Mitsubishi Eclipse, de la gueule, point !
Vous en rêviez. Comme tous les amateurs, vous regardiez avec une pointe d'envie cette Mitsubishi Eclipse aux lignes uniques, et vous vous imaginiez au volant de ce bolide, fendant l'air au gré de vos désirs. Inspiré par les messages publicitaires agressifs de la marque aux trois losanges, vous vous prépariez à vivre une véritable aventure spirituelle au volant de votre voiture qui, vous en étiez persuadé, vous attirerait les éloges et les regards de tous ceux qui vous regarderaient passer sur la route de la vie.
Mais quand vous avez réellement conduit la Mitsubishi Eclipse, ou sa soeur cabriolet la Spyder, vous avez peut-être un peu déchanté. C'est vrai qu'on achète ce genre de voiture d'abord pour le look, et de ce point de vue, la Eclipse ne décevra personne. Même si ses lignes commencent à vieillir un peu, elle demeure un modèle de style et d'efficacité.
Et comme toutes les Mitsubishi, elle est en train de devenir le centre d'attraction de tous les mordus de "tuning". Elle est tellement facile à modifier, à améliorer, à rendre encore plus remarquable d'un simple point de vue esthétique qu'on la croirait conçue expressément pour les mordus de personnalisation.
Les lignes esthétiques de la carrosserie sont certainement splendides. Mais cette voiture est plus agressive visuellement que derrière le volant.
Et la réussite n'est pas nécessairement au rendez-vous à tous les points de vue. La silhouette a été remodelée avec succès l'année dernière, mais les stylistes avaient alors complètement oublié l'habitacle, ce qui est un peu dommage. Cette année encore, malgré quelques modifications, tellement mineures qu'on en vient à les oublier, rien n'a véritablement été changé. En fait, comme Mitsubishi a déjà fait savoir que sa Eclipse serait entièrement remodelée l'an prochain, il ne servait à rien de se lancer dans une vaste opération de charme pour un modèle en bout de course.
On ressent d'ailleurs ce laisser-aller dès qu'on met le nez à l'intérieur de la Eclipse. La planche de bord est fade, sans éclat, et son aménagement accuse le coup de ses quelques années d'existence.
L'instrumentation, facile à consulter de façon générale, n'a rien non plus d'original ou d'attirant. Disons qu'elle est à la bonne place, et c'est bien la seule qualité que l'on peut y trouver. On pourrait y greffer un peu de fantaisie, ce qui ne ferait de mal à personne.
Malgré un bon support latéral, les sièges ont des angles qui ne facilitent pas la tâche pour trouver la position qui vous comblera. On se sent toujours en déséquilibre par rapport à la route, et on ressent mal la prise en main du volant. Bref, un bon remaniement ferait le plus grand bien dans le poste de pilotage de cette voiture pourtant attirante de l'extérieur.
Au moins, elle roule
Selon la version que l'on choisira, le coupé Eclipse ou le cabriolet Spyder, on pourra profiter d'un moteur quatre cylindres de 2,4 litres ou d'un un V6 de 3 litres. Sans surprise, le V6 est nettement supérieur à son petit frère en fait de performance. Il développe 200 chevaux, et jumelé à la boîte manuelle à 5 rapports il permet une accélération mesurable de 0 à 100 en moins de 7,8 secondes (chronométré manuellement il faut le dire).
La joie de cette performance, qui n'a pas changé d'un iota depuis l'année dernière, c'est que le pilote peut profiter de cette puissance sur une vaste plage de régime moteur. Contrairement à d'autres japonaises qui exigent presque que la voiture révolutionne à la limite de ses possibilités pour atteindre le maximum. Mitsubishi fournit ici un engin capable d'être performant même à bas régime. Une notion qui donne un avantage remarquable en terme de plaisir de conduite (le moteur est nettement moins bruyant à bas régime) mais aussi pour ce qui est de l'économie d'essence puisqu'un moteur tournant moins rapidement aura tendance à consommer moins. Élémentaire, mon cher Watson !
Malheureusement, les versions RS et GS propulsées par le quatre cylindres de 2,4 litres sont nettement moins performantes. Avec seulement 147 chevaux au maximum (un peu moins si la transmission est automatique), le moteur n'offre que peu de plaisir à celui qui le dirige. Ce qui explique sans doute la propension des propriétaires d'Eclipse à tripatouiller jusque dans les composantes mécaniques pour essayer de rendre le tout plus agréable, et surtout plus puissant.
Il faut dire que dans une version comme dans l'autre, la Mitsubishi voit ses performances fortement handicapées par un surplus de poids.
C'est sans doute aussi ce qui explique la difficulté rencontrée en tenue de route par la voiture. Quand la chaussée devient un peu bosselée, la suspension bondit et rebondit, et exige du conducteur qu'il tienne avec rigueur la direction pour s'assurer de conserver sa trajectoire.
Même le freinage n'atteint pas des sommets puisque la pédale, spongieuse, n'atteint son maximum d'efficacité que lorsqu'elle est enfoncée avec vigueur. Cette douceur relative est agréable en ville, au moment où vous roulez à basse vitesse dans le trafic de l'heure de pointe, mais devient un véritable enfer quand vous tentez de tirer le maximum de la voiture en conduite plus sportive.
Soyons honnêtes, la Mitsubishi Eclipse a un look d'enfer, et une personnalité tellement forte qu'elle attire les regards de tous ceux qui la voient passer. Mais un bon rafraîchissement intérieur, quelques modifications extérieures, et un peu d'améliorations mécaniques lui permettront à l'avenir de s'attirer aussi l'admiration de ceux qui la conduisent.