Acura RL 2012: Beaucoup, mais pas assez
« Close but no cigar ». C'est par cette expression que les anglophones désignent un produit qui possède beaucoup de qualité, mais qui ne réussit pas à s'imposer en raison d'une concurrence qui les surpasse. On ne saurait dire mieux à propos de l'Acura RL, le modèle le plus huppé et le plus onéreux de la gamme Acura. Les chiffres de vente sont on ne peut plus faibles et ce véhicule n’arrive plus à s'imposer, aussi bien en popularité qu’en prestige.
Et la raison est bien simple : depuis le lancement de la RL en 2005, les améliorations tant esthétiques que mécaniques ont été très limitées. Pourtant, au regard de sa fiche technique, le tout demeure encore attrayant. Mais lorsqu'on la compare à plusieurs de ses concurrentes et notamment à la TL, un modèle inférieur dans la hiérarchie de la marque, le constat devient moins impressionnant.
D'une ennuyante sobriété
Il y a des voitures dont la silhouette est sobre, très sobre même. Le plus bel exemple est sans doute celui de la Audi A8. Malgré tout, cette berline possède un petit quelque chose qui la démarque des autres voitures de la même catégorie. Ce n’est pas le cas de la RL. Elle est sobre, mais trop sobre, et on pourrait même ajouter qu’il s’agit d’une voiture discrète tant on ne la remarque pas dans la circulation. Et sans vouloir être méchant, on pourrait renchérir en disant que si elle se fait si discrète, c’est aussi parce que ses apparitions sur nos routes sont assez rares et qu’il ne s’en vend pas beaucoup.
Les lignes de la carrosserie sont de bon ton, la grille de calandre est moins ostentatoire que celle des autres modèles Acura et l'équilibre des masses est correct. Mais le résultat final ne fait certainement pas tourner les têtes. L'habitacle est d'une belle facture et la qualité des matériaux est excellente. Une partie du boudin du volant est en bois, ce qui donne une petite touche de luxe, tandis que le reste est gainé de cuir et permet une bonne prise en main. Soulignons également que les cadrans indicateurs sont très bien positionnés et d'une lecture très facile. Et lorsque ce modèle fut dévoilé, il proposait une kyrielle d'éléments électroniques inédits à l'époque, comme la reconnaissance vocale, un système de navigation plus affûté que les autres et j'en passe. Mais maintenant, tous ces gadgets sont devenus chose commune. On peut également reprocher à cette berline de luxe un manque flagrant d'ergonomie en ce qui concerne les commandes de la climatisation et du système audio, toutes regroupées sur une console verticale fort encombrée. Au début, pour s'y retrouver, il faut presque immobiliser le véhicule. Comme rien n’a été changé jusqu'à ce jour, cette critique est toujours aussi pertinente. Et tant qu'à faire des reproches, il faut ajouter que l'habitabilité n'est pas le point fort de cette voiture. Même le coffre à bagages laisse à désirer...
Larguée sur la route
Si la voiture avait au moins évolué au chapitre des performances, on pourrait lui pardonner bien des défauts. Son moteur produit 300 chevaux, ce qui est dans la bonne moyenne de la catégorie. Par contre, sa boîte automatique n'est qu'à cinq rapports, pas tellement impressionnant pour un modèle qui se veut le plus prestigieux de la marque, marque qui s'attaque, rappelons-le, aux Mercedes-Benz, Audi et Lexus.
Mais est le plus insultant, c'est le fait que la TL, vendue beaucoup moins cher, partage le même groupe propulseur et assure des performances de beaucoup supérieures. Tant au chapitre des accélérations, des reprises et du quart de mille, cette dernière offre de meilleurs chiffres que la RL. Et si s'il est vrai que la RL propose quelques éléments de luxe que le modèle moins dispendieux ne peut offrir, il n'y a aucune raison au monde pour ne pas choisir la TL par rapport à notre berline digne d'une autre époque. De plus, si la RL est offerte de série avec le rouage intégral SH- AWD faisant appel au couple du moteur pour gérer la traction, on peut le choisir en option sur la TL.
Il est incroyable et regrettable de constater qu’un véhicule qui, sur papier, propose encore de beaux restes, ne soit pas en mesure de déclasser ou d'égaler un modèle de la même famille. Et ce, en dépit d’une différence de prix d'environ 20 000 $. Tant qu'à enfoncer le clou, il faut également ajouter que ce modèle ne doit pas uniquement affronter la TL. Parmi ses concurrentes, on note la Audi A6, la BMW Série 5, la Jaguar XF, la Mercedes-Benz Classe E et la Volvo S80, pour n'en mentionner que quelques-unes.
Bref, cette berline de luxe n'a pas beaucoup d'arguments pour convaincre la clientèle. Elle n’est certainement pas dépourvue de qualités, mais elles ne sont pas à la hauteur de ce qu’offre la concurrence. Elle doit combattre des modèles plus modernes, plus performants, plus élégants et qui proposent un comportement routier beaucoup plus inspiré. Lors de son lancement il y a maintenant sept ans, elle réussissait à s'en sortir grâce à sa finition impeccable, son rouage intégral inédit et quelques gadgets futés. Mais toutes ses rivales offrent beaucoup mieux maintenant. Il est impératif qu’Acura modernise son modèle. Il ne s’agit pas là d’une simple question de marketing, mais de prestige de la marque.