Mitsubishi Galant, ordinaire...
On doit se rendre à l'évidence, la Mitsubishi Galant est ordinaire. Pas dans le sens de mauvaise, ou incompétente, mais plutôt banale (elle est même assemblée à Normal, en Illinois !), incapable de s'élever au-dessus du lot. Il lui aurait pourtant fallu des arguments convaincants pour ce faire. Car pas besoin d'être économiste pour constater que la lutte demeure particulièrement féroce au sein de ce créneau.
Après avoir complété mes essais routiers, j'avoue que j'étais assez étonné de n'avoir trouvé rien de particulier à dire à son sujet. Ni en bien, ni en mal, sauf pour quelques détails, mais aucun avantage particulier en ce qui concerne le prix, l'équipement, la garantie, le style, que sais-je. Même ses lignes, avouons-le, assez distinctes de ses concurrentes, ne vous feront pas remarquer au milieu de la circulation. À peine si à son volant j'ai eu droit à quelques coups d'oeil furtifs, alors qu'elle est quand même assez nouvelle dans le paysage. Et aucune question de la part des automobilistes rencontrés au hasard des stationnements.
Comparaisons décevantes
Pour me rassurer, je suis allé consulter le site Internet du constructeur. Encore là, je n'ai rien trouvé de significatif, aucun élément qui lui permettrait encore une fois de se glisser dans la lutte et viser les premières places.
Pourtant, cette dernière édition présentée l'année dernière marque un net progrès par rapport à sa devancière. Son châssis plus rigide permet un meilleur guidage des suspensions, et ses cotes d'habitabilité en progrès soutiennent bien la comparaison avec les autres références dans ce créneau. Elle se décline en quatre versions (DE, ES, LS et GTS) pouvant théoriquement satisfaire aux nombreuses requêtes des consommateurs. Les deux premières font appel à un groupe motopropulseur composé exclusivement d'un moteur quatre cylindres de 2,4 litres, joint à une boîte automatique à quatre rapports. Ses 160 chevaux répondent bien à votre appel, mais ils semblent s'essouffler à haut régime et manifestent leur mécontentement par des bruits mécaniques assez importants, tout le contraire d'autres blocs du même genre chez la concurrence. Heureusement, la transmission tempère ces débordements grâce à ses réactions bien policées, et elle lui permet de mieux paraître en toutes circonstances. Mais quand même, les japonaises de même acabit alignent des boîtes à cinq rapports.
Ce petit jeu continue aussi avec le V6 de 3,8 litres présent dans les LS et GTS. On pourrait croire que sa cylindrée de calibre « Américain » par rapport aux trois litres Honda ou Mazda, lui permettrait de les malmener. Mais non ! Sa puissance quand même respectable de 230 chevaux, et son couple abondant de 250 lb-pi font bonne figure, mais la caisse pèse davantage que celle des autres nipponnes, ce qui annihile presque ses courageux efforts. Par ailleurs, même s'il tourne avec douceur, il grogne lui aussi à haut régime, mais avec moins de véhémence que son petit frère. Il forme un beau tandem avec une boîte automatique séquentielle, encore une fois... à quatre rapports, avec des effets négatifs sur la consommation.
La présentation de l'habitacle obéit aux canons du genre, avec des matériaux bien ajustés mais d'apparence et de textures parfois douteuses chez une voiture de ce prix. Les places avant sont confortables, et l'habitabilité s'avère très correcte. À l'image de plus en plus de voitures intermédiaires, et même de grandes berlines, la banquette accueille généreusement deux adultes, mais le troisième demeure mal loti. Dans la Galant, ce troisième passager adulte est confortablement accepté, mais l'électricité statique générée au contact du pavillon lui fera rapidement dresser les cheveux sur la tête. Le coffre de bonne dimension ne peut malheureusement pas s'agrandir grâce au dossier de la banquette, et on doit se contenter d'une trappe à skis.
Comportement routier bridé
Le comportement routier de la Galant pourrait être qualifié de... ordinaire, en ce sens qu'il demeure sécurisant dans la plupart des circonstances, mais cette voiture n'apprécie vraiment pas qu'on la presse. Encore (et presque toujours) la faute à des pneumatiques de qualité très banale, qui crient « mon oncle » bien avant la plate-forme et les suspensions. Surtout qu'il faut presque se fier à leurs appels de détresse pour lever le pied, la direction légère et assez rapide, semblant un peu déconnectée de la réalité. La tenue de cap semble correcte, jusqu'à ce qu'une bonne rafale de vent latéral vienne perturber assez facilement la trajectoire. Le freinage mérite une bonne note, avec des distances d'arrêt courtes et une pédale rassurante par sa dureté.
Au pied de l'échelle, la DE arrive quand même assez bien équipée, avec sa boîte automatique, la climatisation à réglage électronique, les principales assistances électriques bien sûr, et des disques partout mais sans ABS. Bien installée au faîte, la GTS dispose d'un antipatinage, de sacs gonflables latéraux, d'un toit ouvrant électriquement, de confortables sièges en cuir (celui du conducteur à réglages électriques) d'une sono performante, en un mot, tout ce que l'on retrouve normalement pour ce prix.
Et c'est justement le drame, elle ne propose rien de plus, parfois moins, comme un réseau de concessionnaires encore embryonnaire. Difficile de s'imposer dans cette compétition.