Toyota Avalon, à l'ombre de la camry
Oui, la Avalon va avoir droit à une révision, même si l'annonce officielle n'en a pas encore été faite. On estime qu'elle devrait sortir des chaînes de montage vers les premiers mois de 2005. À quoi faut-il s'attendre ? Entre autres, au V6 de 3,3 litres probablement porté à 3,5 litres, et à la boîte automatique 5 rapports qu'on retrouve depuis l'année dernière sur les Toyota Camry, Highlander et Sienna.
À partir de là, s'il n'est pas permis d'affirmer que la Avalon est négligée par son constructeur, on peut certainement conclure qu'elle ne constitue pas sa priorité. Cela se comprend aisément dans la mesure où, pour chaque Avalon vendue, près de cent Camry quittent la cour des concessionnaires. Les avocats du diable feront observer que le public cible de cette grosse Buick japonaise n'est pas particulièrement friand de mécaniques sophistiquées. C'est vrai, mais l'acheteur d'une voiture de prestige s'attend à ce qu'elle ne soit pas techniquement à la traîne d'un modèle valant 10 000 $ de moins, simple et élémentaire question de fierté !
Du luxe, mais pas trop de niveau
C'est là tout le dilemme de cette berline de luxe, qui se doit de rivaliser d'opulence avec ses rivales américaines, mais qui peine à justifier sa différence de prix avec une Camry. La comparaison ressurgit d'autant plus inévitablement que les deux modèles arborent des lignes semblables, d'une discrétion qui confine à la platitude. Or, lorsqu'on dépense quelque 53 000 $ - taxes incluses - pour une voiture, on a envie que cela se voie autrement que par l'impeccable assemblage des tôles, non ?
Cela finit par se voir, oui, lorsque les portes s'ouvrent sur le luxueux habitacle, agencé dans un style qui ne risque pas de déconcerter les amateurs de grosses bagnoles à l'américaine. Les plastiques ont belle apparence, les garnitures en cuir et les appliques de similibois ajoutent une touche cossue, même s'il n'y a aucune chance qu'on méprenne ces dernières avec les boiseries d'une Rolls. Un cuir épais et de bonne qualité, bien qu'inodore, enveloppe les larges baquets. Ajoutons que la qualité de finition approche celle que l'on retrouve dans une Lexus.
Auparavant livrée en trois versions, la Avalon n'offre plus que la XLS en terre canadienne, la mieux nantie, qui donne droit à une assez longue liste d'équipements, incluant sièges avant chauffants, toit ouvrant, rétroviseurs électrochromiques, et capteurs électroniques actionnant automatiquement les essuie-glace.
Correcte dans l'ensemble, l'ergonomie souffre de quelques hiatus. Le désengagement de l'antipatinage et la prise de 115 volts sont invisibles (sous la clé de contact), tout comme le bouton de mémorisation du siège du conducteur, qu'il faut constamment chercher près du genou. Il n'y a pas de commandes radio redondantes sur le volant, et un contrôle aussi utile que le régulateur de vitesse n'est pas illuminé. L'instrumentation se consulte aisément, trop même, si je songe à l'inutile affichage de la date (incluant le mois et l'année !) en CARACTÈRES IMMENSES, sur un gros écran numérique. Par ailleurs, l'éloignement des commandes de cet ordinateur de bord rend leur manipulation un peu risquée en roulant.
Les fauteuils à large assise plate accordent peu de soutien latéral, mais ils sont très confortables et le conducteur bénéficie de réglages lombaires. On trouve rapidement une position de conduite convenable, même si le volant ne s'ajuste qu'en hauteur. La banquette arrière surprend agréablement par le moelleux de ses rembourrages, et accorde plus d'espace pour les genoux que la Camry. La place du milieu laisse toutefois à désirer en raison de la trappe à skis. Pas de banquette rabattable, mais un coffre aux dimensions pratiques doté d'un seuil bas de chargement, et qui n'a pour seul défaut que d'être plus petit... que celui d'une Camry.
À bord, on s'en doute, la vie s'écoule paisiblement. Les suspensions bercent doucement les occupants dans un impressionnant silence qui n'a été troublé que par quelques craquements, du côté des portières. Ajoutons que la visibilité est excellente pour une voiture de cette dimension, et que la conduite nocturne bénéficierait de phares au xénon.
Peu à redire
Pour l'instant, il faut se contenter du V6 3 litres. Il est vrai que sa puissance suffit à l'usage qu'en fera la grande majorité des conducteurs. Pas nerveux, non, mais sa grande souplesse permet d'en tirer le meilleur parti en toutes circonstances. Il sait aussi faire preuve de retenue à la pompe, comme en témoignent les 11 litres/100 km obtenus lors d'une randonnée de 400 km dans une circulation dense, sous la neige. Cela dit, le nouveau moteur Toyota de 3,3 litres lui est supérieur.
La direction est légère et peu bavarde, mais la tenue de cap s'effectue sans à-coups, et le véhicule se montre relativement insensible aux vents latéraux. Évidemment, la caisse penche en virage dès qu'on pousse un peu. Il suffit de lever le pied pour qu'elle reprenne son équilibre, à moins que l'une ou l'autre de ses assistances à la conduite ne le fasse à votre place. Soit dit en passant, l'antipatinage donne de bons résultats dans la neige. Le freinage, pourvu lui aussi de sa part d'assistances électroniques, ne suscite guère de commentaires, si ce n'est que l'ABS se révèle trop sensible.
En somme, c'est tout à l'image de la Avalon : pas grand-chose à en redire... ni à en dire.