Audi RS7 2014: Pour ceux qui veulent toujours plus de chevaux
Quand Audi a revu sa berline A6 en 2012, elle en a aussi profité pour lancer la A7 Sportback, un modèle que la firme allemande a appelé un « coupé cinq portières ». En fait, il s’agit d’une plateforme de A6 à laquelle les designers ont greffé un hayon arrière et de l’espace de chargement supplémentaire. Résultat esthétique : une ligne de toit longue et arquée qui crée un profil inhabituel, mais très réussi. Résultat fonctionnel : une berline pleine grandeur plus pratique, sans faire de compromis en matière de confort ou de comportement routier. Le moteur installé initialement était un V6 suralimenté par compresseur, bon pour 300 chevaux. Ce moulin était amplement suffisant, mais ça n’a bien sûr pas empêché Audi de lancer la S7 en 2013 : son V8 biturbo de 4,0 litres produit 420 chevaux.
On pourrait croire que la cavalerie de la S7 est assez impressionnante pour contenter les amateurs de puissance brute, mais il semble que ce ne soit pas le cas... Pour les gens qui n’en ont jamais assez, Audi vient de lancer un autre modèle basé sur la plateforme de la A7 : la RS7 2014.
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La RS7 est propulsée par un V8 biturbo de 4,0 litres elle aussi, sauf qu’il est calibré pour livrer 560 chevaux et 516 lb-pi de couple. Impressionnant. Dans ce V8, les collecteurs d’admission sont à l’extérieur du V et ceux des échappements sont au centre du V. Les deux turbocompresseurs sont placés juste au-dessus. Les conduits qui relient les sorties d’échappement aux turbos sont donc très courts, ce qui élimine presque complètement le délai de réaction. À l’origine, Audi a utilisé cette architecture dans la S8, puis dans les S6 et S7. BMW fait appel à une technologie semblable dans la berline M6 Gran Coupé. Les turbos de la RS7 engendrent une pression à l’admission de 17,4 psi.
La RS7 devrait arriver au Canada en octobre prochain. Son prix n’a pas encore été officiellement dévoilé (en Allemagne, le coût du modèle de base est de 113 000 € – on s’attend à ce qu’il soit d’environ 125 000 $ au pays).
Athlétique mais discrète
La construction des RS7 débute sur la chaîne de montage principale de l’usine de Neckarsulm en Allemagne, mais elles sont ensuite transférées dans un autre atelier. Là-bas, une petite équipe de travailleurs complète l’assemblage de certains éléments mécaniques de même que l’installation des pare-chocs spéciaux avant et arrière.
Vu de l’extérieur, seules quelques touches stylistiques distinguent le puissant bolide des autres membres de la famille : admissions d’air plus larges dans le pare-choc, calandre au fini noir lustré, bas de caisse stylisés et discrets logos. De série, la RS7 est munie de roues de 20 pouces (21 en option). Heureusement, les concepteurs ne se sont pas servis de l’énorme puissance brute de la RS7 comme prétexte pour en faire une machine tape-à-l’œil. Au contraire, elle est tout aussi élégante que la A7 originale. Quand vous stationnerez votre RS7 devant la maison, vos voisins ne se douteront jamais qu’elle peut bondir de 0 à 100 km/h en seulement 3,9 secondes. C’est 0,8 de mieux que la S7, et 0,3 de mieux que la BMW M6 Gran Coupé.
Toutes ces performances ont un impact très raisonnable sur la consommation d’essence. La RS7 affiche un rendement de 9,8 litres d’essence super au 100 km (selon la norme New European Driving Cycle). Cette relative frugalité s’explique en partie par le fait que le moteur peut passer de huit à quatre cylindres à vitesse de croisière, et par le dispositif d’arrêt-démarrage du moteur.
Les performances sont au rendez-vous
À l’intérieur, le volant à la partie inférieure rectiligne confirme immédiatement que ce modèle fait partie de la famille RS. Il en va de même pour l’affichage central du tableau de bord. On peut le configurer pour qu’il indique la pression des turbos, et il est muni d’un témoin lumineux qui nous donne un coup de pouce (très bienvenu) quand on choisit le mode manuel pour les changements de vitesse.
Mettez l’accélérateur au plancher et la RS7 vous tiendra solidement collé au fond de votre siège tant que vous ne relâcherez pas la pédale. Par rapport à ses rivales à propulsion arrière comme la BMW M6 GC ou la Mercedes-Benz CLS63 AMG, la Audi a l’avantage de la traction intégrale. Quand on met toute la gomme, il n’y a pas de surprise ni de réactions intempestives, on obtient simplement une accélération absolument prodigieuse. Lorsqu’on relâche l’accélérateur en mode Sport, l’échappement émet un grondement enivrant. Pour le reste, le silencieux est étonnamment silencieux... (un peu trop).
