Chrysler 200S 2013: La Corolla de Chrysler?
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Je m’en souviens comme si c’était hier… 1977, j’étais en secondaire V. Durant le cours de géographie, une fille passe près de mon bureau et échappe ses livres. Je la regarde les ramasser. Elle vient à peine de se relever que j’entends le professeur vociférer « MORIN! ». Il me regarde avec des mitraillettes dans les yeux. « Ben quoi, j’ai rien fait! » « Justement, t’aurais dû faire quelque chose! »
Trente-cinq ans plus tard, alors que je rapporte une Chrysler 200S au concessionnaire après une semaine d’essai, c’est exactement ce que j’ai envie de lui dire « T’aurais dû faire quelque chose! » C’est que, voyez-vous, la 200 ne fait rien de vraiment mal. Rien de bien non plus. Voyons-y de plus près.
La feue Chrysler Sebring n’a jamais eu très bonne presse. À tort ou à raison? Plus à tort, selon moi, puisque malgré quelques rappels plus ou moins importants, une conduite ennuyante et une valeur de revente catastrophique, on ne pouvait pas lui reprocher grand-chose. La Chrysler 200, qui affiche des lignes plus modernes n’est, en fait, qu’une Sebring un peu revue.
La 200 est une voiture générique, conçue pour passer inaperçue et pour ne laisser aucun souvenir, bon ou mauvais. Ses lignes extérieures ne sont, du moins pour moi, ni belles ni laides. Elle a indéniablement meilleure mine en version décapotable, mais puisque mon essai s’est déroulé en décembre dernier, la berline fut bien appréciée!
Comme une Lexus!
Le point fort de la 200 est assurément son habitacle, confortable à souhait et, surtout très bien isolé des bruits extérieurs. Un peu plus et on se croirait au volant d’une Lexus. Les sièges avant sont douillets et on ne se sent pas fatigué même après quelques heures au volant. Le conducteur fait face à une belle instrumentation, surtout la nuit alors que les jauges blanches sont du plus bel effet. Par contre, la partie centrale présente des sections éclairées d’un vert blafard qui était à la mode à l’époque où je me faisais ramasser par un prof de géographie… Toujours dans le domaine des couleurs, mentionnons que l’on retrouve beaucoup, beaucoup de noir dans une Chrysler 200. N’oublions pas de souligner le nombre élevé d’espaces de rangement, ce que les traîneux de mon espèce apprécient grandement.
Les gens prenant place à l’arrière sont un peu moins bien servis qu’à l’avant, autant au niveau du confort que de l’espace pour les jambes et la tête. On ne peut passer sous silence le fait que la banquette propose trois places avec seulement deux appuie-têtes... Dans un monde où la sécurité est devenue un enjeu majeur qui frise quasiment l’hystérie, ce manquement est surprenant mais pas isolé. Le dossier s’abaisse en deux parties (60/40), ce qui est bien apprécié puisque le coffre, déjà pas très grand avec ses 385 litres, est obstrué par les imposantes tours de suspension. Ouvrir le couvercle du coffre, sur mon véhicule d’essai en tout cas, requerrait une force inhabituelle.
Un cœur de jeune dans un corps de vieux
La 200 propose deux moteurs. Un quatre cylindres de 2,4 litres et un V6 3,6 litres. Ce dernier se retrouve dans à peu près tout ce qui roule chez Chrysler — sauf dans la future Viper, on s’en doute! — et à bord de ma voiture d’essai, il faisait des bielles et des pistons (si ç’avait été un humain, j’aurais écrit « des pieds et des mains ») pour donner un semblant de vivacité à la voiture qui l’abritait. Oh, il est puissant à souhait avec ses 283 chevaux et 260 livres-pied de couple. Le 0-100 km/h ne demande que 7,3 secondes, signe de son entrain. Une transmission automatique à six rapports au fonctionnement sans histoire s’occupe de livrer la marchandise aux roues avant. Autant de chevaux expédiés auxdites roues avant entrainent un effet de couple très prononcé en pleine accélération (on a l’impression que les roues avant tirent chacune de leur côté).
À la fin de ma semaine d’essai, le 3,6 avait consommé 10,8 litres tous les 100 km, ce qui est passablement élevé. En tout cas, beaucoup plus que ce qu’exigent les Toyota Camry, Honda Accord et autres Hyundai Sonata, de féroces concurrentes. L’autre moteur, le 2,4, malgré sa douceur, est moins puissant et consomme autant… Son seul intérêt réside dans le prix moins élevé qu’il commande.
Le V6 fait tout un boulot, toutefois il est condamné à vivre dans un châssis qui privilégie le confort au dynamisme. Les suspensions absorbent bien les aléas de notre réseau routier, toutefois, dès qu’on pousse un peu la machine, on les sent dépassées. À haute vitesse, l’avant devient instable et incite au lever du pied droit. En virage, la voiture s’accroche avec une certaine ténacité mais sans grande conviction. Cependant, puisque personne ou presque ne conduit une 200 énergiquement, cela n’a pas grande importance. La direction est sans substance, un peu vague et ne raconte à peu près rien du travail des roues et de la suspension avant. Et ce n’est pas parce que ma 200 d’essai arborait l’écusson S (sans doute pour Sobriété) qu’elle était plus sportive. En fait, il s’agit seulement d’un ensemble cosmétique.
Qu’on se comprenne bien. La 200, S ou pas, est une bonne voiture. D’autant plus que son prix est vraiment intéressant, surtout avec les généreux incitatifs offerts par Chrysler. C’est juste qu’elle n’a pas ce petit quelque chose qui fait craquer l’amateur d’automobiles. Il lui manque une âme. Juste ça.