Mercedes-Benz Classe G, le luxe, yes sir !
Il y a des questions qui méritent d'être posées. Croyez-vous vraiment, par exemple, que les vrais amateurs de véhicules utilitaires sport sont prêts à payer n'importe quel prix, à acheter n'importe quel look, juste pour être certain d'avoir quelque chose d'un peu unique ? C'est ce que les dirigeants de Mercedes semblent penser, eux qui continuent d'importer en Amérique un des utilitaires les moins glamours, la G-500. Pourtant, le véhicule
d'inspiration militaire semble bien plus à l'aise dans les
sentiers afghans que sur le bitume nord-américain.
Même la Défense nationale du Canada l'a compris, puisque pas moins de 1150 véhicules de Classe G, dont plusieurs centaines avec un système de renforcement, ont été achetés récemment et acheminés directement en Afghanistan pour faciliter le déplacement des troupes.
Cet usage militaire est assez simple à expliquer : le modèle de Classe G est une véritable bête de somme aux capacités hors route exceptionnelles et à la fiabilité reconnue. Pour les forces armées, que le design remonte aux années disco (le modèle célèbre son 25e anniversaire) n'a aucune espèce d'importance. En Afghanistan, il a encore l'air moderne...
Sur nos routes par contre, le profil tout ce qu'il y a d'anti-aérodynamique du G-Wagon (en fait, le véritable nom est Gelandewagen mais on peut rapidement devenir familier) détonne. Ses formes carrées et ses dimensions des plus imposantes attirent le regard à coup sûr. La rareté du modèle aussi, ça va de soi.
Pourtant, une fois assis à l'intérieur, il faut admettre que le gros utilitaire a certains avantages. Il bénéficie du confort Mercedes dans tous ses détails ce qui, dans cette catégorie et avec cette allure, relève presque de l'exploit.
Les sièges tout cuir, et pas de toc ici, sont enveloppants et procurent un rare support. Ils sont d'ailleurs ajustables en de multiples positions grâce aux contrôles électriques installés dans la portière. Et moyennant quelques dollars supplémentaires, vous pourrez même disposer du module de contrôle pneumatique des supports lombaires et dorsaux pour le conducteur.
Évidemment, une fois installé derrière le volant, la visibilité est exceptionnelle et la position relevée permet un aperçu total de l'environnement.
Pour compléter le tout, le Classe G reçoit toute une gamme d'équipements sophistiqués, comme un système de navigation et un optionnel système d'urgence relié à un téléphone cellulaire, une dispendieuse variation de quelque 3 000 $.
En dehors des sentiers battus
Pour sillonner les routes de l'Afghanistan, ou de n'importe quelle contrée sauvage (même s'il s'agit d'un sentier du Mont-Tremblant) le G500 est muni d'un équipement qui rivalise avec n'importe quel utilitaire et qui, dans certains cas, le devance même largement.
Ainsi, d'une simple pression du doigt, le conducteur peut barrer l'un ou l'autre des trois différentiels, améliorant du même coup la traction dans des circonstances difficiles.
Au-delà de cet équipement, une simple randonnée dans un sentier boueux a permis de constater la précision du système quatre roues motrices à traction constante qui sans coup férir a réussi à déplacer le mastodonte même dans des circonstances moins usuelles et sans la moindre hésitation.
Malheureusement, sur la route le système se fait moins sentir. La mollesse relative de la direction et l'adaptation inégale de la suspension (installée sur des amortisseurs à gaz) rendent la randonnée un peu moins confortable.
Et inévitablement, à cause de sa hauteur, de sa largeur et de sa structure imposante, le modèle G a besoin de beaucoup d'espace pour se retourner, une opération qu'il n'effectue pas toujours avec grâce en zone urbaine.
La bombe et l'escargot
Pour propulser le mastodonte, Mercedes a installé sous le capot un V8 de 5 litres de 292 chevaux qui profite d'un couple intéressant de 336 livres-pied. Avec une telle puissance, aucun doute que le G-Wagon passe partout. Mais à côté de son nouveau frère, issu de la division sportive AMG du germanique fabricant, le G500 fait figure d'escargot.
Selon les données de la compagnie, qu'il a cependant été impossible de valider, la version G55 AMG équipée d'un monstrueux V8 de 349 ch et dont le couple atteint 387 lb-pi à 3000 tr/mn serait capable des performances dignes d'une berline sportive. En fait, on parle même d'un 0-100 en moins de 8 secondes (contre 10,4 pour le G500 standard), pour une bête dont le poids total à vide atteint tout de même les 2 512 kg.
De telles statistiques ne s'atteignent cependant pas sans quelques sacrifices. On peut donc comprendre que l'économie d'essence n'est pas au menu avec ses quelque 17,5 litres consommés à tous les 100 kilomètres. En matière d'émissions polluantes aussi, le G500 est un chef de file puisqu'il a remporté, l'année dernière le titre peu enviable de « VUS le plus polluant sur terre ». Tout cela dans un bolide dont l'utilité continue d'être mise en doute, et pour lequel il faudra accepter de débourser plus de 110 000 $ à l'achat.
Alors qu'est-ce qui peut bien attirer un acheteur vers ce genre de modèle, surtout à ce prix ? Il y a des questions qui méritent d'être posées, et qui, souvent, demeureront sans réponse.