Volkswagen Passat 2012: L’Américaine
Après s’être contenté pendant des décennies de dominer le marché européen, Volkswagen a maintenant des visées beaucoup plus ambitieuses, notamment le titre de numéro un mondial, rien de moins. Pour ce faire, il est impératif pour le constructeur d’améliorer sa position sur le marché nord-américain. Et après des années d’ineptie, on a pris les moyens qui s’imposaient. La construction d'une méga usine ultramoderne à Chattanooga dans l'État du Tennessee nous donne l'idée du sérieux de l'entreprise.
Autrefois, la philosophie décisionnelle de l’entreprise était : « Si c’est bon pour Volkswagen, c'est bon pour le reste du monde. » Cette politique a été respectée avec entêtement pendant plusieurs décennies. Mais la direction a changé à Wolfsburg. Les objectifs ont été sérieusement modifiés et on a décidé de développer une voiture sur mesure pour notre marché. La Passat américaine diffère beaucoup de sa sœur européenne. Cette fois, c’est une automobile spécialement conçue pour les goûts et les besoins des automobilistes nord-américains qui nous est présentée.
Pas de clinquant
Les stylistes du numéro un allemand ne sont pas reconnus pour faire dans l'excentricité. Le design intemporel, la sobriété des lignes et l'équilibre des masses ont préséance sur les coups d'éclat visuels. Dans le cas qui nous occupe, cette politique a été appliquée et même accentuée. Lorsque la Passat a été dévoilée au Salon de l'auto de Detroit en janvier 2011, la plupart des commentaires soulignaient à quel point cette voiture était peu excitante. Certes, sa silhouette ne fait pas nécessairement tourner les têtes, mais il s'agit du type de voiture qui, selon nous, conservera son élégance au fil des années. De face, on remarque avant tout la grille de calandre avec ses bandes transversales chromées et l'écusson Volkswagen au centre. Des blocs optiques rectangulaires servent d’encadrement et débordent sur les ailes comme le veut la tendance actuelle. Tout cela surplombe un pare-chocs relativement gros sous lequel on trouve une importante prise d'air. La partie centrale du capot est surélevée.
L’arrière est tout en rondeurs et ce sont les feux horizontaux qui rompent la monotonie des lignes. Par ailleurs, sur les parois latérales, on note un relief sur la partie supérieure tandis qu’une bande en chrome placée en bas des portières ajoute un peu plus de piquant à l'ensemble. Il faut également souligner que les passages de roue sont légèrement bombés. Tout dans cette voiture est affaire d'harmonie et de raffinement.
Ce constructeur a toujours été reconnu pour ses planches de bord très sobres et celle de la Passat ne fait pas exception. La coordination des couleurs varie généralement entre le noir et l'aluminium. Les commandes, quant à elles, sont de manipulation simple. Les deux cadrans indicateurs principaux sont faciles à lire avec des chiffres blancs sur fond noir. L'indicateur de vitesse est à droite tandis que le compte-tours est à gauche. Entre les deux, on retrouve un centre d'information dont l'affichage est commandé par un bouton placé sur le volant. Les stylistes se sont payé une petite fantaisie avec cette pendulette installée sur la partie supérieure de la planche de bord et encadrée par les buses de ventilation. Comme sur les autres produits de marque Volkswagen, le système de navigation possède un écran d'affichage délimité, de chaque côté, par de multiples touches de commandes. Sous cet écran trônent les trois gros boutons servant à régler la climatisation.
Malgré un prix de base relativement bas, les matériaux de l'habitacle sont de première qualité. Le recouvrement de la planche de bord est fait de matériaux souples et leur assemblage est impeccable. Comme il se doit, les sièges sont confortables, bien qu'ils nous apparaissent un peu mous par rapport à ceux d’autres modèles Volkswagen. Mais le summum est la très large banquette arrière qui offre un dégagement pour les jambes qu’on croirait dignes des grosses limousines. Le dossier de type 60/40 se rabat pour augmenter l’espace de chargement déjà fort généreux. Le système audio est de marque Fender. Il aurait été difficile de choisir un symbole plus américain que cette compagnie connue de par le monde.
