Suzuki Kizashi 2014: Quelque chose de grandiose s’en va…
C’était en novembre 2009. Le 10 pour être précis. Ce soir-là, à Niagara-On-The-Lake, Suzuki recevait les journalistes canadiens pour la présentation de la voiture qui assurerait l’avenir de la marque japonaise en Amérique, la Kizashi. Lors du souper, à ma gauche, se trouvaient deux Japonais de Suzuki qui ne se mêlaient pas beaucoup aux journalistes. Intrigué, j’ai demandé à celui qui prenait place juste à côté de moi quelles étaient ses fonctions chez Suzuki Canada. « Oh, moi, je m’organise pour que nos voitures se retrouvent chez les clients. » « Vous êtes du département de la distribution? » « Oui, et je fais un paquet d’autres petites choses. » Puis, il a repris sa conversation avec son collègue. Le lendemain matin, lors de la conférence précédant la journée d’essai routier, mon voisin de gauche se présentait au lutrin… c’était le président de Suzuki Canada!
Je ne sais pas si cet épisode est représentatif des déconvenues de Suzuki en territoires américain et canadien, mais il montre une certaine déconnexion entre la direction du manufacturier et le peuple nord-américain. Les Japonais sont quelquefois trop modestes pour nous. J’aurais eu tant de questions à poser à ce président-qui-ne-voulait-pas-jouer-au-président.
La Kizashi, lors de son lancement, se déclinait en un seul modèle, tout équipé, à 29 995 $. Culot ou manque de vision? Le prix demandé était élevé pour une voiture aux dimensions la situant entre les compactes et les intermédiaires, vendue par un réseau de concessionnaires pour le moins ténu et par un manufacturier aux prises avec un problème de perception de la part du public. L’avenir vient de nous donner la réponse…
On commence par les fleurs
Pourtant, la Kizashi est loin d’être une mauvaise voiture. Plutôt jolie, tout en rondeurs, sa carrosserie passe bien l’épreuve du temps. L’habitacle n’est pas très accueillant si on le compare à celui des Honda Accord, Toyota Camry et autres Hyundai Sonata contre lesquelles la berline de Suzuki aimerait bien se frotter. Le tableau de bord est beau et bien assemblé, les espaces de rangement sont nombreux et les jauges, à défaut d’être très faciles à consulter, sont fort esthétiques. Toutefois, j’aurais apprécié un boudin de volant un peu plus gros et, surtout, un cuir moins glissant. Les sièges avant sont confortables même si certaines personnes les trouvent un peu durs à la longue. À l’arrière, l’espace est assez restreint pour les jambes (d’où le « pas très accueillant » en début de paragraphe). Le coffre est grand, tout comme son ouverture.
Au cours des quelques années de distribution de la Kizashi, quelques versions ont été proposées, toutes mues par le quatre cylindres de 2,4 litres, un vénérable moteur rafistolé pour lui permettre de suivre la parade. Si, au moins, ce moteur pouvait compter sur une transmission moderne! Mais il doit se contenter d’être associé à une boite à variation continue (CVT) peu raffinée et qui semble bouffer une vingtaine de chevaux. Déjà qu’il n’y en a pas beaucoup… Vous aurez deviné que les accélérations sont plus auditives que véloces! Pendant un certain temps, Suzuki a proposé une transmission manuelle pour son modèle Sport mais, au crépuscule d’une vie bien (peu) remplie, la Kizashi ne l’offre plus. Lors de nos différents essais de la Kizashi, notre moyenne de consommation s’est toujours établie à près de 10,0 l/100 km. C’est trop. Les Japonais (les autres Japonais, s’entend) et les Coréens font beaucoup mieux.
Toutes roues motrices
La Kizashi, on l’a vu, n’était offerte qu’en une seule version lors de son lancement. Ensuite, elle a eu droit à quelques variantes, dont une à traction (roues avant motrices), moins chère. En cette dernière année de production, on est revenu à la base, soit aux quatre roues motrices. Et ça, Suzuki s’y connait! Le système baptisé iAWD, permet au conducteur de conduire en utilisant seulement les roues avant (mode traction) ou les quatre roues. Mais même en mode traction, un faible pourcentage du couple est expédié aux roues arrière. Ce rouage ajoute au plaisir de conduire sur la neige.
Bien que notre analyse soit jusqu’à maintenant plutôt sombre, cette Suzuki brille là où l’on ne s’y attend pas… Par son comportement routier! Le châssis est solide et les suspensions qui y sont accrochées procurent un bon compromis entre la tenue de route et le confort. D’ailleurs, il faut voir les éléments de la suspension arrière. Du solide. La direction est rapide et précise, le roulis en courbe est bien maitrisé même si les sièges pouvaient retenir un peu mieux. Quant aux freins, leur pédale est un peu trop spongieuse à mon gout mais j’ai vu pire.
La Kizashi aurait de toute évidence mérité un meilleur sort. Déjà peu populaire (688 exemplaires en 2012 au Canada – pour vous donner un ordre de grandeur, il s’est vendu 18 203 Toyota Camry durant la même année), l’intermédiaire de Suzuki sera bientôt pratiquement donnée par les concessionnaires. Et sa valeur de revente promet d’être au même niveau.
Oh, savez-vous ce que veut dire Kizashi? Quelque chose de grandiose s’en vient…