Toyota FT-1: Du concept à la (dure) réalité?
Lors de la première journée de presse du Salon de l’auto de New York, Toyota a tenu un événement privé dont le centre d’attraction était la FT-1, un concept pour le moins révolutionnaire dévoilé en janvier dernier à Detroit.
C’était la première fois que je pouvais voir, presque dans l'intimité, cette vedette. En effet, de toutes les présentations qui avaient eu lieu à Detroit, cette FT-1 avait littéralement volé la vedette, autant par ses lignes audacieuses que parce qu’elle avait été créée par… Toyota! Eh oui, le même Toyota qui offre des Avalon et des Prius.
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Si Toyota voulait faire passer le message qu’à l’avenir elle mettra davantage d’émotion dans ses voitures, elle ne pouvait pas mieux faire. Akio Toyoda, le président-directeur général de Toyota n’avait d’ailleurs donné qu’une seule consigne à ses designers lorsqu’est venu le temps de créer ce concept « Make it cool» (Faites-la cool). Dans le style cool, c’est réussi!
La future Supra
La FT-1, c’est désormais connu, sera la prochaine Supra. L’originale avait été produite entre 1978 et 2002 et elle n’a jamais vraiment eu de remplaçante. Plutôt que de se tourner vers le passé, Toyota préfère aborder l’avenir avec panache. D'ailleurs, la dénomination FT-1 signifie Future Toyota One.
À New York, je n’ai malheureusement pas pu m’asseoir dans la FT-1, ni parler à des ingénieurs (c’était un événement beaucoup plus mondain que technique – en fait, uniquement mondain, dans un bar branché avec gardiens de sécurité, jolies serveuses, musique techno trop forte du rapper Biz Markie, etc.). Ce qui ne m’a pas empêché de remarquer certains détails qui m’avaient échappé à Detroit. Curieusement, j’ai trouvé la FT-1 un peu moins belle que dans l’excitation suivant son dévoilement en janvier dernier. Par exemple, j’ai trouvé la partie avant, le « museau » de type F1 surtout, très proéminent et, à la limite, un peu trop gros. Il y a beaucoup de prises d’air très prononcées, ce qui amène de jolies cavités profondes, à condition d’aimer les rondeurs. On est plus près des courbes d’une McLaren P1 que des angles acérés d’une Lamborghini Avantador. Je me demande ce que la carrosserie de la FT-1 donnera en termes d’aérodynamisme. Les deux ventilateurs très visibles situés à l’avant ne devraient pas le favoriser.
Parlons technique
La FT-1 qui était montrée à New York était chaussée de Pirelli PZero Nero de dimensions 245/35ZR21 à l’avant et 305/30ZR21 à l’arrière. On est ici dans la catégorie des Lamborghini Aventador, Camaro Z28 ou SRT Viper. Les disques de frein perforés sont immenses et en deux parties pour une meilleure dissipation de la chaleur. Le capot est vitré en son centre et plusieurs pièces sont en fibre de carbone. Les designers ont prévu des entrées d’air généreuses et d’aussi imposantes sorties. Un moteur, il faut que ça respire mais il faut également que ça évacue! À l’arrière, les deux énormes sorties rondes laissent présager un échappement d’au moins deux pouces et demi de diamètre tandis que les grosses sorties d’air aideront à refroidir les freins. Le pilote tiendra dans ses mains un volant digne de la formule 1, bien assis dans un habitacle où chaque millimètre respire la haute performance.
Un minimum de décence, svp
Avec pareil gréement, on ne s’attend pas à un quatre cylindres de 1,5 litre, aussi turbocompressé soit-il. On a beau annoncer une motorisation hybride, la voiture semble dotée d’éléments laissant présager au minimum un moteur à essence V6 de 3,5 litres ou, mieux un V8. Peu importe, le catalogue Toyota / Lexus regorge de moteurs. En tout cas, moins de 400 chevaux serait d’une tristesse infinie dans une telle voiture.
Associé à un moteur électrique et un ensemble de batteries sérieux, un quatre cylindres peut offrir des performances plutôt incroyables. Cependant, je ne crois pas qu’on aurait prévu autant de prises d’air pour une si faible cylindrée. Et il y a la sonorité du moteur en accélération. Rien ne remplace un bon gros V8 pour ça (ou, à la limite, un six en ligne double turbo)! En passant, l’exemplaire qui était montré à New York était doté d’un moteur mais il n’était pas fonctionnel. D’après ce que j’ai pu glaner ici et là, on parlerait d’une propulsion ou, dans certains cas, d’une intégrale.
Super sportive abordable?
Là où il y a (ou il semble y avoir... à moins que ce ne soit juste dans ma tête) un problème, c’est que lors du dévoilement de la FT-1 en janvier, la direction de Toyota disait que puisqu’il s’agissait d’une Toyota, elle devait être abordable. Le style et les promesses que la FT-1 amène sont ceux d’une voiture de 150 000 $ minimum. Je vois mal cette voiture, telle quelle se présente aujourd’hui, se vendre 50 000 $. Pour cela, elle devrait être dotée d’un moteur de plus faible cylindrée et ne pas être aussi techniquement évoluée que ses lignes actuelles le suggèrent. Sans doute que l’utilisation de la fibre de carbone serait réduite. Toyota pourrait alors viser à côté de la cible en créant une déception ou, à tout le moins, souligner une dichotomie entre la réalité et l’image de supersportive. À moins que Toyota réussisse à créer une supersportive abordable, genre Nissan GT-R. Ça serait génial, non?
Une chose est sûre. Toyota ne fait jamais rien pour rien. Et elle ne présente surtout pas sa FT-1 comme ça, sans raison. Le constructeur japonais voit grand pour cette voiture. Très grand. Et il en est incroyablement fier. On a hâte de la conduire, cette fierté! Et pas juste sur un écran…