Porsche 911 Targa: La Targa réinventée!
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Bari, Italie.
Dans les annales de l’automobile, Porsche peut se targuer non seulement d’avoir fabriqué des voitures mythiques, mais aussi d’avoir contribué à redéfinir un mot, celui de Targa. À l’instar de la défunte marque anglaise Austin qui a littéralement inventé le diminutif de minimum avec la Mini, la firme allemande a mis son empreinte sur le mot « Targa » qui a d’abord été sélectionné pour souligner les succès de Porsche dans la mythique épreuve de la Targa Florio (course sur route) en Sicile. En optant pour cette dénomination vers la fin des années 60 afin de désigner la première 911 dotée d’un toit rigide amovible placée entre le parebrise et un arceau antitonneau, Porsche a créé un mot devenu synonyme de tout type de toit à sections détachables, ce que l’on appelait communément les T tops. La naissance de ce modèle découle de la possibilité que le gouvernement américain de l’époque interdise la vente de cabriolets en raison de leur sécurité défaillante lors d’un capotage. Avec son arceau de sécurité, la Targa éliminait ce danger tout en proposant la conduite à ciel ouvert.
Dès son apparition sur le marché en 1967, la voiture fut un franc succès, accaparant environ 40 % des ventes totales de la 911, un pourcentage qui chuta par la suite aux environs de 13 %. Personnellement, les premières Targa ne m’ont jamais emballé, d’abord parce qu’elles renonçaient à la pureté des lignes du coupé tout en sacrifiant une partie de la légendaire rigidité de la caisse. À l’apparition de la 993 en 1996, Porsche s’en est remis à une solution, certes plus simple et esthétique, mais aussi plus apte à générer un concert de bruits insolites, allant d’un claquement métallique sec à des infiltrations d’eau provenant d’une étanchéité discutable. Il s’agissait ni plus ni moins que d’un immense toit ouvrant qui se glissait sous la lunette arrière, une solution qui rendait la visibilité assez précaire. Je sais ce dont je parle parce que j’avais moi-même acheté une de ces 911 problématiques. Selon un des ingénieurs de chez Porsche, présent lors du lancement du dernier modèle, « ce fut plutôt catastrophique » et certes pas la plus belle réussite du constructeur germanique. Mais, revenons à cette nouvelle mouture de la Targa que Porsche nous a permis d’essayer dans la région de Bari dans le sud de l’Italie.
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Conception inédite
C’est d’abord un concept unique que Porsche propose avec la dernière Targa, dessinée par Grant Larson, un américain à l’emploi du constructeur allemand depuis plus de 20 ans. Il a repris certains éléments du modèle original, dont les trois ouïes et le monogramme Targa sur le fond gris aluminium de l’arceau central. Le style rappelle un peu l’ancienne version, mais c’est principalement l’imposante poupe qui donne toute sa désirabilité à la Targa 2015. Le nouveau toit Targa gagne aussi en facilité d’utilisation : en premier lieu, le fonctionnement s’est électrifié et il suffit désormais d’appuyer sur un bouton pour que l’immense lunette arrière enveloppante et le panneau de toit situé entre le parebrise et l’arceau central viennent s’enfouir, l’une au-dessus du moteur arrière et l’autre derrière les strapontins qui font de ce modèle un 2+2. Tout cela en 19 secondes.
Les ingénieurs méritent ici un accessit tellement ce système inédit posait un véritable défi à l’origine. D’ailleurs, une seule compagnie a réussi à fabriquer la fameuse lunette arrière en verre feuilleté composé de deux couches de verre partiellement trempé à paroi mince renfermant les fils très fins servant au dégivrage et à la radio satellite. Cette lunette est même hydrofuge, ai-je noté, au cours d’une courte averse. Un véritable tour de force, rien de moins.
La question qui retient tout de suite l’attention porte sur la rigidité de l’ensemble. Les ingénieurs de chez Porsche avouent que le coupé 911 est deux fois plus rigide que la Targa, mais que cette dernière fait mieux à ce chapitre que le cabriolet dont elle est dérivée. Ce que les routes délabrées de la région des Pouilles (Puglia) nous ont rapidement confirmé en ne provoquant aucun bruit de caisse pendant notre longue randonnée. Porsche révèle avoir parcouru plus de 160 000 km avec des prototypes sans que la carrosserie ne manifeste aucun signe de fatigue. Cette solidité est en partie attribuable à la suspension de la Targa qui est légèrement plus souple que celle du coupé. Le confort aussi en sort gagnant.
Par rapport à une vraie décapotable, la voiture est plus silencieuse et même à grande vitesse, on peut entretenir une conversation sans élever la voix.
Plein soleil
Mécaniquement, il n’y a aucune différence entre le coupé 911 et sa version Targa, sauf que ce modèle découvrable est livré d’office avec la traction intégrale et deux variantes du traditionnel 6 cylindres à plat, l’un de 350 chevaux pour la Targa 4 et l’autre de 400 chevaux dans la 4 S. Contrairement à plusieurs constructeurs, Porsche n’a pas abandonné les boites de vitesse manuelles et l’amateur peut encore choisir entre une transmission à 7 rapports ou sa fameuse PDK (à ne pas confondre avec PKP!), une séquentielle à la rapidité foudroyante fonctionnant automatiquement ou à l’aide de palettes sous le volant. Vous vous amuserez peut-être plus avec la boite manuelle, l’une des meilleures du genre, mais sachez que la PDK réduit sensiblement les temps d’accélérations.
Nonobstant son toit remarquablement réussi qui sera sans doute imité par la concurrence, la Porsche Targa livre des performances et adopte un comportement routier très voisins du coupé 911 malgré un surpoids de 90 kg. L’agrément de conduite est toujours présent et la vocation sportive de la voiture ne se trouve en rien sacrifiée. En fouillant dans l’interminable liste des options (la face cachée de toute transaction chez Porsche), on peut même obtenir un système d’échappement à intensité variable. Cela démontre assez bien que Porsche sait pertinemment que la Targa plaira davantage à une clientèle en quête d’un confort serein dans une voiture à vocation mixte capable d’affronter la rudesse de nos hivers et de jouir des plus beaux rayons de soleil.