AMC Rebel The Machine 1970: Si vous deviez vous battre contre GM, Ford et Chrysler...

Au printemps 1964, une petite équipe d’ingénieurs de General Motors descendirent un V8 de 389 pouces cubes dans une très ordinaire compacte Pontiac Tempest. Foutre un gros moteur dans une petite voiture avait déjà été fait plusieurs fois mais jamais par un manufacturier automobile. L’option GTO était née et, à sa suite, une pléthore de voitures toutes plus puissantes les unes que les autres. La belle époque des muscle cars débutait.

Si GM fut le précurseur de ce lucratif marché, Ford et Chrysler foncèrent tête baissée dans la brèche qui venait d’être créée. American Motors Corporation, le quatrième joueur américain, lui, se contentait de regarder passer la parade des chevaux. À tel point que ses voitures, déjà peu performantes, passaient maintenant pour des limaces. On a beau être le plus petit d’une famille de quatre, on ne doit pas s’en laisser imposer pour autant!

AMC veut être pris au sérieux

Pour 1967, AMC remaniait sa gamme Rambler Classic et la rebaptisait Rebel, tout simplement. À ce moment, AMC offrait quatre modèles (Rambler American, Rambler Rebel, Marlin et Ambassador), mais rien qui aurait pu faire entrer un amateur de performance dans les salles d'exposition. Bien sûr, en jouant le jeu des options, un client pouvait toujours opter pour le Rebel SST, doté d’un V8 de 343 pouces cubes déballant pas moins de 280 chevaux. Ce SST reviendra l’année suivante. Parmi les nouveautés de 1968, mentionnons deux voitures qui feront école, les sportives Javelin et l’AMX.

En 1969, AMC commence à passer aux choses sérieuses. Le Javelin et le Rebel SST reçoivent le V8 de 390 pouces cubes du biplace AMX. D’un autre côté, on retrouve le Hurst SC/Rambler qui reçoit ce moteur et qui amène les amateurs de puissance à considérer AMC. En cette année où l’homme marcha sur la lune la première fois, American Motors avait un Rebel bien spécial caché dans sa manche…

Machine de guerre

Le Rebel SST allait continuer sa carrière pour 1970 mais il allait être épaulé par un autre Rebel bien moins sage! Ce nouveau Rebel fut dévoilé au public le 25 octobre 1969 à Dallas, Texas, lors d’une compétition d’accélération de la NHRA (National Hot Rod Association). C’est dire à quel point AMC voulait prouver le sérieux de son nouveau Rebel. Baptisé The Machine (en français, La Machine – dans le sens de machine de guerre), ce Rebel aux stéroïdes en mettait plein la vue. Les 1 000 premiers exemplaires étaient blancs et ornés de bandes bleu, blanc et rouge réfléchissantes. Comme si ce n’était pas suffisant, le capot recevait une immense prise d’air surmontée d’un compte-tours, comme sur quelques muscle cars de l’époque (GTO, Firebird, Charger Daytona, etc.). Le slogan de AMC pour 1970 « Si vous deviez vous battre contre GM, Ford et Chrysler, que feriez-vous? » prend soudainement tout son sens… Plus tard dans l’année, différentes couleurs de carrosserie seront proposées avec un capot noir mat mais sans les stripes multicolores et La Machine perdra de sa superbe (du moins selon l’auteur de ce texte).

On en a au moins un au Québec!

Retrouver l'un des 1 000 exemplaires originaux en bon état demande de la patience… et beaucoup de chance! Pourtant, nous en avons déniché un pas très loin, dans la région de Stanstead, au Québec. René Lagueux et ses frères ont toujours été des amateurs de produits American Motors. René désirait ardemment un Rebel The Machine mais comme on n’en voit pas à tous les coins de rue, il doit mettre son projet de côté. Il achète donc le Javelin 1973 de son frère et y installe un V8 de 390 pouces cubes provenant d’un Rebel Machine. Puis, coup du destin, il trouve un Rebel The Machine à Drummondville. Mais dans un état lamentable et sans mécanique. Ce dernier point ne représente pas de problème puisque le 390 quittera le Javelin dès que le Rebel sera en condition pour le recevoir. En attendant, il faut chercher les pièces pour la carrosserie et ça, c’est une autre paire de manches! La rareté de cette voiture fait qu’il n’existe aucune reproduction, contrairement aux Javelin et AMX, plus populaires. Pour régler son problème, René achète un Rebel quatre portes et le démantèle. Après quatre années de restauration, le Rebel The Machine peut enfin faire les expositions.

Le Rebel The Machine, ce n’est pas seulement un gros moteur et une carrosserie flamboyante. Pour s’assurer d’être pris au sérieux, AMC s’associe avec la réputée Hurst Performance, comme il l’avait fait pour son SC/Rambler. Le V8 de 390 pouces cubes développe 340 chevaux et un respectable 430 livres-pied de couple à 3 600 tr/min. La transmission, une Borg-Warner T-10, est une manuelle à quatre rapports et le levier de vitesses est, vous l’aurez deviné, un Hurst. Le différentiel (3.54 :1 ou 3.91 :1 – celui de notre voiture vedette est un 3.54) est à glissement limité Twin Grip. La suspension avant est plus ferme (lire Heavy Duty) que celle du Rebel ordinaire tandis qu’à l’arrière, les ingénieurs ont installé les ressorts plus solides de la familiale, ce qui rend la voiture haute sur pattes si l'on peut dire. Les freins avant sont à disque mais les pneus, des E60x15, sont toujours à plis.

La sobriété, connait pas

Selon René Lagueux, le Rebel The Machine est assez confortable même si la suspension arrière est plutôt raide. La tenue de route ne cause pas de problèmes et le freinage est qualifié de très bon avec ses étriers à quatre pistons à l’avant. Quand on lui demande de commenter la consommation d’essence, René a un petit rire nerveux… Il la situe entre 14 et 15 milles au gallon en conduite normale, soit entre 18 et 20 litres aux cent kilomètres, ce qui n’est pas si mal. Bien entendu, quelques petits plaisirs avec l’accélérateur et la consommation augmente dramatiquement!

Le Rebel The Machine était, dans son temps, une voiture plutôt rare. Elle l’est d’autant plus aujourd’hui. Cette rareté la fait davantage sortir du lot dans les expositions de voitures anciennes (les bandes de couleur ne nuisent assurément pas non plus!) mais affecte sa valeur sur le marché. L’exemplaire de René Lagueux, en parfaite condition, vaut environ 40 000 $. Un Plymouth Road Runner de la même année et dans le même état vaut facilement 60 ou 70 000 $.

En 1971, la ligne Rebel n’est plus, remplacée par l’Ambassador. Cette même année, AMC introduit une drôle de bibitte, la Gremlin. Les choses ne seront jamais plus pareilles…

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