SLS AMG Black Series 2014 : La performance comme raison d'être
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Points faibles | n.d. |
Quand les ingénieurs d’AMG, remplis d’enthousiasme, présentent un nouveau modèle aux comptables de l’entreprise, ils se font souvent répondre que leur petit dernier est spectaculaire sur papier, mais qu’il faudra faire des concessions sur le produit final pour respecter les contraintes de budget, les projections de ventes et d’autres considérations bassement terre à terre. Les Mercedes AMG qui en résultent sont tout de même des véhicules très performants pour monsieur Tout-le Monde, pas de doute là-dessus. Mais ils ne correspondent pas nécessairement à tout ce que les ingénieurs avaient en tête au départ.
En 2006, les ingénieurs en question ont donc décidé d’organiser une conspiration. Objectif : construire des automobiles sans les contraintes de leurs collègues compteurs de sous. Le nom de leur groupe : AMG Performance Studio. Depuis, cette équipe a réalisé, en petites quantités, des autos très rares et extrêmement rapides. Elles portent l’appellation Black Series.
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Les gens du studio Performance d’AMG comptaient seulement quatre modèles délinquants à leur actif jusqu’ici : les SLK55, CLK63, SL65 et C63. Voici maintenant, la SLS AMG Black Series 2014. En 2012, j’avais pu essayer en piste la C63, à Laguna Seca. Récemment, j’ai eu la chance de piloter la SLS au circuit de Willow Springs, en Californie.
Une fiche technique solide
La SLS Black Series coûte 294 000 $, soit 76 100 $ de plus que la SLS GT. Avec ces quelques dizaines de milliers de dollars supplémentaires, vous obtenez notamment 622 chevaux, gracieuseté d’un V8 de 6,3 litres assemblé à la main. Ce moteur produit 39 chevaux de plus qu’en version GT et son couple – de 468 lb-pi – est légèrement moins élevé (479 lb-pi). Côté régime, il grimpe jusqu’à 8000 tr/min, soit 800 de plus que pour la GT. C’est le moteur à essence le plus puissant jamais offert par AMG. La cavalerie est livrée aux roues arrière par l’entremise d’une transmission à sept rapports avec double embrayage, montée sur le pont arrière.
La version Black Series donne également droit à d’énormes disques en carbone et céramique, à des roues forgées plus légères et à des pneumatiques Michelin Pilot Sport Cup 2 très adhérents et très larges : 275/35-19 à l’avant et 325/30-20 à l’arrière. La suspension adaptative ajustable est nettement plus ferme que sur la GT et la portée des roues a été élargie de 20 mm à l’avant et de 23 mm à l’arrière.
AMG a pris de nombreuses mesures visant à sauver du poids. Par exemple, le capot, de même que certains éléments du châssis et de la structure, sont en plastique renforcé de fibre de carbone. Une batterie au lithium-ion remplace la batterie conventionnelle. Le système d’échappement est en titane et le tube de stabilisation (torque tube) est en fibre de carbone. Résultat : la SLS Black Series a perdu 70 kg et elle affiche un poids à vide de 1550 kg.
Vitesse pure et tenue de route sans compromis
Sur le circuit, on nous a permis de faire autant de tours de piste que nous le souhaitions pendant la durée de la période d’essai, toujours en suivant le pilote de tête à bord d’une SLS GT. Ce pilote d’AMG ajustait le rythme en fonction de notre capacité à le suivre. Ce qui veut dire que nous avons roulé vite – très vite – et que nous avons pu explorer le potentiel de la Black Series en la pilotant dans les conditions pour lesquelles les ingénieurs l’ont conçue, c’est-à-dire près de la limite sur un circuit fermé.
La seule restriction était de ne pas désactiver le système antipatinage (ESP). Il permet trois niveaux d’intervention : On, Sport, Off.
Il est difficile d’embarquer dans une SLS avec grâce et élégance... Il faut trouver un appui quelque part, glisser un pied à l’intérieur, pivoter vers l’arrière, et se laisser choir sur le siège. Ensuite, il faut s’étirer vers l’extérieur pour atteindre la poignée de la porte-papillon et la fermer... Une fois à bord, toutefois, le poste de pilotage est bien adapté et il nous tient bien en place, comme si on était assis dans une main géante. De plus, même si la ligne de toit de la SLS est élancée, il y a assez d’espace pour la tête, même avec un casque.
J’ai eu amplement l’occasion d’essayer les différents modes de conduite (C, S, S+ et manuel - pour Confort, Sport, Sport + et.. Manuel) de même que les deux ajustements de suspension, Sport et Sport+ (qu’on pourrait traduire par ferme et super ferme!). Finalement, j’ai opté pour le mode de conduite manuel avec ESP au niveau Sport et suspension au moins ferme.
Avec l’ESP en niveau Sport, toute la puissance du moteur est disponible. De plus, le système permet assez de patinage pour faire déraper le train arrière comme on veut dans les sorties de courbe, mais sans risquer de l'échapper. J’ai opté pour la suspension moins rigide parce que la piste était passablement cabossée dans certaines sections.
La SLS Black Series est une voiture extrêmement rapide. Elle offre du couple à la tonne à bas régimes; et si vous mettez l’accélérateur à fond en ligne droite, elle vous tiendra bien collé au fond de votre siège tant que vous ne relèverez pas le pied.
La sonorité des échappements est un peu moins « méchante » que sur la C63 Black Series, mais la musique du moteur est tout de même absolument enivrante. « Si le son est différent, explique Mario Spitzner, directeur du marketing chez AMG, c’est simplement parce que le design et la longueur de l’échappement sont différents. Nous ne prenons pas de mesures délibérées pour adoucir le son de nos moteurs, ni pour l’accentuer avec des ajouts électroniques comme certains de nos concurrents. »
La précision de conduite est absolument ensorcelante. Même en entrant très vite dans une courbe serrée, la SLS n’affiche pratiquement aucune tendance naturelle au sous-virage. Pour que le devant cherche à glisser un peu, il faut le faire exprès ou pousser très fort avec des pneus qui commencent à manquer de mordant après d’innombrables tours à vive allure. L’avantage de la répartition des masses 50/50 se manifeste par cette neutralité de conduite et par la solide traction en sortie de virage.
Les énormes freins ralentissent la machine avec une indéniable autorité et je n’ai pas senti de fading même après cinq tours à haute intensité.
Évidemment, il y a un prix à payer pour les performances presque sans rivales de cette routière sur circuit. En roulant à basse vitesse, j’ai réalisé à quel point la suspension est ferme et comme le niveau de bruit est élevé dans l’habitacle. On est loin ici de la berline souple et silencieuse qui trimbale ses occupants dans un cocon. La SLS Black Series est une voiture rugueuse, brutale et... hautement désirable.
Rare, très rare
On pourrait définir la SLS Black Series comme une voiture de course légale pour la route, ce qui n’est pas surprenant quand on sait qu’elle est inspirée de la SLS GT3 de compétition. C’est un véhicule qui élève l’expérience de conduite à sa forme la plus pure. Mercedes n’a pas révélé combien d’exemplaires seront importés au Canada, mais il n’y en aura pas beaucoup, et on dit qu’ils sont déjà réservés. En 2012, seulement 30 C63 Black Series avaient atterri au pays et elles étaient toutes vendues à l’avance. En fait, même si vous avez les moyens d’acheter une SLS Black Series, sa rareté risque de faire en sorte que, tout comme moi, vous devrez vous contenter d’en rêver.