Volvo S60/S60R, surdouée ou surévaluée ?
La Volvo S60 fait partie de la jungle automobile depuis l'an 2000. Sa calandre typique, ses flancs à épaulement franc et la dynamique qui s'en dégage donnent encore un joli coup d'oeil. Et même si on se retourne moins sur son passage, le seul nom Volvo impressionne le beau-frère ! Mais il ne faut pas, non plus, tomber en pâmoison. La Volvo, en particulier la S60 (puisqu'il s'agit de ses deux pages de gloire annuelle !) est certes solide comme un roc mais, selon la version choisie, on peut passer de l'enchantement à la déception. Voyons-y de plus près...
Mentionnons, pour débuter, qu'une S60 rajeunie est sur le point d'être présentée au public. Malheureusement, il sera trop tard pour notre date de tombée, une réalité perpétuellement ramenée à l'ordre du jour et qui sert à faire travailler très fort de pauvres chroniqueurs. Enfin... La S60 actuelle commençait déjà à porter le fardeau des années.
La S60 la plus abordable reçoit un moteur cinq cylindres de 2,4 litres développant une écurie de 168 tristes chevaux. Ils sont bougons et s'ils finissent toujours par faire leur besogne, ce n'est pas sans pousser des sons peu mélodieux. Les performances se révèlent tout à fait ordinaires et, lors d'une accélération vive, on aimerait que le plancher soit situé quelques centimètres plus loin ! Mais toute médaille possède deux côtés et ce 2,4 est assez économe. La transmission automatique à cinq rapports qui l'accompagne fonctionne doucement et fait preuve d'un bon étagement. La manuelle est à recommander si vous désirez exploiter un peu mieux les « aptitudes » de ce moteur. Les quatre freins à disques avec ABS assurent des ralentissements sécuritaires surtout si vous avez eu l'heureuse idée d'équiper votre S60 de pneus de 17 pouces comme c'était le cas sur notre voiture d'essai. Les pneus standards de 15 pouces sont à proscrire car ils affectent grandement tenue de route. Bon, même à 17 pouces ce n'est toujours pas une bête de circuit, mais on peut commencer à penser à s'amuser, d'autant plus qu'un système de contrôle de traction et de stabilité est installé d'office.
Du « vieux » et du nouveau
Ensuite, la hiérarchie Volvo devient un peu plus difficile à suivre. Il y a tout d'abord la 2,5T qui se décline en livrée traction ou intégrale. Dans les deux cas, le moteur demeure le même, soit un cinq cylindres (en fait, tous les moteurs offerts dans la série S60 sont des cinq cylindres) de 2,5 litres avec turbo basse pression qui fait 208 chevaux et un couple impressionnant, disponible à 1 500 tours/minute. Bien que l'intégrale soit plus lourde que la traction et que ses performances se révèlent par conséquent un peu moins éclatantes, les quatre roues motrices assurent une meilleure tenue de route tout en améliorant grandement la sécurité sur routes enneigées, par exemple. Malheureusement, la boîte manuelle n'est pas disponible avec ladite intégrale.
La T5 n'est pas un nouveau formulaire d'impôts. Cette S60 bénéficie d'un engin de 2,3 litres développant 247 chevaux... J'aurais sans doute dû écrire « bénéficiait » puisque sa cylindrée sera portée à 2,4 litres cette année, insufflant, du même coup, 10 chevaux supplémentaires à l'intérieur de son turbo. Par la même occasion, le couple augmente de 15 lb-pi. La T5 voit arriver de nombreux changements en 2005. La transmission manuelle à six rapports est toujours de mise, de même qu'une nouvelle boîte automatique à cinq rapports avec mode « manumatique ». Les freins sont désormais plus gros. Espérons simplement que le couple transmis aux roues avant soit mieux maîtrisé que par le passé. 257 chevaux pour une traction, c'est beaucoup...
« Sleeper » moderne
Les amateurs de "muscle cars" savent qu'un "sleeper" est une voiture d'apparence banale mais qui cache toute une cavalerie sous son capot. Pas de tape à l'oeil mais des résultats tangibles sur l'asphalte! La Volvo S60R est du même acabit. On y retrouve un moteur de 2,5 litres turbo qui crache ses 300 chevaux comme moi des pépins de melon d'eau. Inutile de mentionner que les accélérations et reprises forcent l'admiration. Le rouage intégral (pour des raisons évidentes d'effet de couple !), la transmission manuelle à six rapports ou une automatique à cinq rapports, le châssis d'une belle solidité et les pneus 18 pouces s'unissent pour offrir une tenue de route de très haut niveau. Mais attention, la S60, peu importe son moteur, ne sera jamais une Corvette! Pour filer sur une autoroute, par contre, elle ne donne pas sa place !
Pour 2005, comme mentionné précédemment, les changements mécaniques concernent surtout la T5. Mais toute la gamme héritera de plusieurs petites améliorations esthétiques extérieures. Dans l'habitacle, les changements sont plus nombreux. On parle ici d'une nouvelle génération de sièges (et ceux qui existaient déjà étaient considérés, avec raison, comme étant parmi les meilleurs de l'industrie !), et de plusieurs autres modifications plus ou moins importantes. On constate tristement que l'ouverture du coffre ne sera pas plus grande et qu'il sera toujours aussi difficile de s'installer sur la banquette arrière et de s'en extraire...
La S60 n'est peut-être pas la meilleure Volvo de tous les temps et plusieurs personnes surévaluent les produits de la marque suédoise. Cependant, la crédibilité de Volvo en matière de sécurité fait pardonner bien des petits travers de la S60. Et peu importe la version, il se dégage, au volant, une sensation de solidité rarement vue. Et qui dit solidité dit sécurité. On n'en sort pas...