Toyota FJ Cruiser 2012: Un brin de folie
Il est assez ironique de constater que Toyota, qui commercialise l’extraverti FJ Cruiser, est aussi à l’origine de véhicules aussi ennuyants que les chutes Niagara une journée de pluie comme les Corolla, Camry et Highlander, pour ne nommer que ceux-là. Preuve que lorsqu’on laisse un peu de corde à des designers, ils peuvent faire des choses dynamiques. Remarquez que je n’ai pas écrit « pratiques », ce qui est bien différent…
Lorsque le FJ Cruiser est apparu, en 2006, la vague rétro battait son plein. La Thunderbird venait de nous quitter, mais le PT Cruiser, la Coccinelle et la Mini Cooper gardaient le fort de la nostalgie. Inutile de mentionner que le Jeep Wrangler fait partie de ce groupe sélect, même si on le considère davantage comme un véhicule moderne. C’est ce qui arrive quand un constructeur sait bien faire évoluer un modèle! Pour en revenir au FJ Cruiser, les designers avaient repris la ligne générale du Toyota Land Cruiser J40, fabriqué de 1959 jusqu’au début des années 2000.
La version moderne, bien qu’infiniment plus agréable à vivre que l’ancienne, engendre, elle aussi, son lot de frustrations. Au chapitre de la visibilité, tout d’abord. Les vitres ne sont pas très hautes, les montants – surtout celui entre les portes arrière et le hayon – sont immenses et le pneu de secours accroché au hayon. Un sous-marin, au moins, possède un périscope! Pour accéder à l’habitacle, il faut avoir la patte alerte – à ne pas confondre avec « avoir la cuisse légère », ce qui est autre chose. Bien qu’on puisse sans doute avoir les deux… Dans le même ordre d’idées (!), soulignons que les places arrière sont, au mieux, pénibles.
Un habitacle funky
Les places avant, elles, sont étonnantes de confort… pourvu qu’on prenne le mot « confort » avec un grain de sel. Le tableau de bord est aussi excentrique que la carrosserie avec son panneau central de la même couleur que cette dernière et ses jauges placées sur le dessus (boussole, température et inclinomètre). Les boutons sont gros et généralement bien placés pour une utilisation facile et intuitive. Certaines personnes ont de la difficulté à trouver une bonne position de conduite, mais ça ne m’est pas arrivé. Que voulez-vous, c’est ce qui arrive quand on possède un corps parfait…
Le coffre, très grand, est recouvert d’un plastique très résistant qui peut être facilement lavé. Son seuil de chargement est assez élevé, mais puisque le véhicule est haut sur pattes, on ne peut espérer mieux. La vitre du hayon ouvre séparément, une délicatesse qu’on retrouve de moins en moins souvent.
Toyota propose un seul moteur pour son FJ. Il s’agit d’un V6 de 4,0 litres qui développe 260 chevaux et 271 livres-pied de couple. L’acheteur a le choix entre deux transmissions : une manuelle à six rapports et une automatique à cinq rapports. La version automatique a droit à un rouage 4x4 temporaire (il est possible de rouler en mode deux roues motrices – à l’arrière uniquement) tandis que la manuelle reçoit un système 4x4 à prise constante. Dans les deux cas, on retrouve un boîtier de transfert à deux rapports.
Même si le FJ Cruiser est un véhicule de près de 2000 kilos, ses performances sont loin d’être décevantes. La manuelle a un comportement très « camion », tandis qu’il y a peu à redire de l’automatique. Peu importe la transmission, il est très difficile de rouler sous les 14 l/100 km. Et ça, c’est si vous ne faites pas trop de ville ou si vous ne vous amusez pas en hors-route…
Chouette, d’la bouette!
Or, avec un FJ Cruiser, il est très difficile de résister à l’attrait d’un beau champ bien boueux. Les capacités de ce véhicule dépassent de loin les besoins de la plupart des individus pour qui des angles d’attaque de 34 degrés et de sortie de 31 ne veulent pas dire grand-chose. Mais pour les amateurs de hors-route, ces chiffres sont assez impressionnants, même s’ils n’égalent pas ceux de son éternel rival, le Jeep Wrangler Unlimited. Sous le véhicule, on retrouve plusieurs plaques de protection, ce qui indique le sérieux qu’il met dans ses aventures hors route. En passant, il fait toujours confiance à un levier pour engager la gamme haute ou basse du boîtier de transfert, alors que plusieurs constructeurs sont passés au bouton rotatif commandant un moteur électrique. Le levier fait pas mal plus viril qu’un petit bouton!
Si le FJ excelle en dehors de la route, c’est toutefois loin d’être le cas dessus. Tout d’abord, le centre de gravité élevé est responsable d’un roulis prononcé. Les suspensions, indépendantes à l’avant et à essieu rigide à l’arrière, réagissent parfois brusquement au passage de trous et de bosses tout en imprimant au véhicule un tangage peu apprécié. La direction, très vague, ne permet pas de bien placer le véhicule dans les courbes. On a affaire à un camion, un vrai, ne l’oublions pas! Les freins, curieusement, font un très bon boulot et stoppent le FJ dans des distances très raisonnables.
Le FJ Cruiser a de moins en moins sa place dans un monde où chaque goutte d’essence préservée est honorée et où la démesure a laissé sa place au politiquement correct. Dans ce contexte, le FJ est un anachronisme évident. Nous vivons dans le monde bienséant des Corolla, Camry et Highlander. Heureusement, le FJ nous rappelle que la folie existe encore!