Jeep Patriot et Compass 2012: Rester sur sa faim
On peut tout avoir, mais pas nécessairement en même temps. On peut gagner deux millions de dollars… mais répartis sur 50 ans. On peut aussi conduire un Jeep, mais sans la consommation en carburant et le gros prix d’étiquette. Toutefois, dans un cas comme dans l’autre, on reste sur sa faim.
Lancés il y a cinq ans, les petits jumeaux Jeep ont eu droit à une mise à niveau l’an dernier. Les changements ont davantage paru du côté du Compass, qui a pris les airs élégants du Grand Cherokee. La refonte est réussie : finie la grille droite, on l’a remplacé par un autre qui descend en angle, pour une allure plus harmonieuse. Quant au Patriot, nous cherchons encore ce qui a changé de son apparence extérieure…
Dans l’habitacle, on constate que les matériaux ont pris du galon. Les commandes de climatisation ont gagné en rondeur, pour une manipulation plus facile. L’impression générale demeure toutefois celle d’un véhicule dont la finition et l’insonorisation restent moyennes. Par exemple, on passe son temps à essayer de remonter des fenêtres qui sifflent, alors qu’elles sont pourtant bien fermées. Que voulez-vous, on ne peut pas faire de miracles avec un prix qui débute sous les 17 000$.
Le volant n’est toujours pas télescopique, les cadrans n’ont pas changé d’un iota, pas plus, d’ailleurs, que ce levier de vitesse (pour la CVT) qui passe trop facilement en mode « low traction ». Et les sièges n’ont pas gagné en rembourrage. Remarquez, ils ne sont pas inconfortables, mais disons qu’on s’assied dessus plutôt que dedans. À la banquette, les places sont dures, mais au moins le dossier accepte de s’incliner. Toujours pas de grande technologie, que des gadgets connus depuis plusieurs années – et souvent, que pour les versions Limited. On peut certes se passer de l’avertisseur d’angle mort et de la caméra de recul, mais le démarrage sans clé aurait été apprécié.
L’intérieur n’a rien d’emballant, mais au moins, tout est fonctionnel et facile à apprivoiser. Le dégagement est fort respectable pour un véhicule compact, la banquette se rabat aisément, le cargo est généreux, la position de conduite élevée plaît beaucoup, les entrées et sorties n’ont rien d’une acrobatie et les petites dimensions permettent de se faufiler agilement dans la circulation.
Pas sans l’intégrale
Personnellement, je ne passerais pas un hiver dans un tel véhicule sans traction intégrale. Cette dernière offre le verrouillage 50-50, question de prévenir plutôt que de guérir. Cela dit, je serais prête à débourser davantage pour le 4x4 Freedom Drive II, désormais proposé tant sur le Compass que sur le Patriot. Plutôt inventif, ce système se sert de la transmission CVT pour simuler une boîte de transfert, en plus d’ajouter des plaques de protection. Avec un ratio de 19:1, c’est certes moins que les 30:1 du bon vieux Wrangler, mais ça donne plus de oumph que le rapport régulier de 14 :1. C’est parfait pour les aventuriers urbains qui ont envie de se balader dans les bois et qui rencontreront sans doute leurs limites bien avant que le véhicule ne montre les siennes. Le hic, c’est que pour profiter du Freedom Drive II, il faut faire avec la CVT. Mon oreille n’aime pas les révolutions du quatre cylindres (2,4 litres pour 172 chevaux) qui braille tant que la pédale est enfoncée. C’est peu raffiné et les accélérations sont laborieuses, comme si elles étaient essoufflées avant même de partir. Une frugale consommation en carburant ne suffit pas à nous consoler, mais le mode manuel, disponible sur certaines versions, améliore l’expérience. On préfère la boîte manuelle cinq rapports? Il faut alors faire sans traction intégrale. C’est ce que nous disions : on peut tout avoir, mais pas en même temps.
Un dernier mot quant à la motorisation : on aurait aimé plus de douceur, d’autant plus qu’en route, les reprises sont sèches et superficielles. Notez qu’un moteur quatre cylindres de 2,0 litres pour 158 chevaux est offert sans frais. Toutefois, bien peu s’en prévalent. Aussi, la suspension à multibras à l’arrière sautille même sur les plus petites aspérités du bitume, mais comme c’est un Jeep, on lui pardonne… presque. Sauf qu’en ajoutant une direction qu’il faut constamment corriger sur l’autoroute, cette courte mais haute silhouette sur patte se fait plus ou moins stable. N’essayez pas les vitesses illégales, vous risquez pas mal plus que des contraventions.
Compass ou Patriot?
Au-delà du design extérieur, qu’est-ce qui distingue le Compas du Patriot? Bien peu. Les habitacles sont identiques, les fiches techniques aussi, sauf pour des différences de poids, de meilleurs angles de départ/arrivée pour le Patriot ainsi que des phares antibrouillard de série et des roues de 18 pouces pour le Compass (17 pouces max pour le Patriot).
Qu’on opte pour le Compass ou le Patriot, notre préférence va aux variantes North, qui offrent le groupe électrique, le télédéverrouillage, la climatisation, les rétros chauffants et l’ajustement en hauteur du siège conducteur. La proposition est efficace et si ce n’est pas la grande qualité, ni la grande excitation à bord, il s’agit tout de même d’une bonne valeur pour l’argent investi. Pas surprenant d’ailleurs que cette variante North constitue 80% des ventes au Canada.