Smart electric drive 2014: Inquiétude, attente et culpabilité
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Lorsque les discussions portent sur les voitures électriques, la plupart des gens soulignent qu’un véhicule alimenté par une batterie ne doit pas être très pratique en hiver. En effet, le froid réduit l’efficacité de la pile et diminue par le fait même le rayon d’action.
C’est du moins la théorie, mais je n’avais jamais été en mesure de le vérifier personnellement. C’est donc sans hésitation que j’ai accepté d’essayer une smart à propulsion électrique en février dernier. Depuis le temps qu’on en parle, c’était l’occasion de passer à l'action. Avec l’hiver capricieux que nous avons connu, il faisait -24 °C lorsque j’ai pris le volant de la voiture. On ne pouvait trouver de conditions plus difficiles. J’allais finalement pouvoir effectuer un essai « rigoureux » d’une voiture électrique.
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Une bonne idée à priori
Tant qu’on n’aura pas mis au point des piles permettant un rayon d’action de 300 kilomètres et plus, les voitures électriques demeureront des véhicules de proximité surtout appréciés pour de courts déplacements. Pour l’instant, il s’agit d’une citadine de premier ordre ou une seconde voiture familiale en banlieue pour faire ses courses dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres.
La smart se prête bien à cette vocation car elle est légère, ce qui permet d’obtenir un rayon d’action d’un peu plus de 100 km. Le constructeur parle de 145 km dans des conditions optimales, mais il est prudent de conserver une petite gêne et envisager 100-110 km d’autonomie. Soulignons au passage que les ingénieurs ont fait appel à de multiples astuces afin de réduire la consommation au maximum.
Et contrairement à la première génération, les performances sont quand même de bon ton alors qu’il faut un peu plus de 11 secondes pour atteindre 100 km/h départ arrêté, tandis que la vitesse de pointe est de 125 km/h. Ce qui n’est pas mal pour une microvoiture à moteur électrique. Ses performances en conduite urbaine sont intéressantes puisque le 0-60 km/h se boucle en moins de cinq secondes, ce qui nous permet de suivre le flot de la circulation et même parfois de le devancer sans problème. Mais toutes ces statistiques sont pour des conditions idéales, voyons ce qui se passe si le mercure plonge vers les bas-fonds du thermomètre.
Homogène et angoissant
Lorsque j’ai pris possession de ma smart électrique, la première chose que j’ai notée, c'est que cette voiture est nettement plus agréable à conduire que la version à moteur thermique. L’auto n’est pas handicapée par la transmission poussive du modèle à essence qui effectue les passages de rapport avec lenteur et par saccades. La boite à rapport unique de la version électrique permet d’obtenir des accélérations linéaires et de bonnes reprises. De plus, la direction m’a semblé plus précise.
Mais je n’ai pas tellement eu le temps d’apprécier la conduite après avoir jeté un coup d’œil sur le cadran indiquant l’état de charge de la batterie et le rayon d’action de la voiture... Ça fondait comme glace au soleil! Pourtant, selon le cadran indicateur de mon type de conduite, j’étais 100 % écolo.
Tant et si bien que mon autonomie est passée de 110 km à 38 km après avoir voyagé du bureau régional de Mercedes-Benz sur le boulevard Saint-Jean dans l’ouest de l’ile jusqu’à l’édifice TVA sur le boulevard De Maisonneuve. Une distance d’environ 32 kilomètres. Ce qui signifie que ce trajet a épuisé l’équivalent de 78 kilomètres. C’était inquiétant car il me restait 20 kilomètres à parcourir avant d’arriver chez moi.
Je quitte cet endroit trois heures plus tard après l’enregistrement de l’émission Le Guide de l’auto à MAtv. Malgré cette attente par grand froid, l’autonomie est toujours de 38 kilomètres, c’est au moins cela de gagné. À mon arrivée à la maison, mon angoisse de manquer d’énergie s’est évanouie le cadran indiquait que je pouvais parcourir 18 kilomètres avant que la batterie ne soit épuisée. Mais ce n’était que le début de mes peines…
Branche, pitonne, téléphone
Ce soir-là, je décide de ne pas brancher la voiture immédiatement, histoire de voir si la pile allait perdre de sa puissance. Puis, en fin de soirée, je vais la brancher. Pour découvrir que le fil servant à la recharge n’est pas assez long. Je vais donc chez mon voisin pour lui demander si je peux me servir de sa prise de courant extérieure. Avec cette voiture, il est interdit d’utiliser un fil d’extension. Après avoir stationné ma petite merveille à quelques pieds du mur où se trouve la prise électrique, je retourne chez moi, confiant que la pile sera revigorée le lendemain matin.
Presque à l’aube, je m’empresse d’aller vérifier si la pile est chargée. Il fait encore un froid de canard et j’ai l’impression de prendre place dans un frigo lorsque je m’assois derrière le volant. À mon grand découragement, la pile ne s’est pas rechargée. L’autonomie est de 8 kilomètres. Inquiet, je potasse le manuel du propriétaire pour découvrir que les instructions sont vagues et manquent nettement de clarté. Je téléphone chez un concessionnaire pour parler à un technicien. Avec celui-ci, je repasse les étapes du branchement de la fiche électrique et du programme de gestion de la pile. Je n’ai rien fait de mal. Tout devrait fonctionner.
Je retourne à mon bureau et laisse ma petite merveille bien branchée, non sans avoir vérifié si la fiche était en circuit.
Plateforme et culpabilité
En fin de compte, la smart électrique est restée branchée pendant trois jours et rien ne s’est passé. La pile refusait de se charger. Comme une autonomie de huit kilomètres était insuffisante pour aller où que ce soit, j’ai eu recours au service routier d’urgence de Mercedes-Benz. La smart est retournée chez le concessionnaire sur une plateforme. Avouez que pour un chroniqueur automobile, c’est assez humiliant de ne pas avoir pu résoudre l’énigme de la batterie!
Je me sentais coupable et croyait avoir endommagé la pile en ne branchant pas l’auto dès mon arrivée à la maison. Heureusement, tel ne fut pas le cas! Une fois chez le concessionnaire, l’auto est restée à l’intérieur, au chaud, pendant quelque temps avant d'être branchée. La batterie a pris du mieux et affiché une pleine charge quelques heures plus tard.
Cet essai tronqué et stressant m’a convaincu que les voitures électriques n’apprécient pas les froids sibériens, qu’il faut pratiquement avoir un garage chauffé et qu’il ne faut pas trop attendre avant de brancher sa voiture une fois arrivé à destination, surtout en hiver. Si je me souviens bien, le technicien m’a parlé d’un délai de quatre heures tout au plus avant que le système qui tient la pile au chaud manque de puissance. C’est noté pour la prochaine fois.
En attendant, j'ai beaucoup appris sur les voitures électriques en hiver, en plus de découvrir une smart nettement plus agréable à conduire. Malheureusement, dame Nature est venue saboter mon essai.