Jaguar XF 2013: À la recherche du temps perdu
Après des années passées dans le giron de Ford, la célèbre marque britannique fait maintenant partie du portefeuille du constructeur indien Tata Motors. Le lancement de la XF est survenu à peu près au même moment que la transition et, avec son allure résolument moderne, cette berline sport cherche à établir une nouvelle relation avec la clientèle. Le problème de Jaguar, c’est que la concurrence dans ce créneau est très vive et que les rivales (lire Audi A6, BMW Série 5, Mercedes-Benz Classe E) sont bien établies dans le marché.
Avec ses airs de coupé à quatre portes et son style agressif, particulièrement dans le cas de la version XFR, cette Jaguar ne rate pas son entrée, mais un examen attentif de ses formes révèle que les écarts entre les divers panneaux de carrosserie sont plutôt larges et que Jaguar a encore beaucoup de travail à faire dans ce domaine avant d’espérer rejoindre Audi qui est le leader de la qualité d’assemblage à l’heure actuelle. C’est le même constat du côté de l’habitacle qui marque un clivage évident avec les modèles antérieurs grâce à sa modernité plus affirmée. L’utilisation d’aluminium plutôt que boiseries (on en retrouve encore un peu, remarquez!) accentue ce passage à l’ère moderne. Cependant, son écran tactile peu convivial à l’usage déçoit, sans parler de l’effet plutôt gadget du levier de vitesses rotatif qui se déploie ou des buses de ventilation qui s’ouvrent au démarrage.
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Sur la route, la XF fait preuve d’un bel équilibre et de performances qui ne décevront pas, surtout dans le cas de la version XFR qui livre une cavalerie de 510 chevaux, et le comportement routier propose un bon compromis entre tenue de route et confort. La direction est fine, précise, et donne un bon feedback au conducteur. De ce côté, la Jaguar XF ne présente pas de lacunes majeures, mais elle n’est pas non plus une star de la catégorie puisqu’à son volant, on ne ressent pas cette relation presque symbiotique qui est le propre d’une berline sport allemande où l’homogénéité est à l’honneur.
Pour Jaguar, la XF est un modèle d’une importance capitale pour l’avenir de la marque, mais elle ne transcende pas les standards de la catégorie, ce qui explique en partie pourquoi on reste un peu mi-figue mi-raisin par rapport à cette voiture dont les ventes aux États-Unis représentent à peine 10 % des ventes de la BMW Série 5.
Fiabilité perfectible
Jaguar se classe au 28e rang sur les 32 marques répertoriées dans le sondage J.D. Power and Associates 2012 mesurant la fiabilité après trois ans d’usage. Les résultats de ce sondage font état du fait que les Jaguar présentent 172 problèmes pour 100 véhicules, alors que la moyenne de l’industrie est de 132 problèmes sur 100 véhicules. Seules les marques Ram, Jeep, Dodge et Chrysler ont de moins bons scores, ce qui signifie que les concurrents directs de Jaguar, c’est-à-dire toutes les marques de luxe rivales, obtiennent un meilleur classement pour la fiabilité à long terme.
L’autre problème de la Jaguar XF, c’est le fait que ce modèle est une propulsion et que le rouage intégral n’est pas offert, ce qui explique son faible volume de ventes chez nous par rapport aux rivales directes qui sont justement disponibles avec la traction intégrale. La direction de Jaguar est au courant de cette lacune et il faut s’attendre à ce que le rouage intégral fasse éventuellement partie des équipements proposés sur les modèles à venir.
Par ailleurs, Jaguar a profité du Salon de l’auto de Beijing pour annoncer l’arrivée de deux nouveaux moteurs, soit un V6 de 3,0 litres suralimenté par compresseur et développant 340 ou 380 chevaux, selon la version. Ce dernier pourrait très bien être appelé à remplacer le V8 atmosphérique de la XF en offrant des performances comparables tout en permettant à la marque anglaise de suivre la tendance actuelle vers le downsizing des motorisations afin de se conformer aux nouvelles normes en matière de consommation de carburant. L’autre moteur, qui a été dévoilé à la même occasion, est un quatre cylindres de 2,0 litres turbocompressé dont la puissance est chiffrée à 240 chevaux et qui semble dérivé de celui qui équipe le Range Rover Evoque. Ces deux nouveaux moulins seront jumelés à une boite automatique à huit rapports, toujours afin de bonifier la consommation de carburant.
Une autre familiale?
Les amateurs de Jaguar n’ont sans doute pas oublié la version familiale de la défunte X-Type qui n’avait pas obtenu un grand succès commercial malgré ses lignes plus réussies que celles de la berline dont elle était dérivée. Présentée au Salon de l’auto de Genève en 2012, le modèle XF Sportbrake devient de facto la deuxième familiale de l’histoire de la marque, mais sa venue en Amérique du Nord est loin d’être assurée puisque sa diffusion sera exclusivement limitée en Europe, du moins pour l’instant. Il est d’ailleurs intéressant de noter que seuls des moteurs diésels sont au programme pour ce modèle soit un 4 cylindres de 2,2 litres ainsi qu’un V6 biturbo.