Chevrolet Impala, l'antilope et l'embonpoint
Petit conte moderne. Une antilope africaine vivait depuis des années dans sa jungle perdue mais luxuriante, s’empiffrant des jolies feuilles vertes qui l’entouraient en abondance puisqu’elle était presque seule. Mais d’année en année, de nombreux animaux, de toutes tailles et toutes formes, envahirent la forêt, laissant notre pauvre antilope aux prises avec des problèmes d’embonpoint, mais n’ayant plus de nourriture pour se satisfaire. C’est alors qu’elle rencontra un mâle qui la convainquit de faire de l’exercice, et de reprendre la route, afin qu’elle retrouvât son agilité et sa puissance d’autrefois.
Vous l’aurez compris, l’antilope se nomme Impala, et le mâle n’est nul autre que le responsable de Chevrolet qui a enfin décidé les ardents défenseurs de la grosse berline à prendre un virage plus moderne. Mais comme un régime ne se fait pas sans heurts, ni sans certains délais, on avait d’abord amorcé les changements l’année dernière, pour les compléter pour l’année modèle 2007.
Un peu de vitamines
Notre antilope peut compter sur de nouvelles vitamines en 2007, puisque c’est un tout nouveau moteur que l’on dissimulera sous le capot. Exit l’ancien V6 ! On se lance cette année dans l’Active Fuel Management avec une mécanique de 3,9 litres qui, sans être plus puissante, octroiera au moins quelques économies d’essence. Le principe, déjà utilisé par d’autres constructeurs, permet d’éteindre quelques cylindres lorsque la situation de conduite est propice. Par exemple, à vitesse normale de croisière, seulement trois pistons seront actifs, limitant du même coup la soif inextinguible de ce gros moteur tout en n’ayant aucune influence sur la puissance. Pour GM, l’utilisation de ce principe est une première sur un six cylindres, mais on connaît bien la technologie puisque la version SS de l’Impala, affublée du V8 de 5,3 litres, la mettait déjà à profit. La version 3,9 litres du moteur et ses 233 chevaux ne sera disponible que sur les livrées LTZ de l’Impala, alors que les LS et LT devront se contenter d’un moteur de 3,5 litres, légèrement moins puissant (211 chevaux), mais surtout un tantinet plus bruyant en accélération. Évidemment, l’antilope musclée de la famille, la SS, conservera ses quelque 303 chevaux.
La belle trouvaille cependant, c’est que la grosse Impala peut presque devenir végétarienne. Pour quelques dollars de plus (chez les concessionnaires on parle de 250 $), elle peut obtenir le système E85, permettant d’utiliser de l’essence composée à 85 % d’éthanol. Mais ce qui en théorie semble une bonne nouvelle prend des allures d’inutilité dans la réalité puisqu’aucun réseau de E85 n’a encore été mis sur pied au Canada, si ce n’est une ou deux stations-service ici et là...
Au-delà de ses nouvelles composantes mécaniques, la berline ne reçoit que peu de changements esthétiques. Notre antilope ayant reçu l’année dernière les conseils d’un entraîneur privé, elle avait quelque peu rétréci, affinant sa taille et ses courbes, ce que l’on ne retouchera pas cette année. Néanmoins, l’Impala est encore loin d’être une voiture à l’allure raffinée. Sa silhouette (un peu ennuyeuse, sans doute pour passer inaperçue dans les profondeurs de la jungle urbaine) n’a rien de très séduisant, ce qui empêchera possiblement certains amateurs de se tourner vers elle. Autre son de cloche pour l’habitacle cependant qui est probablement le plus réussi de l’histoire de l’Impala. L’espace y est abondant, les sièges confortables sans l’être trop (au grand bonheur d’une clientèle vieillissante), et la planche de bord a un petit je-ne-sais-quoi qui la distingue de la masse, avec ses cadrans faciles à lire, ses commandes à portée de main ne nécessitant pas un cours d’ingénieur pour être comprises. Surtout, l’ensemble correspond fort bien à la personnalité même du véhicule et de sa clientèle.
Sur les sentiers urbains
Au volant, l’Impala compte cependant sur de belles qualités. La version LTZ par exemple, profite à fond de sa nouvelle mécanique et vous propulse sans hésitation dans le trafic. Les accélérations, sans être décoiffantes, sont tout à fait honnêtes et vives, alors que les reprises sont aussi parmi les belles réussites du modèle. Étrangement, on retrouve le même genre d’appréciation sur les versions de base, malgré un moteur moins puissant. Quant à la SS, elle est simplement « trop » : ses 303 chevaux cherchent un peu trop à prendre eux-mêmes le contrôle de la route, ce qui oblige le conducteur à s’agripper fermement au volant.
Les suspensions sont mieux adaptées que sur les anciennes générations. Bien entendu, elles sont toujours assez souples, mais ont gagné un peu à la fois en confort et en sportivité. C’est au freinage que l’Impala éprouve le plus de problèmes. Les transferts de poids sont prononcés en courbe serrée, et plus encore lors d’un freinage brusque, notre antilope ayant une fâcheuse tendance à piquer du nez. Les arrêts d’urgence s’en trouvent donc allongés, ce qu’il faut prévoir. La transmission automatique à seulement quatre rapports manque aussi un peu de punch, ce qui s’explique par l’absence d’une cinquième vitesse.
La nouvelle Impala est certainement la meilleure jamais construite, et l’antilope peut reprendre la direction des sentiers avec fierté. Toutefois, malgré ces nouvelles qualités, c’est encore aux mâles les plus âgés qu’elle plaira le plus.
feu vert
Nouveau moteur amélioré
Espace intérieur abondant
Équipement complet
Sièges confortables
Flex-fuel disponible
feu rouge
Freinage déficient
Design sans surprise
Fort effet de couple dans le volant (LTZ)
Transmission un peu lente