Toyota Celica, la mort annoncée

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2005

Qu'on le veuille ou non, la Toyota Celica attire les regards. Sa silhouette, qui n'est pas sans rappeler les grandes voitures sportives de ce monde, est certainement exceptionnelle. Malheureusement pour elle, la concurrence féroce dans ce créneau spécialisé la fait paraître un petit peu vieillissante, un constat que Toyota a aussi fait en annonçant au cours de l'été que le modèle en était à sa dernière année de production en 2005.

Personne ne pourra me dire cependant que la Toyota sport laisse indifférent. La carrosserie presque longiligne, dont les traits sont entrecoupés d'arêtes carrées ou de phares proéminents, la font ressembler aux grandes italiennes dans leur ancienne version. Et la soeur américaine, la MR2 qui n'est pas vendue au Canada et dont on a aussi annoncé la fin, était encore plus évidemment calquée sur les grandes sportives.

Style oblige cependant, se glisser à l'intérieur du bolide devient presque périlleux. On a l'impression de s'enfoncer bien en deçà de la ligne normale de conduite et d'avoir les yeux trop bas pour jouir d'une bonne perception de la route. Ce qui, à l'usage, se révèle faux.

Au contraire, le pare-brise permet une bonne vision de la route. Une situation qui se dégrade un peu cependant quand on constate les angles morts ou vers l'arrière, alors que les toutes petites fenêtres limitent considérablement la visibilité.

Au volant, on se retrouve assis dans des sièges de grande qualité, enveloppant littéralement le conducteur comme un pilote de course. Les multiples ajustements permettent de trouver la position de conduite idéale sans trop de difficulté. À l'arrière toutefois, l'espace est, comme dans tous les modèles du genre, très limité. Je ne suis pas très grand, mais assis derrière j'avais les genoux sous le menton et la tête au plafond. Inutile alors de parler de confort.

Devant le conducteur, un tableau de bord efficace, bien pensé, mais sans débordement. Les commandes usuelles sont relativement bien situées et faciles d'accès. Pas question néanmoins d'inclure dans cette analyse les commandes de la radio dont les minuscules boutons, mal indiqués, ne permettent pas un usage facile.

En fait, il faut avoir potassé le guide d'instruction durant quelques minutes, et avoir appris par coeur l'emplacement des boutons, pour pouvoir les manipuler alors qu'on est au volant. Les commandes de changement de station sont si petites qu'avec mes gros doigts, j'appuyais souvent sur deux boutons en même temps. Quant au choix de la source audio (CD ou radio), il devenait tout aussi difficile à faire sans demander l'aide du passager.

Cette difficulté d'usage est compensée par un son de grande qualité, et par une chaîne complète et très hi-tech. La façade de la radio illuminée de graphiques bleus s'incline pour laisser voir le lecteur CD dissimulé derrière. Un bon appareil qui aurait avantage à grossir un peu.

En matière de comportement routier, la Celica offre aussi le meilleur et le pire. Le meilleur, c'est sans conteste une direction d'une précision chirurgicale et une tenue de route impeccable. Elle colle littéralement à la route, peu importe la trajectoire ou les efforts qu'on lui demande.

Le pire, c'est la plage de puissance du moteur qui est tellement limitée qu'elle en devient difficile à exploiter. Plus d'explications s'imposent.

D'abord, il faut savoir que notre modèle d'essai était la GT-S, une version survoltée de la Celica de base. Le moteur de base, un simple quatre cylindres de 1,8 litre, développe 140 chevaux, ce qui s'avère un peu juste pour être intéressant.

En revanche, sur la version GT-S, le moteur a été vitaminé pour offrir 180 chevaux et un couple maxi de 130 lb-pi à 6 800 tr/min. Un peu plus sportif quand même!

Cependant, il faut y mettre un bémol. La Celica demande une certaine maîtrise de la part du conducteur pour être vraiment amusante. L'embrayage qui est jumelé à la transmission manuelle 6 vitesses de la GT-S (5 vitesses sur la GT) nécessite une rare précision. Il devient très facile de le faire glisser et de le faire chauffer en usage urbain un peu trop actif. Le même phénomène se produit aussi quand on veut l'utiliser de façon plus sportive.

Quant à la courbe de puissance, elle n'est accessible que dans les paramètres très étroits des ratios de changement de vitesse. Concrètement, cela veut dire que pour être à son maximum d'agrément, la voiture doit tourner toujours à quelque 6 000 tr/min. Mais le côté bruyant du moteur à cette vitesse empêche d'apprécier la conduite.

La suspension est certes rigide, mais elle correspond tout à fait au profil de la voiture : une sportive un peu civilisée, capable d'être utilisée dans toutes les circonstances.

La Celica, c'est une silhouette imprenable et une tenue de route impeccable. Mais c'est malheureusement une voiture dont les performances ont un peu vieilli.

Et devant la concurrence de plus en plus féroce dans l'arène des voitures sport, la Celica n'avait plus vraiment sa place. Reste seulement à souhaiter que Toyota propose une saine relève sous peu.

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