Audi A4 2012: Plus qu’un prix de consolation
Audi renouvelle sa gamme comme un bon joueur d’échecs. Chaque coup est calculé et annonce souvent le prochain. Prenez la série A4, entièrement et sérieusement remodelée il y a trois ans. Elle fut la première à porter les éléments de style qu’ont repris depuis les séries A8 et A6 : une architecture nouvelle qui bonifie l’équilibre des masses, le comportement et l’habitabilité. La S4 a été la suivante à profiter de ce vent de renouveau. Cette dernière est perçue comme celle qui doit défendre l’honneur de la série la plus populaire de la marque d’Ingolstadt chez les berlines sportives. Et vous savez quoi? Elle s’en tire plutôt bien.
La clé du comportement transformé des A4 et S4 tient aux 117 mm que leur carrosserie a gagnés en longueur, mais aussi à un empattement qui s’est allongé de 160 mm par rapport à leurs devancières. Ces changements visaient à déplacer vers l’avant la ligne de l’essieu et à réduire le porte-à-faux pendant qu’on poussait le moteur le plus loin possible vers l’arrière. Jusque-là, l’implantation longitudinale du moteur qui facilite l’ajout du rouage quattro avait placé trop de poids sur les roues avant ce qui les portait depuis toujours à trop sous-virer.
Ces A4 et S4 plus équilibrées ont permis aux ingénieurs de partir de bases beaucoup plus saines pour raffiner le comportement. Il ne faut rien de moins quand la rivale la plus redoutable est la Série 3 de BMW, référence incontestée en la matière.
Finesse et discrétion
La carrosserie des nouvelles A4 et S4 est également un peu plus large, tout comme l’espacement des roues. Plus longues et plus larges de partout, pour une hauteur égale, pas étonnant qu’elles semblent plus profilées et mieux campées sur leurs roues, surtout que les stylistes ont souligné ces transformations en sculptant une mince nervure sur toute la longueur de la carrosserie, en accentuant les bas de caisse et en installant des phares et des feux arrières plus étroits, larges et finement dessinés. L’ensemble n’a rien de percutant ou de révolutionnaire, mais les A4 et S4 sont certainement élégantes et modernes.
En ouvrant les portières, on accède à un espace où Audi ne craint aucune rivale. Les A4 et S4 n’y font pas exception, même si leur habitacle n’a pas l’opulence de celui des grandes A8. La qualité des matériaux, leur texture et leur agencement sont du meilleur calibre. Seul un petit bruit entendu au tableau de bord d’une S4 nous a rappelé que la perfection trouve toujours le moyen de se défiler. Le cuir du volant est juste assez lisse, on trouve des moulures d’aluminium et des boutons métalliques là où il faut, et lorsqu’Audi ajoute des moulures en fibre de carbone comme dans la S4, elles sont minces et discrètes. La classe, c’est ça. Le bilan est plus mitigé en matière d’ergonomie. La position de conduite et les commandes principales sont irréprochables et les cadrans et tous les affichages d’une clarté remarquable. C’est au niveau des contrôles de la climatisation, de la sono et de l’interface de contrôle centrale que ça se gâte. Le réglage de la force de ventilation, par exemple, se fait en deux étapes et il faut quitter la route des yeux pour repérer la bonne touche avant de faire tourner la molette. Même combat pour la plupart des fonctions contrôlées par cette kyrielle de boutons sur la console et la portion centrale du tableau de bord.
Aplomb croissant
Dès notre premier essai de la nouvelle A4 nous avions remarqué de nets progrès en finesse, en équilibre et en agilité. Et comme toujours dans cette série, les gains se précisent avec les suspensions « sport » et des pneus plus mordants. C’est encore plus vrai dans le cas de la S4, sans compter qu’on peut la doter du différentiel arrière sport, qui permet à son rouage intégral quattro d’acheminer plus de couple à la roue arrière extérieure pour effacer virtuellement tout sous-virage.
La direction n’a pas les qualités tactiles de celle d’une Série 3, mais on en vient vite à goûter ses réactions franches et directes qui rendent la conduite sportive plus physique. Le muscle, le caractère tranché et la belle sonorité du V6 compressé ne font qu’ajouter à ses vertus sportives, surtout qu’il est servi admirablement par une boîte S-tronic qui passe les rapports instantanément.
Chose certaine, la S4 n’est plus le prix de consolation qu’était l’ancienne, dans l’ombre de la RS4. Elle peut même chatouiller les BMW M3 et Mercedes-Benz C 63 AMG. Elle est moins puissante, mais elle est également moins cher et pas loin du tout au chrono. Nous avons mesuré un 0-100 km/h de 5,16 secondes dans une S4 dotée de la boîte S-Tronic – sans mode « départ assisté » –, alors qu’un coupé M3 à moteur V8 de 414 chevaux, doté lui aussi d’une boîte à double embrayage automatisé, s’est exécuté en 4,8 secondes avec un mode « départ-canon ». La marge est encore plus mince avec la C63, qui a ramené un chrono de 5,05 secondes avec son V8 de 453 chevaux et sa boîte automatique. Et la S4 possède sur ce tandem l’avantage marqué d’un rouage intégral de pointe. On peut donc espérer la venue d’une nouvelle RS4 ou savourer dès maintenant cette S4 étonnante et attachante, qu’on apprécie de plus en plus au fil des kilomètres.