Lexus au Rallye Targa Terre-Neuve 2008, le bolide hybride est de retour

Le rallye Targa Terre-Neuve est à la fois une aventure unique et une épreuve de sport mécanique exceptionnelle. À chaque année il réunit un plateau extrêmement varié de voitures classiques et modernes, des premières Mini des années 60 aux muscle cars américains rugissants, en passant par des sportives européennes et japonaises des pur-sang rares tels que le légendaire coupé Audi 1983 de Groupe B qui est inscrit cette année. Pendant cinq jours, les équipes vont se mesurer sur certaines des routes les plus belles et difficiles qu’on puisse trouver sur ce continent. Sur un parcours de quelque 2 200 kilomètres, ils disputeront 37 épreuves spéciales chronométrées courues sur de vraies routes fermées à toute autre circulation.

La première voiture de rallye hybride sur « le Roc »

Pour la sixième édition du rallye Targa Terre-neuve l’an dernier, les organisateurs ont créé une nouvelle division réservée aux voitures hybrides. Le seul constructeur à relever ce défi fut Lexus qui engagea sa berline de luxe-performance GS 450h à groupe propulseur hybride dans la compétition Targa axée sur la vitesse pure. La préparation de la voiture a été entièrement réalisée dans les ateliers du constructeur, sous la direction du technicien émérite Piotr Nytko, à la seule exception de la cage de sécurité complète dont la fabrication fut confiée aux experts en rallye chez FourStar Motorsports.

SUIVEZ L’ÉQUIPE LEXUS AU TARGA TERRE-NEUVE:

http://blogue.autonet.ca/targa

J’ai eu la chance de piloter la GS 450h accompagné de Jean-François Drolet comme navigateur. Notre voiture était la plus costaude et la plus lourde du plateau mais elle en a surpris plusieurs à son premier rallye, entre autres pour la faculté qu’elle a de se déplacer en silence et sans polluer dans les arénas et en attendant le signal du départ, grâce à ses moteurs électriques.

Après cinq jours d’épreuves chronométrées exigeantes, nous nous sommes retrouvés 18e sur les 57 inscrits et récipiendaires du trophée Churchill, décerné aux trois meilleures équipes d’un même pays. Nous l’avons partagé avec Jud Buchanan et Jim Adams, qui roulaient dans le superbe coupé Acadian Canso 1967 de Jud, et avec le duo père-et-fils que formaient Tony and Ryan Kloosterman dans une Subaru WRX.

De plus grandes ambitions pour le Targa 2008

C’est donc une équipe Lexus plus expérimentée qui se pointe à St-Jean cette année pour la 7e édition du rallye. Elle compte un nouveau membre de grand calibre dans le rôle de copilote. Alan Ockwell n’a que 26 ans mais a déjà participé à plus de 50 rallyes. En 2006, lui et son frère Erik avaient terminé deuxièmes au classement général de la compétition Grand Touring où l’objectif est de respecter une vitesse moyenne précise. Alan est également le copilote de Patrick Richard au Championnat canadien des rallyes où ils sont virtuellement assurés du titre après leur victoire toute récente au rallye Défi Ste-
Agathe.

La voiture est la même GS 450h solide et fiable qui a complété le Targa l’an dernier. Le but de l’équipe, pour ce deuxième Targa, est d’améliorer la performance de la voiture dans l’espoir de grimper au classement général tout en améliorant la sécurité de l’équipage. Ce dernier objectif a été atteint avec l’adoption de l’appareil HANS qui est conçu pour prévenir les blessures cervicales graves. Puisqu’Alan et moi avions déjà le nôtre il a suffi de trouver des casques de rallye Peltor de même type, équipés des bons ancrages et d’interphones compatibles.

Nous voulons également décrocher à nouveau le trophée Churchill Motorsport, l’équivalent d’une Coupe des nations pour le Targa. Nous allons à nouveau faire équipe avec le pilote Jud Buchanan et son copilote Jim Adams mais cette année aussi avec le pilote Scott Giannou et le copilote Ray Felice, qui ont toujours terminé parmi les premiers au rallye Targa dans le Porsche 911 SC 1981 de Scott. Ils se sont classés 5e au général l’an dernier.

