Vert, vert pâle et vert foncé…

Depuis l’an dernier j’ai eu le plaisir de rédiger les textes de la section ‘dernière heure’ du Guide de l’Auto, en plus de la section ‘prototypes’ dans l’édition 2009. Or, je n’avais jamais utilisé à ce point les expressions, moteur hybride, moteur électrique, pile à combustion, CO2, Bluetec, BlueMotion, iBlue et j’en passe.

Actuellement tous les constructeurs à travers la planète, du plus petit au plus grand, du plus endetté au plus fortuné, sont à la recherche de la technologie la plus économique, leur permettant de se démarquer et surtout de nous mettre à l’abri des fluctuations des prix du pétrole et par conséquent de devenir de nouveaux citoyens protecteurs de l’environnement.

A la lumière de toutes ces technologies qui pointent à l’horizon, on découvre que les approches des constructeurs diffèrent grandement, même si tous ces derniers développent des prototypes à motorisations turbo-diésel, hybrides, à pile à combustion et à l’électricité. Cette différence fondamentale, on la retrouve sur le terrain par l’utilisation de solutions qui sont généralement propres à leurs marchés locaux, qu’ils soient en Amérique, en Europe ou en Asie.

L’approche américaine

Bien que les constructeurs américains peinent à survivre par les temps qui courent, ils ne peuvent passer outre à la recherche de motorisations alternatives et pour le moment ils mettent l’emphase sur les technologies hybrides qui actuellement bénéficient d’une grande notoriété,  notamment grâce aux succès remportés par Toyota avec son modèle Prius.

De son côté General-Motors bénéficie lui aussi d’une bonne couverture médiatique, entre autres par le dévoilement de sa Chevrolet Volt à motorisation hybride. Mais au-delà des prouesses technologiques de cette voiture, l’offre de versions hybrides aux gros VUS Chevrolet Tahoe et GMC Yukon aurait pu devenir une solution plus qu’acceptable afin de sauver ces produits. Or, GM vient tout juste d’annoncer que ces derniers allaient être éliminés du catalogue de ses produits à compter de l’année modèles 2011.  Une économie de 2 milliards de dollars. Mais grâce à ses filiales européennes et sud-coréennes, GM pourra offrir sous peu, de nouveaux modèles plus économiques, dont la Chevrolet Cruze qui a fait bonne impression au salon de Paris. La voie du biocarburant E85 sera de plus en plus utilisée, notamment chez Saab et autres produits de la marque.

Chez Ford, lorsque l’on parle de véhicules écologiques, le nom qui nous vient tout de suite à l’esprit est l’Escape hybride. On compte également chez ce constructeur, sur plusieurs nouvelles motorisations rééquilibrées, afin d’offrir un gain en économie de l’ordre de 8%, sans oublier une utilisation plus prononcée de transmissions automatiques à six rapports.  Au cours des prochaines années, six modèles conçus par Ford Europe serviront de base au développement de nouveaux produits moins énergivores, qui seront assemblés chez nos voisins, pour le marché nord-américain.

Bien que Chrysler LLC nous ait annoncé son intention de développer des véhicules 100% électriques, ce dernier concentre actuellement toutes ses énergies au niveau de ses négociations avec General-Motors en vue d’une fusion possible entre ces deux grands malades. Personnellement, je préfère nettement voir l’alliance stratégique avec le groupe Renault/Nissan se développer. D’ailleurs ces derniers collaborent déjà au développement de nouveaux produits dits complémentaires. Nissan travaille sur un modèle compact sur la base du modèle Versa pour Chrysler et ce dernier offrira son aide à Nissan en vue d’offrir des produits utilitaires communs. Comme par hasard et ce à l’instar de GM, il vient lui aussi de mettre fin à son projet d’offrir des versions hybrides de ses VUS Chrysler Aspen et Dodge Durango.

En Amérique du sud, tel au Brésil où 75% du parc automobile s’abreuve en biocarburant E85 (éthanol/essence), il n’est donc pas rare de voir les véhicules produits dans ces pays par Volkswagen, Ford, Renault et bien d’autres, utiliser cette sorte de carburant. 

L’approche asiatique

Les constructeurs japonais Toyota en tête et suivi de près par Honda, demeurent les leaders mondiaux dans l’offre de véhicules hybrides. Actuellement Toyota dispose de six produits distincts, moitié-moitié entre les branches Toyota et Lexus. L’iconique Prius va se développer à la vitesse grand ‘V’. Dans un an tout au plus la 3ième mouture sera disponible et elle sera assemblée en sol américain. Une version haut de gamme portera le nom de Lexus et on parle de plus en plus de développer plusieurs déclinaisons de cette voiture dont une familiale, un coupé et possiblement un véhicule multisegment compact.

