Mercedes-Benz Classe S, le calme avant la tempète
La berline Classe S, navire amiral de Mercedes-Benz, navigue en eau très tranquille cette année. À part la S430 qui ne sera désormais disponible qu'en version 4MATIC, il n'y a pas de changements notables en 2005, ce qui, après quelque six années d'existence, ne peut signifier qu'une chose : elle prépare une révision substantielle pour l'an prochain.
Cette voiture de grand luxe aura donc parcouru un cycle de sept ans lorsqu'elle passera le flambeau, autant dire une éternité. Pourtant, malgré les progrès réels de la concurrence, elle reste encore dans le coup à tout point de vue. Il est vrai qu'elle n'a cessé d'évoluer au fil des ans : traction intégrale 4MATIC, boîte automatique à 7 rapports, augmentation de la puissance moteur... La Classe S n'est peut-être pas la mère de toutes les inventions, mais elle fait la somme de toutes les technologies. L'occasion est belle, en ce dernier tour de piste, de récapituler les avantages offerts par celle que l'on qualifie à juste titre de « vitrine du savoir-faire Mercedes ».
La «tronic-o-matic-o-manie»
La Classe S propose 4 dénominations correspondant à autant de cylindrées, soit la S430, la S500, la S600, et la S55 AMG. Elles reposent toutes sur la même plate-forme dite à empattement allongé, mais la S430 propose aussi un modèle à empattement « standard » plus court de 12 cm. Le châssis, qui utilise une bonne part d'aluminium, possède une rigidité exceptionnelle, et affiche un excellent coefficient de traînée de 0.27.
On retrouve sous le capot des modèles S430 et S500 un V8 d'une cylindrée respective de 4,3 et 5 litres. Le second offre 302 chevaux, alors que le premier se contente d'en libérer 275, ce qui lui permet tout de même de franchir le 0-100 km/h en 7,4 secondes. La S430, nous le disions, vient d'office avec la traction intégrale 4MATIC, tandis que la S500 maintient le choix de la propulsion. Celle-ci fait équipe avec la superbe transmission automatique 7G-TRONIC à sept rapports, la 4MATIC recevant pour sa part une automatique cinq rapports séquentielle. La suspension, appelée AIRMATIC, fait appel à des ressorts pneumatiques contrôlés électroniquement, de même qu'à un système d'amortissement « adaptif » (ADS). À vitesse de croisière, elle abaisse automatiquement sa garde au sol afin d'améliorer les réactions dynamiques. Le conducteur peut sélectionner entre quatre modes de fermeté, et choisir lui-même la garde au sol désirée.
La sportive S55AMG et la très bourgeoise S600 trônent pour leur part au sommet de cette gamme de prestige. Toutes deux s'enorgueillissent d'une extraordinaire puissance de 493 chevaux, l'une au moyen d'un V12 biturbo développant le fabuleux (je vais bientôt être à court de superlatifs) couple de 590 lb-pi à 1800 tr/min, l'autre grâce à un V8 suralimenté et à échangeur thermique de 5,5 litres. Elles pulvérisent le 0-100 km/h de concert, en 4,8 secondes! Outre la boîte automatique à 5 vitesses, elles partagent la suspension à contrôle de châssis actif (ABC) qui utilise un système de capteurs et de vérins hydrauliques afin de corriger en permanence l'assiette du véhicule. La S600 mise à l'essai sur une autobanh m'a permis de rouler en toute quiétude au rythme de 220 km/h, tout en démontrant une déconcertante facilité à négocier les virages. Elle isole trop des sensations de la route pour se qualifier en tant que sportive pure et dure, mais n'importe quel conducteur peut en tirer des performances illicites, les doigts dans le nez !
Assurés par quatre gros disques perforés et ventilés à étriers Brembo à l'avant, les arrêts bénéficient de l'assistance BAS qui détecte le freinage d'urgence et applique aussitôt la force maximale disponible. Le très efficace contrôle de stabilité ESP intègre pour sa part un antipatinage, et intervient afin de corriger le survirage ou le sous-virage. Le régulateur de vitesse Distronic se charge quant à lui de maintenir la distance que vous avez déterminée avec la voiture qui vous précède. Et pour compléter cette longue liste de « tronic », le Parktronic vous aide dans vos manoeuvres de stationnement grâce à un avertisseur audio-visuel se déclenchant à proximité d'un obstacle (il n'y a même pas de caméra, hon !)
Presque à toute épreuve
Du côté de la sécurité passive, huit coussins gonflables assurent la protection des occupants, mais il y a plus encore. Sitôt qu'il détecte l'imminence d'un accident, le système PRE-SAFE prend votre sécurité en main; les ceintures se tendent sur les occupants, les fauteuils électriques adoptent des réglages sécuritaires, et le toit ouvrant se referme. Lorsque le pire survient, le TeleAid notifie automatiquement l'accident à la centrale à laquelle est relié le système de communication. L'une des pièces maîtresses de ce système, l'écran multifonction COMAND, n'est malheureusement guère convivial ; souhaitons que la prochaine génération soit plus "user-friendly".
La cabine, bien évidemment, fait usage des matériaux les plus nobles, et renferme un luxe inouï dont on n'aurait pas trop de deux pages supplémentaires pour tout décrire. Malgré un prix de départ de 100 000 $, les options sont nombreuses. Parmi celles-ci, une carte à puce qu'il suffit de traîner au fond de vos poches pour déverrouiller la porte et faire démarrer le moteur d'une simple pression du doigt. Ou encore, les sièges avant à « conduite dynamique » en cuir Nappa, dont les coussins gauche et droit se gonflent alternativement en virage pour maintenir en place les occupants.
Considérant que la Classe S demeure condamnée à l'excellence, j'ai déjà hâte de voir ce qu'elle nous réserve l'an prochain.