Soigner la performance dans les détails

Ce ne sera pas une mince tâche que de grimper au classement général cette année, avec la venue de quelques nouvelles équipes montées par d’autres constructeurs et un solide contingent de vétérans aguerris du Targa. Pour avoir la moindre chance l’équipe se devait d’améliorer la performance de la voiture dans les spéciales les plus serrées et celles où les autres voitures projettent du sable et du gravier sur le parcours. Avec les systèmes antidérapage et antipatinage électroniques pleinement activés mais sans différentiel autobloquant, la GS perdait toute motricité sur la moindre pincée de sable où lorsque la roue motrice intérieure menaçait de patiner le moindrement. De quoi faire du pilotage un défi intéressant et nous valoir des chronos médiocres en fonction de nos temps-cibles.

La GS n’a guère changé à l’extérieur mais a néanmoins profité d’une série de modifications et de mises à jour ces derniers mois. L’équipe technique l’a équipée d’un différentiel autobloquant et trouvé le moyen de désactiver l’antidérapage et l’antipatinage sans risquer des dommages irréversibles au moteur électrique qui commande la transmission à variation continue électronique du groupe propulseur hybride. En théorie, à tout le moins. Ils ont également installé de nouveaux amortisseurs qui nous procureront une garde au sol légèrement supérieure aux 10 cm de l’an dernier et dont l’amortissement se maintiendra jusqu’à la fin du rallye.

D’autres changements peuvent sembler mineurs mais seront grandement appréciés. Alan a ainsi droit à un nouveau siège mieux adapté à son gabarit et le siège du conducteur peut maintenant se régler sur la longueur, une opération qui exigeait une heure auparavant. Il est également monté un peu plus haut ce qui améliore nettement le coup d’œil vers l’avant et les côtés. Nous avons maintenant aussi un régulateur de vitesse pour être certains de respecter scrupuleusement les limites de vitesse dans les étapes de liaison. Toute infraction au code de la route vaut à l’équipe des pénalités qui s’ajoutent à toute contravention et peuvent être désastreuses pour le classement de l’équipe.

Une journée d’essais révélatrice

Après une première séance de familiarisation qui a permis au pilote et au copilote de s’entendre sur les codes de navigation et de communication, l’équipe Lexus a bouclé une journée d’essais très remplie et fructueuse sur le circuit de développement du complexe de Mosport en Ontario début août. Profitant pleinement des nombreuses configurations possibles du circuit pour simuler la conduite dans les spéciales serrées du Targa, nous avons poussé la voiture au maximum pour mettre les nouvelles composantes à l’épreuve et voir comment la GS allait se comporter avec la motricité additionnelle du nouveau différentiel, une fois ses systèmes électroniques désactivés. Nous avons également testé de nouvelles plaquettes de freins, simulé des changements de roues d’urgence et répété deux fois l’exercice de navigation fascinant qu’avait conçu Piotr Nytko.

Les essais eux-mêmes ont été suffisamment intenses et concluants pour lancer Peter et ses collègues Vinh Pham et Injum Bhutta à la recherche de réponses et de solutions à certains problèmes détectés. Repousser les limites d’un système aussi complexe que le groupe hybride Lexus/Toyota n’est pas une sinécure puisqu’il n’a certainement pas été conçu à l’origine pour la performance maximale en course et en rallye. La GS est plus maniable et prévisible à piloter avec les systèmes désactivés et la meilleure motricité du nouveau différentiel, ce qui augure bien pour les spéciales serrées du Targa. Le fait que nous ayons ainsi gagné deux secondes au tour est également encourageant. Nos experts en technique ont par la suite solutionné un problème de surchauffe des freins et les messages d’alerte reliés au système hybride ont été attribués à la grande dureté de nos essais. Nous allons quand même rester vigilants mais l’équipe considère maintenant que notre vaillante GS est prête pour le rallye.

La voiture est déjà arrivée à St-Jean par transporteur et nous rayons une à une le million de choses qu’il nous reste à faire sur nos listes respectives avant de fermer nos valises une dernière fois et de filer vers St-Jean à notre tour. Nous sommes gonflés à bloc, fébriles et impatients de renouer avec nos amis autant que nos concurrents. À tout de suite, cher Targa.

Partager sur Facebook

Plus sur le sujet

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires