Lincoln Navigator 2012: Plus gros que ça... t'es un barrage d'Hydro-Québec!
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En tant que journalistes automobiles, nous avons la chance de conduire à peu près tout ce qui roule. Après quelques années, on devient moins impressionné de passer d’une smart à une Porche ou d’un Ford F150 à une Toyota Corolla. Pourtant, quand récemment j’ai pris le volant d’un Lincoln Navigator, j’ai été franchement intimidé. Ce véhicule n’est pas gros. Il est immense! Et encore, il s’agissait de la version courte (??!!?). Car il existe un modèle L (pour Long) qui allonge le véhicule de 379 mm (15 pouces)…
Le Lincoln Navigator est la contrepartie luxueuse du Ford Expedition. Les deux cousins – « jumeaux » serait plus juste – partagent les mêmes éléments mécaniques mais, noblesse oblige, le Lincoln offre davantage de confort, de luxe et d’accessoires que le Ford. Lorsqu’en 1997 est venu le temps de remplacer le Bronco, Ford voulait un véhicule qui intéresserait les entrepreneurs en construction et les familles désirant voyager avec les enfants, les oncles, les tantes, la grand-mère, le chien, le chat et les bagages de tous ces organismes vivants. Le colossal véhicule en est à sa troisième génération, plus gros et plus lourd que jamais, dans un monde où le moindre kilo sauvé fait l’objet d’une campagne de publicité.
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Si l’homme de Cro-Magnon avait eu un véhicule, c’aurait été un Navigator
Le châssis du Navigator provient de la camionnette F-150, tout comme la mécanique. Sauf que le F-150 a évolué, lui, et possède désormais des moteurs modernes. Le Navigator est moins chanceux et est encore mû par le sempiternel V8 de 5,4 litres. Sans doute conçu à l’époque où l’homme de Cro-Magnon dessinait sur les murs de sa grotte, ce moteur n’est pas très raffiné et, surtout, il consomme comme les chutes Niagara. Lors de notre semaine d’essai, notre moyenne s’est établie à 16,0 l/100 km, ce qui est une très agréable surprise. Il faut toutefois avouer que nous avons eu le pied droit très conciliant, nous n’avons pas transporté de remorque ou de lourdes charges ni n’avons conduit en mode 4x4.
Parlant de 4x4, le système du Navigator promet de solides aptitudes en hors route. La gamme basse (Lo) du boitier de transfert n’est pas aussi démultipliée que celle d’un Jeep Wrangler, par exemple, néanmoins, elle l’est suffisamment pour se sortir d’un bon trou boueux. En fait, comme c’est souvent le cas, la limite de traction de traction des pneus sera atteinte bien avant celle du système 4x4. Malheureusement, la suspension ne s’ajuste pas en hauteur puisqu’elle n’est pas pneumatique, ce qui donnerait de précieux millimètres supplémentaires de dégagement au sol. Pour ceux que ça intéresse, ladite garde au sol est de 23,4 cm tandis que l’angle d’approche (approach) est de 21,8 degrés, l’angle de départ (departure) de 21,8 aussi et l’angle ventral (breakover) 19,2 degrés. Ces données sont celles du Navigator ordinaire. Les Américains ont droit à une version à propulsion mais au Canada, seul le 4x4 est proposé, ce qui est une excellente décision.
Au niveau des performances, le Navigator se débrouille passablement bien, permettant un 0-100 km/h sous les 10 secondes, accompagné par une sonorité que seul un bon vieux V8 américain peut reproduire. Évidemment, tenter de toujours se rendre à 100 km/h en moins de dix secondes n’est pas très écologique ni économique... Vivement le V6 3,5 litres Ecoboost!
La transmission est une automatique à six rapports dont les passages ne sont peut-être pas très rapides mais qui s’avèrent au moins très doux. Cette boîte comporte un mode Tow / Haul qui permet un passage plus rapide des premiers rapports quand une remorque est tirée, remorque d’au maximum 3 900 kilos (8 600 livres). Toujours dans le domaine du remorquage, soulignons que les gros rétroviseurs sont très pratiques en conduite quotidienne, mais qu’ils devraient être insuffisants lorsqu’une remorque imposante suit. Ford ne semble pas proposer de rétroviseurs extensibles, comme ceux offerts en option sur le F-150. Par contre, les marchepieds qui s’abaissent chaque fois qu’on ouvre une portière sont une source intarissable de « wow! » et de « ben, ça alors, j’aurai tout vu! » Plusieurs personnes ont émis des réserves sur la fiabilité du mécanisme l’hiver tandis que les marchepieds seront englués dans de la gadoue gelée. Pour recréer un peu cette situation, j’ai bloqué le chemin d’un marchepied qui est retourné sagement à sa place dès qu’il a rencontré l’obstacle. J’imagine donc qu’en hiver, il n’y aura pas de problèmes.
Confort +++++
Une fois rendu à bord, une tâche grandement simplifiée par les marchepieds électriques, on est impressionné par l’ampleur de la cathédrale. Sept ou huit personnes, selon le modèle, peuvent y prendre place sans aucun problème et même transporter quelques effets personnels. Et ça, c’est dans la version ordinaire. La version L, allongée de 379 mm, hérite d’un très vaste coffre.
À l’avant, le tableau de bord en impose, même si plusieurs de ses commandes et jauges, la qualité de certains plastiques et l’absence de repose-pied nous ramènent au moins dix années en arrière. D’ailleurs, dans « notre » Navigator Limited de 75 000 $, on ne retrouvait pas de clé intelligente, pas de bouton Start/Stop, pas de colonne de direction télescopique, bien peu d’espaces de rangement (le coffre à gants est ridiculement petit pour un aussi gros véhicule) et un niveau de finition qui n’a plus rien à voir avec ce que Ford fait maintenant. Au moins, les sièges sont confortables, peu importe leur position dans l’habitacle.
Au chapitre de la conduite, la tenue de route n’est pas exceptionnelle, pas désastreuse non plus cependant. La direction manque de précision et de retour d’informations, les suspensions souples favorisent le confort et imposent un roulis quelquefois prononcé dans les courbes mais, dans l’ensemble, et pour peu qu’on respecte les lois de la physique, la conduite de ce mastodonte s’avère sécurisante. Quant aux freins, ils sont très puissants, heureusement car ils doivent travailler très fort pour stopper cette masse de plus de 2 700 kilos… allège!
Le Lincoln Navigator et le Ford Expedition sont des anachronismes roulants. Mais si Ford les propose toujours, c’est qu’il y a une demande pour de tels véhicules même si cette demande est de plus en plus faible et, surtout, bien moindre que celle pour les Chevrolet Tahoe et Suburban. Le F-150 étant un véhicule très moderne, j’ose espérer qu’il servira, encore une fois, de base pour le prochain Navigator. En souhaitant qu’il y en ait un. Car pour voyager en famille, seule une fourgonnette peut lui être supérieure. À condition de ne pas avoir à remorquer une trop lourde charge et de ne pas s’aventurer dans les sentiers non battus…