Cadillac ELR 2014 - Beauté rechargeable pour branchés prospères
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On découvre parfois, dans les salons automobiles, une voiture dont la beauté fait l’unanimité. Ce fut le cas de la Cadillac Converj – un coupé aux lignes fluides, comme découpées au laser –, qui fut une des grandes vedettes du Salon de Detroit, édition 2009.
Les prototypes de ce genre n’ont généralement presque aucune chance d’être produits par la suite. Ce ne fut pas le cas pour la Converj. Quatre ans plus tard, Cadillac dévoilait effectivement, encore au Salon de Detroit, une version de série de ce beau coupé maintenant baptisé ELR.
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La marque de luxe plus que centenaire de GM annonçait du même coup que la production de ce nouveau modèle débuterait en fin d’année 2013 à l’usine Hamtramck, tout près du cœur industriel de Detroit. Elle a tenu cette promesse puisque les premières ELR ont été livrées en décembre.
Silhouette presque identique
Chose rarissime, la ELR ressemble trait pour trait et détail pour détail au prototype Converj dont elle est directement inspirée. Sur photo, on a grand-peine à remarquer la moindre différence entre les deux. La plus évidente est la paire de rétroviseurs classiques qu’on a greffés à la ELR parce que le prototype était plutôt équipé de caméras, une technologie qui n’est pas encore acceptée pour des voitures de série.
Derrière sa grande calandre quadrillée, typique des Cadillac modernes, la ELR a par exemple conservé les volets « actifs » qui se referment lorsque le groupe propulseur ne requiert pas un maximum d’air frais pour le refroidissement. Question de soigner son aérodynamique.
Pourtant, malgré cette calandre qui se rend plus lisse et une silhouette de vaisseau spatial, la ELR affiche un coefficient de trainée assez ordinaire de 0,305. On peut pointer, entre autres, ses pneus de taille 245/40R20, nettement plus larges que les gommes format 215/55R17 de sa cousine écolo, la Chevrolet Volt, dont le coefficient de trainée est de 0,281. Et ce sont des pneus à faible résistance au roulement, alors que la Cadillac roule plutôt sur des pneus de performance.
Mécanique et architecture connues
Les liens et ressemblances entre la ELR et la Volt sont forcément nombreux puisque Cadillac a tenu une autre promesse en dotant la première d’une version légèrement modifiée du groupe propulseur électrique à autonomie prolongée Voltec de la seconde. Le constructeur affirme que 80 % des composantes de la ELR lui sont exclusives. Les deux voitures sont néanmoins construites sur la même architecture Delta II de GM.
Avec sa silhouette élancée de coupé, la carrosserie de la ELR est plus longue que la Volt de 226 mm, sur un empattement allongé lui-même de 10 mm, même si elle a deux portières en moins. Elle est également plus large de 59 mm et plus basse de 19 mm. Rien d’étonnant là non plus. C’est le prix du look d’enfer et ça explique encore mieux l’aérodynamique moins favorable.
La ELR dispose de la même batterie de propulsion que la Volt. Ses 288 éléments au lithium-ion sont contenus dans le même grand boitier en forme de T et refroidis par liquide et sa puissance de 16,5 kWh est identique. Son moteur d’appoint, dont la mission première est de recharger cette immense batterie, est le même quatre cylindres Ecotec à essence de 1,4 litre et 84 chevaux.
La ELR offre pourtant une autonomie totale de 480 km alors que la Volt peut rouler jusqu’à 611 km en tout. La faute à un moteur électrique plus puissant de 135 kW, contre les 111 kW de la Volt, mais aussi à l’aérodynamique moins favorable, aux pneus plus gros et à un poids supérieur de 131 kilos. C’est une Cadillac, après tout, donc une voiture de luxe encore mieux équipée, dont l’insonorisation est plus poussée. Ces choses-là ont un poids, et un cout...
L’autonomie en propulsion électrique de la ELR serait d'environ 56 km après une recharge de 4,5 heures sur une borne de 240 volts. C’est très près des 61 km de la Volt. Comptez 12 heures pour la recharge sur un circuit de 120 volts avec ce que Cadillac appelle le « chargeur de voyage ».
Luxe et confort, à l’avant…
La nouvelle ELR se démarque encore plus nettement de la Volt quand on ouvre ses grandes portières. On y voit et on y touche du cuir partout alors que la Volt nous rappelle toujours qu’on est à bord d’une voiture écolo conçue, entre autres, pour donner bonne conscience.
