L'Amérique en Tesla, le retour à la maison!

La voiture électrique inquiète bien des gens. Aux yeux de plusieurs, elle impose un stress difficile à supporter en raison d’une autonomie qui oblige à voyager différemment.

La plus autonome d’entre elles, la Tesla Model S réussit à calmer les inquiétudes, mais encore faut-il dénicher les bornes de ravitaillement permettant de recharger les batteries à un intervalle variant de 375 à 425 kilomètres. Le Québécois, Stéphane Pascalon, propriétaire d’une Tesla Model S et président du club éponyme a voulu démontrer qu’il est possible de franchir de longues distances avec un minimum de précautions. Il s’est donc lancé dans l’aventure de rallier la Californie à partir du Québec et d’en revenir, sans consommer une seule goutte d’essence. Voici son journal de bord. (Jacques Duval)  

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500 kilomètres sur une charge

La descente des plaines du Kansas vers Topeka KS nous a poussés à tenter une grosse étape. Nous partons à 1 400 m d’altitude et nous devrions finir la journée à 300 m environ, avec une pente quasiment constante. La première charge se fera à 480 km de notre point de départ (nous partons avec 435 km d’autonomie en charge pleine le matin), donc il s’agira de faire 10 % de mieux que ces 435 km.  Et pas de sauvetage possible, il n’y a que des champs de maïs… Fini le « range anxiety » àa ce stade du voyage, nous sommes très confiants.

Le fort vent dans le nez nous a beaucoup pénalisés dans notre trajet du jour, mais il ne nous a malgré tout pas empêchés (compensé par le dénivelé) de faire 476 km sur une charge avec 24 km restants (soit exactement 500 km sur une charge à 90 km/h et avec une voiture pleine, c’est plutôt fort).

Le tour du monde en 90 jours

Bref, sans vent et sans charge de passagers, les 400 miles (644 km) sont faisables sur ce trajet en roulant à 40 miles/heure (ou 64,4 km/h, la vitesse minimale sur la US-70) en été et sans pluie. À travers tout ça, nous voilà maintenant avec 10 000 km au compteur, en 22 jours. À ce rythme, en 90 jours, on fait le tour du monde! La suite nous a menés à St. Louis, MO, Terre Haute IN, Columbus OH, et Auburn Hills, MI, avant notre retour au Canada.

Concept bien pensé vu à Indianapolis : à l'aéroport, le bout des pistes d’atterrissage – qui est généralement garni d’herbe et de lumières – est recouvert de panneaux solaires. Je me demande toutefois s’il y a des risques d’éblouissements pour les pilotes... Mais autrement, c’est une brillante idée pour générer de l’énergie.

À notre arrivée au sud de Detroit, nous sommes pris sous un orage qui déverse un véritable déluge sur la route. Sous la pluie battante, la voiture se comporte bien. Les essuie-glaces en position automatique sont parfois un peu fébriles et ne savent plus trop quelle vitesse prendre, mais l’étanchéité de la voiture est correcte concernant l’habitacle. Ce déluge a entrainé des quantités d’eau importantes sur la route, tellement qu’à 2 endroits, il y avait plusieurs pouces d’eau. Heureusement, jamais suffisamment pour venir effleurer le dessous de la voiture, et nous avons traversé ces mares sans problèmes, mais avec quelques inquiétudes quand même. L’impact de la pluie pourrait faire croire que les essuie-glaces consomment énormément d’énergie. En fait, c’est la résistance que l’eau ajoute qui fait que même à faible vitesse, nous avons eu une consommation supérieure d’environ 15 % à vitesse équivalente sur le sec. Bref, neige et pluie = prévoir de la marge en autonomie.

Retour au Canada

Nous voilà au Canada! La boucle américaine est complétée. La conversion des miles en kilomètres change un peu les calculs. Arrêt à Toronto, au magasin Tesla pour charger 30 min, le temps de rencontrer l’équipe (qui est maintenant composée de 10 personnes). Sentiments mitigés à Cobourg : on est content d’avoir presque bouclé la boucle, mais déçus que cela finisse…

Bien que nous n’ayons pas vraiment éprouvé la peur de manquer d’autonomie en aucun moment du trajet, il y avait constamment la peur de ne pas avoir une charge suffisante. À ce jour, les deux craintes ont disparu, car finalement il existe toujours une solution le soir, c’est le 110 V. Cela ne permet pas d’aller là où l'on veut, mais ça permet de passer la nuit afin d'avoir, le lendemain matin, suffisamment de charge pour obtenir des options intéressantes pour faire le plein.

Retour au bercail après 29 jours, presque 13 000 km, soit près de 450 km par jour, soit presque l’équivalent d’une pleine charge (440 km). La route restera tracée à jamais sur l’écran de navigation. Vous remarquerez sûrement que les points de charge sont un peu plus espacés au retour qu’à l’aller. Non pas qu’il y en avait moins, mais nous étions nettement plus confiants au fur et à mesure de notre odyssée.

Le lendemain de notre arrivée, visite au centre de service qui confirme que tout va pour le mieux sur la voiture. Les pneus sont les éléments qui ont le plus souffert, mais ils seront suffisants pour finir l’été (compter maximum 25 000 km sur un jeu de pneu d’été, en s’assurant de faire la rotation entre 10 et 15 000 km.) Tesla nous a rendu la voiture en moins d’une demi-journée, après avoir fait un diagnostic informatique, et c’est tout.

Merci de nous avoir suivis dans cette folle équipée. J’espère que vous avez aussi profité de ce voyage! Je peux vous dire qu’aujourd’hui, je ne trouve plus aucune bonne raison de ne pas conduire une voiture électrique. La machine est en marche, il reste du chemin à faire, continuons de tracer la route. Merci Tesla Motors!

Stéphane Pascalon, www.clubteslaquebec.ca