L'incontournable trio
Les ingénieurs ont développé une plate-forme exclusive à ce modèle. Toutefois, elle est dérivée de celle de la Golf dont l'excellence est reconnue de tous. Bien entendu, les suspensions avant et arrière sont indépendantes. L'essieu arrière est à liens multiples tandis qu’on remarque la présence de freins à disques à l'avant comme à l'arrière. Quant à la motorisation, trois engins sont au catalogue. Ceux-ci sont utilisés sur d'autres modèles et ont fait leur preuve.
C’est un moteur cinq cylindres de 2,5 litres et de 170 chevaux qui est monté dans le modèle de base. Il est jumelé à une boîte manuelle à cinq rapports alors que l'automatique en option en propose un de plus. Sur les modèles un peu plus luxueux, on retrouve le quatre cylindres 2,0 litres TDI. Ce turbo diesel produit 140 chevaux et aussi bien la boîte manuelle que l’automatique sont à six vitesses. Par contre, contrairement à la transmission automatique utilisée avec le moteur 2,5 litres, il s'agit de la boîte DSG à double embrayage. Elle est également associée au troisième moteur, un V6 de 3,6 litres de 280 chevaux. Ce dernier ne peut être livré qu'avec l’automatique et propulse le modèle Highline, le plus luxueux de la gamme. La direction des modèles équipés du moteur 2,5 litres est à assistance hydraulique, tandis que celle des deux autres est électrohydraulique.
Malgré une augmentation de ses dimensions, la nouvelle Passat offerte avec le moteur 2,5 litres est plus légère de 67 kg. Quant à la version à moteur V6, elle a perdu 113 kg. Le modèle doté du moteur diesel a conservé son poids d'antan.
Silence, on roule!
Dans le cadre du lancement de la nouvelle Passat, j'ai eu l’occasion de piloter deux modèles. Le premier était mu par le moteur cinq cylindres de 2,5 litres. On note immédiatement le grognement si caractéristique des cinq cylindres. Ses performances se sont avérées correctes. Par contre, il faudra jouer de la boîte de vitesse si l’on veut obtenir des performances qu’il serait possible de qualifier de sportives.
Le second véhicule que j’ai essayé possédait le moteur 2,0 litres TDI. J'ai été charmé par ce moulin dont le couple permet d'obtenir d'excellentes reprises et de bonnes accélérations, tout en conservant une réserve de puissance, et ce, peu importe le régime du moteur. Puisque le capot est encapsulé, son silence de roulement est exceptionnel pour un diésel.
La Passat impressionne par son équilibre général. L’insonorisation est presque parfaite, les sièges offrent un excellent support latéral, la position de conduite est facile à trouver en raison d'un volant réglable en hauteur et en profondeur et la visibilité est bonne.
Ajoutez à cela une direction relativement précise – bien qu'un peu engourdie –, une suspension qui semble avaler les imperfections de la chaussée et une stabilité linéaire qui nous donne l’impression que la voiture roule sur des rails. En virage, on tourne le volant et la Passat s'occupe du reste. Il est vrai que davantage de feedback serait apprécié de la part des puristes habitués à rouler en Volkswagen. Mais ce n'est pas non plus une Camry, endormante à mourir… On a trouvé un moyen de construire une automobile qui répond aux attentes et aux goûts des acheteurs nord-américains, sans que l’agrément de conduite soit diminué. Et l'habitabilité généreuse de ce modèle vient ajouter un autre élément de positif au tableau.
En plus, cette voiture propose un petit quelque chose de différent au niveau de la conduite. Pour cette raison, elle saura certainement se faire apprécier des personnes qui ont besoin d'une auto aux dimensions plus généreuses et qui veulent demeurer dans le giron de Volkswagen. Mais une chose est certaine, l’américanisation de cette marque est bel et bien amorcée.