Toyota FJ Cruiser 2013: Le Hummer Zen
Tous les enfants aiment jouer dans un carré de sable avec de petits camions. Devenus grands, certains voudront retrouver ces camions de l’enfance sous une forme ou une autre. Pour jouer, bien sûr, sur l’asphalte ou dans le sable, à la ville ou à la campagne. Or, depuis maintenant sept ans Toyota a exactement le jouet ou plutôt le camion parfait pour cette clientèle. Par sa silhouette costaude, toute en angles arrondis, le FJ Cruiser évoque le Land Cruiser FJ40, un classique inspiré lui-même du mythique Land Rover. Les grands enfants que nous connaissons l’appellent simplement « le camion Playmobil ».
Élaboré sur la même architecture que la génération précédente du 4Runner, le FJ Cruiser est à la fois un sérieux tout-terrain, un utilitaire pratique et la version totalement butch de véhicules urbains branchés comme le Honda Element, le Kia Soul ou l’étrange Nissan cube. N’ayez crainte, le géant nippon est parfaitement conscient des personnalités multiples qu’a développées le FJ Cruiser avec les années. Il les cultive d’ailleurs avec soin en offrant des groupes optionnels méticuleusement composés qui accentuent l’une ou l’autre de ces personnalités au-delà du choix de la boite de vitesses.
FJ de ville et FJ des champs
Parce qu’il faut dire que le FJ Cruiser se transforme déjà selon qu’il est doté de la boite manuelle à 6 rapports ou de l’automatique qui en compte cinq. Dans le premier cas, la boite est jumelée à un rouage intégral avec différentiels central et arrière verrouillables et boitier de transfert à deux plages de rapport : long (Hi) pour la conduite normale et court (Lo) pour la conduite en tout-terrain. L’automatique à 5 rapports est couplée à un rouage à quatre roues motrices débrayable commandé par un court levier placé à droite du sélecteur, sur la console centrale. Il permet de choisir en le mode propulsion (4x2) et des rapports longs ou courts pour la conduite en quatre roues motrices. Ce rouage se complète d’un différentiel avant qui se découple automatiquement et d’un différentiel arrière électronique qui fonctionne comme plusieurs systèmes antipatinages selon le principe de la roue freinée. La version automatique est un peu plus frugale, avec une cote combinée de 11,1 L/100 km contre les 12,4 L/100 km de la manuelle.
Plus pour moins
Le moteur est essentiellement toujours le même V6 à double arbre à cames en tête de 4,0 litres. On l’a doté pour 2010 du calage variable de ses soupapes dans le double but de réduire sa consommation et ses émissions polluantes. Ironiquement, le premier objectif ne fut pas vraiment atteint et le FJ Cruiser actuel est moins performant en accélération qu’avec l’ancien moteur avec un sprint 0-100 km/h bouclé en 8,32 secondes et le quart de mille en 16,16 secondes (à 141 km/h), alors que le modèle 2007 équivalent avait inscrit des chronos respectifs de 7,95 et 15,91 secondes avec une pointe de 144,2 km/h. À boite automatique égale, bien sûr. La différence tient peut-être au fait que le FJ Cruiser a pris 22 kg depuis, mais selon nous surtout parce que son V6 produit maintenant ses 260 chevaux à 5 600 tr/min et ses 271 lb-pi de couple à 4 400 tr/min tandis que la version antérieure générait 239 chevaux à 5 200 tr/min et surtout 278 lb-pi de couple à un régime légèrement plus bas de 3 700 tr/min.
Plus rapide ou pas, ce V6 est souple et s’entend à merveille avec la boite automatique. Il émet, en conduite normale, les sonorités agréablement rondes qui nous ont inspiré le titre de cette recension. Avec en plus le confort de roulement unique que lui procurent ses gros pneus et une suspension bien amortie, le FJ Cruiser fait honneur à la deuxième partie de son nom. Le caisson de basses JBL du groupe Urbain optionnel, installé du côté droit du grand coffre arrière bardé de caoutchouc anti éraflures, complète le portrait. Nous sommes tentés d’ajouter qu’il ne manque alors au FJ que d’immenses jantes chromées − en espérant que personne ne nous prenne au mot! − et songeons que ce camion est zen. Pas bling-bling.
L’envers du décor
Parfait, le FJ Cruiser? Pas vraiment. La visibilité arrière directe et sur les angles morts est atroce. D’abord à cause des énormes montants centraux et arrière du toit et ensuite à cause de la roue de rechange montée sur la grande et forcément lourde porte qui donne accès au coffre. Elle ouvre au moins du bon côté, celui du trottoir en stationnement normal, contrairement à celle du Rav4 de la même famille. Et puis il y a ces places arrière auxquelles on accède par des portières en accolade mais seulement en ouvrant d’abord les longues portières avant. Étonnamment, l’espace est même suffisant derrière pour un fiston de près de 1,90 m mais les vitres des portières sont petites et fixes.
De toute manière, le FJ Cruiser est un choix tout aussi logique qu’un Jeep Wrangler ou que feu les Hummer H2 et H3, des camions que personne n’est désormais certain de pouvoir regretter à visage découvert. À défaut d’être un achat rationnel, le FJ est solide, original, plutôt amusant et réjouissant à conduire lorsqu’on le fait en pleine conscience de ses limites. Comme un Wrangler, après tout. Un authentique 4x4 qui a des inconditionnels finis. Or, le FJ est aussi un Toyota qui promet la fiabilité habituelle des camions de la marque et une excellente valeur de revente. De quoi rassurer et consoler l’autre hémisphère de votre cerveau.
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