la suspension en mode Sport + pour qu’elle passe d’un cocon de douceur à un coupé féroce prêt à avaler les virages les plus pointus et à défier les lignes droites les plus engageantes. Il n’en faut pas plus pour qu’elle bouscule les chronos, comme le démontre éloquemment un 0-100 km/h en seulement 4,5 secondes et, mieux encore, un temps de dépassement de 80 à 120 km/h en 3,5 petites secondes. Dans les deux cas, il faut saluer la quasi totale absence de temps de réponse des turbos tout comme la rapidité d’action de la boite séquentielle. Pour une voiture qui dépasse largement les deux tonnes, c’est un exploit peu commun.
Évidemment, le réglage sport extrême de la suspension n’est pas sans déplaisir, ce qui signifie que ça cogne dur, très dur même sur nos charmants nids-de-poule tandis que le moteur adopte une sonorité qui chatouille agréablement les tympans. Ma seule réserve sur le comportement routier porte sur la direction qui donne des sensations de la route artificielles et peu révélatrices sur le coefficient d’adhérence du revêtement.
Plus coupé que berline
En s’attardant à l’aménagement intérieur du Gran Coupe, la difficulté de concilier deux voitures en une seule est rapidement évidente. C’est ainsi que l’on ne monte pas à l’arrière, mais que l’on s’y insère tellement l’accès est rendu difficile par l’étroitesse des portières. On évitera d’y faire asseoir la belle-mère rhumatisante... Une fois cette épreuve réussie, on devra composer avec le peu d’espace à l’arrière, résultat d’une console centrale assez proéminente. En revanche, le coffre à bagages n’a pas été sacrifié dans l’opération coupé/berline. Vantons la qualité de la finition intérieure avec de beaux agencements de cuir et d’aluminium brossé. La position de conduite est impeccable tout comme la disposition des palettes de la boite de vitesse à double embrayage. Le levier de vitesses lui-même exige une période d’acclimatation cependant.
BMW a été l’un des premiers constructeurs à nous imposer ces centres d’informations automatisées et leur complexité a toujours fait l’objet de critiques bien méritées. Je vous avoue que je n’ai pas eu la patience de décortiquer si celui du modèle Gran Coupé était plus convivial, mais j’en doute...
En raison des contraintes imposées par son style binaire et décalé, le Gran Coupé demeurera une voiture marginale dont la mécanique impressionnante ne sera pas suffisante pour lui permettre de rivaliser avec ce que l’on trouve chez la concurrence. Un modèle comme le cabriolet 650i de la même série est sans doute un meilleur choix, spécialement si l’on a l’audace de lui adjoindre la lettre M.