Au tableau de bord, des surfaces laquées noires façon piano et des moulures en vraie fibre de carbone. Les instruments et affichages sont un mélange assez réussi de ce qu’on retrouve dans les Cadillac les plus récentes et des tableaux clairs et informatifs de la Volt pour suivre et régler le fonctionnement du groupe propulseur, le niveau de charge de la batterie, les quatre différents modes de conduite, etc. Passons rapidement sur l’interface de contrôle CUE de Cadillac dont les commandes à la console centrale sont toujours aussi imprécises et frustrantes au premier abord.
Le volant est impeccable et derrière sa jante enveloppée de cuir, de chaque côté, on trouve des manettes en aluminium qui permettent d’activer la récupération d’énergie et de ralentir la voiture sans toucher la pédale de frein, plutôt qu’à changer les rapports. Une nouveauté que Cadillac a baptisée « récupération sur demande » (traduction libre). C’est une bonne idée et plutôt amusant, même si le ralentissement est assez fort et que les manettes ne permettent pas de le doser. Bonne chose que les feux de frein s’allument!
Les sièges, bardés de cuir épais, sont bien sculptés, confortables, pas loin d’opulents. À l’avant du moins. Cadillac présente la ELR comme une 2+2 mais dans son cas, la somme n’est pas quatre places. En tout cas, pas pour deux adultes à l’arrière... Et il faudra choisir ses enfants petits! Avantage net à la Volt dont la soute est également plus vaste que le coffre de la ELR qui fait seulement 255 litres. Au moins, il y a une trappe pour passer des skis.
Comme un vrai en plus « vert »
Notre premier galop d’essai dans la ELR s’est résumé à une courte balade en Montérégie par un après-midi pluvieux et 15 kilomètres d’autonomie électrique à partager avec un collègue. C’est tout ce qu’on avait réussi à remettre dans la batterie de propulsion après la séance d’essai du matin.
La ELR accélère avec un bel enthousiasme et avec la même fluidité magique de la Volt en mode électrique. De manière plus feutrée, dans un silence encore plus complet. Avec ses 207 chevaux, elle devrait être plus vive en accélération que la Volt, cotée à 149 chevaux, qui boucle le 0-100 km/h en 9,8 secondes. Avec son poids supérieur, elle devra le prouver.
Ce n’est qu’à la toute fin de notre court essai que nous avons pu entendre le bourdonnement étrange du moteur à essence qui se met soudain à tourner à bon régime pour maintenir le niveau de charge minimal de la batterie, sans rapport avec la vitesse. Espérons que GM remplacera bientôt ce moulin par un groupe plus moderne et raffiné qui réduirait également la consommation lorsqu'au bout de l’autonomie électrique.
Pour la conduite, la ELR est sans reproche. Elle est agile et précise comme les meilleures Cadillac actuelles, les ATS et CTS. Elle offre également un confort et une douceur de roulement plus que louables, même sur les surfaces rugueuses et bosselées, truffées de nids-de-poule tout frais que nous avons placés sur son chemin. D’autant plus impressionnant lorsqu’on songe qu’elle roule sur des pneus anticrevaison montés sur des jantes de 20 pouces. Assez maniable aussi, malgré un diamètre de braquage plus grand que la Volt (11,7 vs 11,0 mètres). Sans doute la faute de ses pneus plus larges.
La seule question qu’on se pose, avec la ELR, est de savoir si elle vaut les 78 250 $ que demande Cadillac. Une note qui était passée à 84 805 $ pour notre voiture d’essai. Eh oui, on peut se payer deux Volt pour cette somme mais sans la kyrielle d’accessoires et de systèmes, l'allure spectaculaire, le cuir et le reste. D’ailleurs, une voiture de luxe vaut-elle jamais le prix qu’on en demande?
La Cadillac ELR n’est certes pas une bombe comme la Tesla Model S, la vedette de l’heure, à laquelle on la compare immanquablement. Pas aussi spacieuse non plus. Elles ne sont pas de la même catégorie, de toute manière. Ce coupé ELR unique et superbe demeurera probablement rare et sera nul doute aussi fiable que la Volt. Chose certaine, c’est une voiture pleinement réussie, ce qu’on n’aura jamais pu dire des Allanté ou XLR d’il n’y a pas si longtemps.