À propos de supercherie
Je croyais avoir affaire à un bel échantillon de journalisme populo en lisant dans La Presse de lundi dernier l’article de Denis Arcand sur la collection de voitures d’époque de la famille Demers de Thetford Mines.
Ayant été le premier à lever le voile sur ce trésor exceptionnel en 2006, je pense être le mieux placé pour répondre à l’article mettant en doute l’authenticité des voitures, leur valeur et leur histoire.
- À lire aussi: Mirabel devait accueillir le musée Demers
D’abord, le fait que l’article soit une dépréciation en règle de la collection me laisse croire qu’il s’agit d’une sorte de vindicte de la part d’un spécialiste de ce genre de voitures qui a utilisé la plume de M. Arcand pour tenter de discréditer la possession des frères Demers. C’est carrément un coup en bas de la ceinture porté sous de faux prétextes. Selon Roger Demers, le journaliste s’est présenté à Thetford en disant vouloir réaliser un reportage sur les dons faits par la famille à des organismes de charité à la suite des visites payantes des nombreux hangars où sont entreposées les autos. Habile, mais pas très catholique.
Je ne discuterai pas de la supposée « supercherie » reliée à 6 ou 7 voitures qui ne correspondraient pas aux faits cités par les propriétaires de la collection. Mettons que même si c’était vrai, cela constitue une très faible moyenne sur un total de 584 voitures. Et si Elton Jones ou Steve Wonder tant qu’à y être n’ont pas posé leurs fesses dans une des voitures, je m’en contre fiche, car c’est la voiture que je veux pouvoir admirer comme étant une pièce rare de l’histoire de l’automobile. Quant aux prétendues répliques, elles sont inévitables quand on parle d’un rassemblement de voitures d’époque au passé souvent très flou. Je pense connaitre suffisamment l’automobile pour distinguer le vrai du faux. Par exemple, je persiste à croire que M. Demers s’est fait raconter des histoires quand il a acheté la Benz Patent comme étant la première voiture construite par Daimler-Benz. Ladite voiture se trouve dans le musée de Mercedes, pas ailleurs, à moins que la compagnie l’ait vendue récemment.
Ajoutons qu’en général, ce ne sont pas les propriétaires des voitures qui retiennent l’attention, mais d’abord et avant tout le rôle que ces autos ont joué dans l’histoire et les résultats qu’elles ont obtenus en course automobile.
Sur la valeur de la collection maintenant, laissez-moi vous dire qu’il est impossible de l’établir avec justesse parce que le marché connait en ce moment une hausse fulgurante des enchères. À titre d’exemple, une Ferrari GTO qui aurait pu s’acheter pour moins d’un million de dollars il y a 15 ans vaut aujourd’hui 52 millions. Allez-vous me dire que la collection Demers est moins intéressante si elle vaut 1 milliard au lieu de deux? Pour moi, quelle que soit sa valeur, je l’admire et je me plais beaucoup à découvrir que ce que nous prenons pour des avancées technologiques existait déjà il y a fort longtemps.
En fin de compte, l’article de La Presse vient nous rappeler que l’on est prompt au Québec à dévaloriser nos acquis et qu’il semble malheureusement de bon ton de démolir nos grandes valeurs...