Honda Insight 2012: Mal dans sa peau
Même si les gens associent hybride et Prius, il ne faudrait pas oublier que c’est Honda qui, la première, a commercialisé une voiture à motorisation hybride, la Insight, à la fin de 1999. Pour la plupart, cette étrange petite chose roulante était davantage un objet de curiosité qu’un hommage à l’environnement. Treize années plus tard, la Insight est toujours dans le portrait, avec une allure différente, toujours « hybride », mais moins étonnante.
Lancée il y a deux ans, cette nouvelle génération est construite sur la base de la très réussie Honda Fit. Cette dernière étant quasiment adulée, on est en droit de s’attendre à autant de caractère de la part de la Insight. Or, ce n’est vraiment pas le cas.
Mécaniquement, le système hybride de la Insight en est un en ligne, par opposition à celui de la Prius qui est en série. Alors que ce dernier système permet à la Toyota d’avancer en mode électrique seulement, celui de la Insight ne possède pas cette aptitude. Son moteur électrique est placé entre le moteur à essence et la transmission et il assiste le moteur lorsque ce dernier en ressent le besoin. C’est simple, peu coûteux, mais moins spectaculaire que ce que Toyota a concocté. Le moteur électrique fournit jusqu’à 13 chevaux et 58 lb-pi de couple entre zéro et 1 000 tours/minute.
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Tout petit moteur
Le moteur à essence, combiné avec l’électrique, développe 98 chevaux et 123 lb-pi de couple. Malgré le poids réduit de la voiture (environ 1 235 kilos), les performances n’ont rien pour épater la galerie. Le 0-100 s’effectue en 12,7 secondes et le 80-120 km/h en 11,1, ce qui est moins rapide qu’une Honda Fit. Par contre, pour une hybride, les performances ne sont pas trop décevantes. Cependant, le boucan d’enfer qui accompagne la moindre accélération nous incite à accepter plus facilement les limites de vitesse…
La transmission est une CVT. La version EX, plus luxueuse, permet même de changer les rapports au moyen de palettes situées derrière le volant. Dans les deux cas, elle possède un mode « Sport » qui, lorsqu’il est choisi, fait sensiblement augmenter les révolutions du moteur. Par exemple à 100 km/h, il passe de 2 000 tours/minute à 3 100, ce qui semble donner un coup de nitro à la voiture. Ce mode est surtout utile quand vient le temps de dépasser, puisqu’en temps normal, la puissance à bas régime est à peu près inexistante.
Honda parle d’une consommation de 4,8 l/100 km en ville et de 4,5 sur la route. Personnellement, je n’ai jamais réussi à descendre sous les 6,4. Il faut cependant dire que je n’ai jamais adapté ma conduite aux normes hybrides. Après tout, c’est la voiture qui doit rendre service, pas le contraire. Donc, la consommation, bien qu’assez faible, n’est pas impressionnante. Une Fit consomme à peine plus et s’avère beaucoup plus agréable à conduire.
Les suspensions, indépendantes à l’avant et à poutre de torsion à l’arrière, ne semblent pas avoir très bien compris leur rôle. Elles tapent trop dur et rendent la voiture instable, surtout sur la version de base. Aussi, elles sont à l’origine d’un certain roulis. La direction non plus ne semble pas avoir été mise au courant du travail à faire. Elle est d’une précision tout juste correcte, mais elle souffre d’une trop grande légèreté. Les freins font preuve de mordant, mais les premières fois, il m’a été très difficile de stopper doucement la voiture de façon coulée.
Plutôt fleur bleue
En ce qui a trait au style, il est difficile de savoir si les designers ont concocté les lignes les plus aérodynamiques possible ou s’ils avaient pour mandat de copier celles de la Prius… Peu importe. La Insight n’est vraiment pas laide – je la trouve même plus belle que la Prius – mais la ligne du toit oblige une partie arrière verticale. Le hayon est donc séparé en deux par une barre horizontale qui bloque la visibilité arrière. Aussi, j’ai trouvé l’essuie-glace mal placé car, vu du rétroviseur intérieur, il ne dégage qu’une petite partie de la lunette.
La vie à bord de la Insight nous laisse aussi sur notre faim. Certains plastiques sont très ordinaires, mais c’est davantage le tableau de bord qui laisse songeur avec son ramassis de jauges, pitons et buses placées ici et là. C’est une question de goût, remarquez. Au centre du tableau de bord, juste devant le conducteur, on retrouve un grand compte-tours, élément très rare dans un véhicule hybride. Dans le cas de la Insight, on ne retrouve pas de graphiques étranges comme ce fut souvent le cas avec d’autres véhicules dans le passé. En fait, on peut suivre sa consommation avec le « Eco Assist », une sorte de moniteur qui indique la qualité « verte » de votre conduite. Plus la conduite est économique, plus les petites fleurs possèdent de feuilles. Et si on réussit une conduite parfaitement environnementale, un trophée apparaît entre deux feuilles de laurier, un sigle qui ressemble, étrangement, à celui de Cadillac…
Lors d’un match comparatif organisé par le Guide de l’auto pour l’édition 2010, les deux voitures conçues à la base pour recevoir une motorisation hybride, la Insight et la Prius, ont terminé bonnes dernières. Ce qui tend à prouver que le choix d’une Insight (ou d’une Prius) est bien plus un statut social qu’un choix logique…