La transmission tiptronic compte huit rapports et ils sont rapprochés. Ce qui veut dire que lorsqu’on accélère à fond de train, il faut garder les doigts sur la palette de changements de vitesse (et un oeil sur le témoin lumineux), et passer les rapports rapidement. Sinon, on déclenche à tout coup le limiteur de régime, à 7000 tr/min. Ce qui est plutôt une bonne chose, après tout, car cela signifie qu’en mode manuel, la transmission demeure réellement en mode manuel – elle ne passe pas le rapport suivant si vous avez un moment d’inattention. Donc, soyez attentif! Cela dit, on peut aussi décider d’exploiter l’immense réserve de puissance de la RS7 en optant pour le mode Sport avec changements de vitesse automatiques.
L’entraînement des roues passe par le système intégral quattro, avec une répartition de base de 40 % à l’avant et 60 % à l’arrière. Au besoin, jusqu’à 70 % du couple peut être dirigé à l’avant, et jusqu’à 85 % à l’arrière. Un différentiel sport est offert en option.
La direction à assistance électrique variable tient compte de la vitesse. À très basses vitesses, elle est trop légère, mais elle gagne rapidement en fermeté à mesure qu’on augmente la vélocité. La réponse de la direction n’est pas aussi incisive qu’une M5 par exemple, mais elle offre un très bon compromis étant donné que la RS7 est tout de même d’abord une grande berline de luxe.
La suspension pneumatique adaptative spécialement calibrée permet d’abaisser la RS7 de 20 mm par rapport à la A7. Elle offre un choix de trois modes pré-programmés (Automatique, Confort, Sport) et d’un mode manuel qui permet également de sélectionner individuellement les paramètres pour la direction, la réponse du moteur et la transmission. La suspension pneumatique est suffisamment ferme pour permettre un bon contrôle à haute vitesse et un minimum de roulis, mais elle demeure assez souple pour livrer un roulement luxueux et confortable. Audi offre aussi en option un ensemble Sport qui comprend une suspension plus ferme avec ressorts à boudin, amortisseurs hydrauliques et système Dynamic Ride Control (DRC). Avec cette suspension, la RS7 est vraiment très solide sur ses pattes. Par contre, même quand on sélectionne le mode le plus souple, elle est trop ferme pour la conduite au quotidien. En conservant la suspension pneumatique de base, vous ne serez pas pénalisé en matière de tenue de route, et vous économiserez plusieurs milliers de dollars.
Le système de freinage installé de série comprend des disques légers à la circonférence extérieure ondulée, un concept qui a vu le jour sur les motos sport il y a quelques années. On peut aussi opter pour un système en fibre de carbone et céramique. Dans les deux cas, la puissance de freinage est exceptionnelle. Avec les freins optionnels, elle est carrément renversante.
Rapide et... sécuritaire
Évidemment, Audi offre une multitude de systèmes d’aide à la conduite, dont un régulateur de vitesse adaptatif qui peut immobiliser l’auto en cas de collision imminente lorsqu’on roule à moins de 30 km/h. On trouve aussi un avertisseur d’angle mort et un système de correction en cas de sortie de voie qui fonctionne à l’aide de la direction assistée. On peut aussi opter pour un dispositif d’aide à la vision nocturne qui détecte les piétons dans le noir grâce à une caméra infrarouge. Et si, pour une raison quelconque, vous n’êtes pas capable de stationner entre deux voitures, il y a aussi un système d’aide au stationnement. (Il me semble qu’il est préférable d’être capable de stationner soi-même sa voiture quand on s’apprête à acheter un bolide de 560 chevaux...)
À qui s’adresse la Audi RS7? Après tout, avec la A7, vous obtenez déjà un modèle luxueux, fonctionnel et très élégant, à un prix relativement abordable. Avec la S7, les performances font un bond substantiel et vous gagnez une suspension pneumatique adaptative (coût : 89 900 $, 20 000 $ de plus que la A7).
Avec la RS7, vous obtenez la crème de la crème. Son prix devrait être directement aligné sur celui de ses principales rivales de chez BMW et Mercedes, mais avec le côté pratique de la traction intégrale en prime. La RS7 est très belle, elle conserve le silence et la qualité de roulement supérieurs des A7 et S7 (si vous n’optez pas pour la suspension optionnelle), et elle est rapide comme un supercar. Si vous trouvez que cette voiture n’est pas encore assez luxueuse ni assez puissante, nous vous suggérons d’aller voir un thérapeute.