Pour Honda, on annonce l’arrivée prochaine d’un nouveau modèle hybride, la Insight dont les lignes ne sont pas sans rappeler celles de la Prius, sa future rivale. La commercialisation limitée et ciblée de la Honda FCX Clarity à pile à combustion va devenir un tournant majeur dans le développement de ce type d’énergie. L’an prochain une version hybride de la petite Honda Fit et une version à moteur turbo-diésel de la grande Honda Accord viendront enrichir le parc automobiles ‘vert’ du constructeur.

Bien que très discrets, tous les autres fabricants japonais s’affairent eux aussi à développer leur solution miracle. Suzuki vient d’obtenir le feu vert du gouvernement japonais, afin que ses modèles SX4 à pile à combustible puissent circuler sur les routes. Au Japon, Mitsubishi semble mettre l’emphase sur le développement de moteurs électriques, tandis que Nissan reste ouvert aux différentes avenues qui lui seraient favorables, en partenariat avec d’autres constructeurs tel Chrysler LLC. Subaru propose cette année des modèles Legacy et Outback bénéficiant de la technologie PZEV à super ultra faibles émissions (SULEV) répondant aux normes Californiennes et certifiée Smartway par l’Agence américaine de protection de l’environnement. Cette technologie a la propriété de brûler complètement l’essence dont les émanations qui suivent sont 90% plus propres que celles d’un véhicule à moteur atmosphérique conventionnel.

Le groupe Hyundai/Kia commercialise depuis peu son modèle Avante (Elantra) hybride en Corée du Sud. Au salon de Paris, ils nous ont présentés des versions hybrides du Hyundai Santa Fe et du Kia Soul, sans oublier la présence d’un Kia Sportage à pile à combustible. Chez ces constructeurs, on semble donner préséance aux motorisations hybrides.

L’approche européenne

En Europe où le prix de l’essence dépasse toute logique depuis bon nombre d’années, la moteur diésel s’est imposé et représente aujourd’hui plus de 60% du parc automobiles, dans certaines régions. Au cours des dernières années, on a développé une nouvelle génération de moteurs diésel et turbo-diésels propres, silencieux, inodores et surtout plus économes et verts.

Pour nous en Amérique, c’est Volkswagen qui en est le pionnier et il nous revient cette année avec sa nouvelle Jetta TDI dont la consommation moyenne s’élève 6,7 li/100 km. Audi est sur le point d’introduire une version TDI du modèle Q7 offrant une économie équivalente de celle d’une berline intermédiaire. Suivra une version A4/A4 Avant TDI et possiblement d’autres modèles au cours des prochaines années. Mercedes-Benz présente déjà sa berline de Classe E avec une telle motorisation et le VUS de Classe M Bluetec va bientôt la rejoindre. BMW a également des projets en ce sens qui devraient prendre vie en Amérique dès l’an prochain. Toujours chez BMW, mais cette fois-ci du côté des voitures Mini, on s’apprête à offrir 500 exemplaires de ces petites voitures mues uniquement à l’électricité, en Californie ainsi que dans les états de New York et du New Jersey. Elles seront utilisées pendant un an par des particuliers et des entreprises, à titre expérimental, et seront retournées à leurs usines de fabrication pour expertises.

Même les fabricants chinois, indiens et russes travaillent au développement de motorisations plus propres. Toutefois, ces derniers devront s’appuyer sur le savoir faire des constructeurs occidentaux, qui d’ailleurs s’implantent de plus en plus dans ces nouveaux marchés en pleine émergence.

Le sport automobile

Le monde de la course automobile va devoir lui aussi passer en mode écolo et ce toutes disciplines confondues, y compris et surtout la F1. D’ailleurs la FIA peaufine actuellement un programme de dégraissage des moteurs V10 et V12 qui pourraient être remplacés par des moteurs turbocompressés de quatre ou six cylindres. Au cours des cinq dernières années, Audi a remporté la course des 24 heures du Mans grâce à l’excellence de ses moteurs V10 TDI plus propres, même si leur puissance dépasse les 600 chevaux.

Cette fois-ci est la bonne, peut-être suis-je naïf, mais il est clair que l’humanité toute entière a un urgent besoin de soigner sa planète et de se libérer du joug des pétrolières. Oui, on passe actuellement en mode écolo, mais d’abord et avant tout pour notre bien être individuel qui multiplié par des millions de citoyens à travers le monde, auront pu passer à travers bien des obstacles et offrir une vie plus saine à nos enfants et petits enfants, sans pour autant devoir tout détruire ce qui nous entoure et cracher sur tout ce qui existe entre deux et dix roues…

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