Kia Amanti, priêre de ne pas rire
Chaque fois que je croise une Amanti sur la route, je ne puis m'empêcher de sourire ou même de me bidonner tout en me demandant quelles ont été les raisons qui ont incité cette personne à se procurer cette mauvaise copie d'une Mercedes. Du moins, si on se fie à la grille de calandre et les phares avant. Et la copie serait encore plus criante si l'écusson Kia monté sur le capot n'avait pas été éliminé de la version nord-américaine. Cela ne signifie pas non plus que les stylistes de Séoul se sont limités à s'inspirer du modèle allemand. Le capot a des relents de Jaguar tandis que la partie arrière pourrait provenir de la défunte Lincoln Continental.
Bref, si cela ne vous dérange pas d'être vu au volant d'une voiture qui est un pastiche de berlines de luxe vendues deux fois le prix, vous ne serez pas trop mal servi avec cette coréenne qui se paie une incursion dans le secteur des véhicules de luxe. Pourtant, les ventes sont confidentielles, ce qui signifie sans doute que la majorité des consommateurs préfère des modèles plus discrets et plus authentiques.
Double influence
Tel que mentionné précédemment, la silhouette est inspirée de plusieurs berlines de luxe et le résultat est assez cocasse. Par contre, force est d'admettre que l'habitacle vous en met plein la vue. Au premier coup d'oeil, le tableau de bord ressemble passablement à celui de la Lexus LS 430. Le volant avec son boudin partiellement en bois, des appliques ligneuses un peu partout, deux cadrans demi- hémisphériques placés côte à côte sur la planche de bord, bref les stylistes coréens ne se sont pas gênés pour s'inspirer de l'approche visuelle des Lexus. Ils ont au moins l'intelligence de choisir un modèle qui est reconnu pour son excellence. Par contre, une inspection en détail nous ramène à la réalité. La qualité des plastiques, l'allure ultra artificielle des appliques en bois chimique et certains détails de finition nous rapellent que l'Amanti est une Kia, pas une Lexus. D'ailleurs, il faut toujours avoir en mémoire que le prix de base est de moins de 40 000 $ et que la liste d'équipement de série est quasiment interminable. En fait, elle est tellement longue qu'on a l'impression que la facture de la voiture sera le double de ce qu'elle est. Avant de passer à la mécanique, précisons que les sièges avant sont confortables à défaut d'offrir un bon support latéral. De plus, l'habitabilité est bonne et les places arrière sont correctes. En fait, Kia souligne qu'elle est la meilleure de sa catégorie à ce chapitre. Et avec ses 440 litres, le coffre à bagages est capable de transporter
4 sacs de golf.
Donc, cette coréenne vous en donne beaucoup tant sur le plan de la fiche technique que des accessoires. La sécurité n'a pas été ignorée non plus. On retrouve de série des coussins de sécurité frontaux et latéraux de même qu'un rideau latéral. Bref, si un accessoire existe, il se retrouve sur l'Amanti. Les essuie-glace sensibles à la pluie font même partie de l'équipement de base.
Comme les grandes
Si vous aimez consulter la fiche technique d'une voiture, cette Kia vous en mettra plein la vue. Freins à disques aux quatre roues, suspension arrière indépendante, boîte automatique à cinq rapports de type manumatique, suspension à contrôle électronique, servo direction à assistance variable, bref, tout est là. Toujours en théorie, son moteur V6 Sigma de 3,5 litres de 195 chevaux possède une culasse à double arbre à cames double. Malheureusement, malgré cette débauche de moyens mécaniques, cette berline nous déçoit. Et le principal coupable est son moteur dont les performances sont assez pépères. Il lui faut un peu moins de 10 secondes pour boucler le 0-100 km/h. Bref, l'Amanti veut ressembler à une Mercedes de Classe E, mais ses performances sont en retrait par rapport à l'allemande. En effet, une Mercedes E320 équipée du moteur V6 3,2 litres effectue cet exercice en sept secondes. Mais pour bénéficier de ces trois secondes en moins, l'allemande se vend au moins deux fois plus cher. La boîte automatique ne contribue pas tellement à l'agrément de conduite. Les passages des rapports de la boîte sont relativement lents, ce qui donne l'impression que le moteur est encore moins performant.
Sur la route, les impressions de conduite ne s'apparentent pas à celles d'une Mercedes ou d'une Lexus, mais à une Buick Park Avenue. Ce qui signifie tout de go que la suspension de cette coréenne est surtout conçue pour des randonnées sur les grands boulevards.
La direction est harmonisée avec cette suspension et elle est passablement engourdie. En clair, cela signifie qu'il faut planifier l'entrée dans les virages si on ne veut pas être obligé de corriger au milieu du point de corde. La suspension souple explique donc le roulis en virage qui ne fait pas bon ménage avec un sous- virage marqué qui accompagne chaque courbe. Heureusement, l'Amanti est dotée d'un système de stabilité latérale, si jamais vous perdez le contrôle. Et si les freins se sont révélés progressifs et résistants à la surchauffe, une forte fumée s'en échappait suite à quelques tours de piste.
Malgré ses allures de « pastiche de gros char de luxe » vendu à prix d'aubaine, l'Amanti doit être prise au sérieux. Tout au moins pour les personnes qui veulent se payer du luxe sans devoir y engloutir toutes leurs ressources financières. Par contre, il ne faut pas être trop exigeant en fait de performances et tenue de route.