Chevrolet Malibu, la lourde tâche
La pauvre Chevrolet Malibu ne l’a jamais eu facile. Parce qu’elle doit affronter les vedettes de l’importation que sont les Honda Accord ou autres Toyota Camry, elle est rapidement devenue une mal-aimée dans son créneau. Pourtant, personne n’a jamais affirmé que la Malibu était une mauvaise voiture, loin de là. Au contraire, la très prestigieuse firme J.D. Power l’avait même consacrée, il y a quelques années, le « meilleur achat de sa catégorie », en tenant compte du rapport qualité-prix. Mais la rivalité n’est pas que mécanique.
En fait, c’est la réputation des voitures nippones ou européennes qui a eu raison de la pauvre Malibu. Mais Chevrolet, sur sa lancée de renouvellement de voitures et d’accès à des véhicules de nouvelle gamme, a créé il y a deux ans un tout autre style de Malibu que l’on souhaitait être capable de répondre aux attaques des fabricants japonais. Le résultat se fait toujours attendre, bien que cette génération de Malibu soit nettement plus performante que la précédente.
Américaine à l’européenne
Ironiquement cependant, c’est une plate-forme allemande qui sert de base à la Malibu. La Epsilon, que l’on retrouve aussi sur la Saab 93 et sur la Opel Vectra européenne, lui confère, il faut l’admettre, une conduite nettement plus européenne qu’américaine. Demeurons toutefois dans les limites de l’enthousiasme. La Malibu est certainement une berline familiale intéressante, mais ne passera pas à l’histoire. Sur le plan du design par exemple, même si elle est plutôt jolie, sa silhouette n’a rien d’une oeuvre d’art. Cette allure ordinaire correspond cependant aux exigences des acheteurs de ce genre de véhicule. On a bien fait quelques efforts pour la Malibu Maxx, la déclinaison familiale de la gamme avec son hayon distinctif, mais le style demeure classique, proche de l’ennui.
Sous le capot, la Malibu est offerte en deux versions : une version plus pépère, munie d’un moteur 4 cylindres Ecotec de 144 chevaux, et une autre plus sportive, nantie d’un V6 de 201 chevaux qui donne un peu plus de performances. Ce qui ne signifie pas pour autant que les gens à la recherche de hautes performances lorgneront la Malibu ! Elle se contentera plutôt, si l’occasion se présente, de défriser quelques-uns de ceux qui la croyaient incapable d’autant de performances. En fait, sur bien des points de vue, elle fait la grimace à ses rivales, sans aucune hésitation. Mieux encore, si vraiment la performance est importante à vos yeux, vous pourrez vous tourner vers les versions SS de la Malibu et de la Maxx. Cette fois, plus d’hésitation, un moteur de 240 chevaux propulse littéralement les deux petites berlines. Les suspensions révisées font bien leur possible pour suivre, mais avec la SS, elles ne sont pas toujours à la hauteur de la tâche.
Le comptable agréable
Ce qui étonne aussi de la Malibu, c’est sa grande maniabilité et son confort. La plate-forme Epsilon est rigide, facilitant les changements de trajectoire tout en diminuant le roulis. Le résultat est donc une randonnée plus en douceur, même lors des virages plus serrés, et sans avoir à virevolter d’un côté et de l’autre. Comme la voiture est aussi équipée de freins ABS et du système de contrôle de traction sur les modèles les plus haut de gamme (mais demeurent optionnels sur la version de base), on peut certainement parler d’une voiture munie des meilleurs équipements de sécurité. D’un strict point de vue mécanique, les ingénieurs ont bien réussi. Malheureusement, les designers ont un peu faibli quand est venu le temps de concevoir l’habitacle. Disons-le, il n’a rien pour impressionner, ni pour décevoir bien qu’il soit parmi les plus spacieux de sa catégorie. En fait, à force de vouloir rester accessible et de plaire au plus grand nombre, on a plutôt versé dans l’anonymat. On pourrait dire que l’intérieur de la Malibu a le panache d’un comptable agréé vêtu d’un veston beige ! Pas laid, mais on passe devant sans même se retourner...
Bien sûr, parce qu’il s’agit d’une voiture américaine, on retrouve une gamme d’accessoires assez complète. Et selon la tradition GM, le tableau de bord est suffisamment ergonomique pour que toutes les commandes soient faciles d’accès et simples à utiliser. Mais n’empêche, un petit effort supplémentaire aurait permis de donner une vraie personnalité à une voiture dont la conduite est aussi exemplaire. Détail intéressant, la Malibu a été la première voiture de série (elle a depuis été rejointe par d’autres) à être munie sur certains modèles d’un démarreur à distance intégré, ce qui fait hurler de rage les écolos, mais satisfait certainement les automobilistes en hiver. À condition d’être utilisé intelligemment, évidemment.
Parce qu’elle profite d’un coût d’achat très abordable, et parce qu’elle a une conduite irréprochable, la Malibu est un choix intelligent à considérer. Et parions qu’elle redonnera à la marque un petit regain de popularité dont elle a bien besoin.
feu vert
Plate-forme moderne
Puissance au rendez-vous (SS)
Maniabilité étonnante
Rapport qualité/prix
feu rouge
Silhouette peu améliorée
Moteur anémique (4 cylindres)
Habitacle ennuyeux
Suspensions sport perfectibles