Mazda6 2012: Dernier tour de piste
De toutes les berlines intermédiaires, la Mazda6 est assurément l’une des plus agréables à conduire. Sportive, raffinée et fort jolie, elle est apparue en 2003 en tant que modèle 2004. Dès ses débuts, elle remportait la première place des voitures familiales, prix décerné par l’Association des journalistes automobile du Canada (AJAC). L’année suivante, la familiale faisait de même dans sa catégorie. Deux autres premières places à l’AJAC allaient ponctuer sa carrière.
Pourtant, elle n’a jamais réussi à s’affirmer au chapitre des ventes. Même si la nouvelle génération, dévoilée en 2008 et portant le millésime 2009, a su rallier plus d’acheteurs à sa cause, la fin approche pour cette berline enjouée. Mais comme la peau de l’ours bouge encore, concentrons-nous sur le présent.
Égale à elle-même
Avec ses ailes avant bombées et copiées de la très réussie RX-8, la Mazda6 présente une silhouette à la fois agressive et fluide. Et, chose plus rare qu’il n’y paraît, la partie arrière s’harmonise très bien avec l’avant, surtout en ce qui a trait aux modèles munis du V6 et dotés d’un échappement double chromé. Bien qu’elle soit dérivée de la très réussie Ford Fusion (ou est-ce l’inverse?), la 6 possède suffisamment de caractère pour mener sa propre carrière. D’ailleurs, si on ne leur disait pas, bien des gens ne se douteraient jamais que ces deux voitures possèdent une architecture commune.
L’habitacle est également réussi et dès qu’on s’installe derrière le volant – télescopique et inclinable, peu importe la version –, on sent l’hormone sportive monter. Ledit volant se prend bien en main et juste derrière, des jauges orangées et bleues sont du plus bel effet, surtout la nuit venue. Un peu moins de compliments, cependant, pour le système de chauffage/ventilation, qui peine à fournir à la demande avec cinq adultes à bord. Mais à peu près tous les produits japonais affichent ce manque d’enthousiasme. Si les places avant sont confortables et assurent un bon dégagement, celles situées en arrière sont un peu moins avenantes, surtout à cause de la ligne plongeante du toit. Les plus grands devront apprendre à vivre avec un plafond à la hauteur du cuir chevelu.
Quant à la mécanique, on retrouve deux moteurs. Un quatre cylindres de 2,5 litres développe 170 chevaux et un V6 de 3,7 litres se fait propriétaire d’une écurie de 272 chevaux. Même si on est impressionné par la débauche d’équidés du V6, à mon avis, le quatre cylindres fait parfaitement l’affaire. Il n’est certainement pas surpuissant, et même si Mazda ne dévoile pas la capacité de remorquage de ses voitures, il est évident qu’il peinerait dans les côtes en tirant un poids élevé. Cependant, pour les besoins quotidiens, ce quatre fait le travail. Le V6 s’avère, de toute évidence, plus déluré et les accélérations sont accompagnées par un agréable grondement. Une fois, les astres s’étant alignées, j’ai pu faire l’essai de Mazda6 équipées des deux moteurs une semaine après l’autre et dans des conditions semblables. À la fin de la première semaine, le V6 avait commandé 10,8 l/100 km tandis que la semaine suivante, le quatre cylindres avait eu besoin de 9,7. Ce dernier moteur a beau être moins gourmand que le V6, il demeure que pour un quatre cylindres, il consomme beaucoup.
Le 2,5 se marie d’office à une transmission manuelle à six rapports. De cette boîte, j’ai retenu deux choses. Primo, elle est bizarrement étagée puisqu’à 100 km/h, le moteur révolutionne à 2650 tours/minute, ce qui est beaucoup trop élevé pour un rapport qui, normalement, devrait servir d’« overdrive ». Deuxio, les amateurs de talon-pointe n’auront pas à se tordre trop le pied droit pour satisfaire leurs bas instincts routiers. On retrouve aussi une boîte automatique à cinq rapports, dont il y a bien peu à redire. Le V6, de son côté, ne se marie qu’avec une automatique à six rapports au fonctionnement sans reproches.
Une Mazda6, c’est sur la route que ça s’apprécie! Tout d’abord, notons que même avec le V6, pourtant très puissant, l’effet de couple est très bien maîtrisé. Les suspensions des livrées GT pourraient être un peu trop fermes pour certains conducteurs, mais elles combleront les amateurs de performance. Celles des versions régulières offrent un excellent compromis entre tenue de route et confort. Il y a deux ans, j’avais noté une pédale de frein dure et peu communicatrice, autant sur le quatre cylindres que le V6. La dernière Mazda6 essayée (V6 GT) présentait toutefois une pédale très bien dosée.
Bientôt la nouvelle 6
Mais voilà, le cygne est à la veille de chanter pour la 6. La prochaine berline intermédiaire de Mazda ne sera plus construite en Amérique, mais bien au Japon. Elle sera inspirée du concept Shinari, d’une rare élégance. Bien entendu, beaucoup de détails de ce véhicule vu pour la première fois en terre nord-américaine au Salon de Los Angeles en novembre 2010 ne résisteront pas à la production en chaîne. Mais on peut s’attendre à du beau, comme c’est souvent le cas chez Mazda. Côté mécanique, on ne sait pas encore grand-chose, mais il est assuré que la technologie Sky Active trouvera son chemin jusque sous le capot de la berline intermédiaire, de même qu’un moteur diesel.
Au revoir, la 6!