RUSH est-il meilleur que Grand Prix?
C’est à la demande de la sympathique Catherine Perrin, animatrice de l’émission Medium Large sur les ondes de Radio Canada Première, que je me suis glissé dans la peau d’un critique de cinéma. Le mandat? Voir et commenter le récent film de Ron Howard Rush relatant la saison de Formule 1 1976 et principalement l’âpre rivalité qui s’était créée entre James Hunt qui pilotait alors une McLaren-Ford et Niki Lauda, premier pilote chez Ferrari.
En gros, le film n’est pas le navet auquel on aurait pu s’attendre après tant de productions ratées portant sur la course automobile tel le ridicule Driven de Sylvester Stallone. Par ailleurs, Rush ne m’a pas emballé comme l’avait fait à l'époque le film de John Frankheimer Grand Prix mettant en vedette James Garner, Yves Montand et Eva Marie Saint. J’avais d’ailleurs été tellement conquis par cette histoire de fiction que j’avais choisi la musique du film (Maurice Jarre) comme thème de mon émission Prenez le volant qui entra en ondes en 1966, quelques mois après la sortie de Grand Prix.
- À lire aussi: Tom Cruise dans la peau de Carroll Shelby
- À lire aussi: Le film « RUSH » dans votre salon
Cela dit, Rush est une histoire basée sur des faits réels (à part certaines libertés) tandis que Grand Prix est une œuvre de fiction. Quand on compare les deux films, on ne peut que s’étonner que Howard n’ait pas réussi à mieux recréer les scènes de courses. Ses images, spécialement en première partie, manquent de véracité à une époque où la technologie est infiniment plus accessible qu’elle ne l’était dans les années 60 quand Grand Prix a été tourné. Rush abuse d’images saccadées très brèves montées de façon serrée et ponctuée d’un assortiment de bruits mécaniques. Il en résulte une certaine cacophonie étourdissante qui ne correspond pas à la réalité. La course était plus crédible à mon avis dans Grand Prix qui reste le film de référence sur la course automobile avec Le Mans, bon deuxième.
En revanche, je suis sorti du cinéma avec l’impression que l’on a d’abord tourné la scène (très réussie) de l’accident de Lauda ainsi que la fin du film et que le début, plus superficiel, a été fait à la hâte par la suite avec de plus faibles moyens financiers. Cela m’incite à dire que la deuxième partie du film rachète la première. Alors que l’on arrive mal à s’attacher aux personnages au début, ceux-ci deviennent plus humains, plus émouvants en seconde partie.
Le film arrive même à faire sourire quand, par exemple, Lauda et sa blonde se trouvent en panne sur une petite route italienne au volant d’une Lancia. La blonde de Lauda, décolleté aidant, décide de faire de l’auto-stop pour qu’une voiture s’arrête afin de leur prêter secours. Quand une Fiat bondée d’Italiens s’immobilise pour voir ce qui se passe… Non, je n’irai pas plus loin. Vous devez voir le film pour connaître la suite!
En ce qui a trait à l’intrigue de Rush, il est certain que la rivalité entre les deux pilotes a été exacerbée pour les besoins du film. Car, entre vous et moi, Hunt le bambochard n’était pas de la trempe d’un Lauda, imperturbable, appliqué, couche-tôt et, en un mot, très germanique. Il prenait la course au sérieux tandis que Hunt était le casse-cou de son époque.
En somme, et malgré ses faiblesses, il faut voir Rush, ne serait-ce que pour se rappeler que les deux protagonistes du film (Lauda et Hunt) ont joué un rôle capital dans la carrière de Gilles Villeneuve. En effet, c’est après s’être fait battre par Villeneuve à Trois-Rivières que Hunt a recommandé à son patron Teddy Mayer de lui donner un essai. Et quand est venu le temps de remplacer Lauda, qui avait claqué la porte chez Ferrari, le commandatore est allé chercher Villeneuve.
Bon cinéma!