Jaguar XJ8/XJ 8L, 12,7 cm de plus
L'an dernier, Jaguar nous proposait une toute nouvelle
version de la XJ8. Pourtant, à prime abord, on aurait été porté à croire à une blague de mauvais goût tant cette nouvelle venue ressemblait à la version précédente. Autant les ingénieurs avaient joué d'audace en réalisant une plate-forme et une carrosserie tout en aluminium, autant les stylistes étaient tombés en panne d'imagination. Il est vrai que la tradition de la marque a des racines profondément ancrées, mais un peu plus de changements sur le plan visuel n'auraient pas fait défaut.
Je ne suis pas certain que les clients soient prêts à payer le gros prix pour une voiture ressemblant à s'y méprendre à sa devancière. C'est d'autant plus dommage que cette Jaguar est une berline de luxe dotée d'une grande agilité, d'une tenue de route presque sans faiblesses et d'un moteur V8 performant. Quoi qu'il en soit, la silhouette aurait eu avantage à être plus moderne.
La même philosophie de design classique conservateur a été retenue pour l'habitacle et le tableau de bord. Il est vrai qu'un écran ACL trône en plein centre de la planche de bord et que plusieurs commandes réglant l'antipatinage et le système de stabilité latérale sont des accessoires modernes, mais le reste est carrément rétro. Les cadrans indicateurs sont prisonniers de trois cercles ceinturés de chrome, tous alignés comme à la belle époque. Bien entendu, les appliques en bois exotique sont partout, tandis que le légendaire cuir Connolly est toujours aussi odoriférant. Les sièges qui en sont recouverts sont confortables et conviennent à toutes les anatomies. Ils pourraient toutefois offrir un support latéral plus important. Par ailleurs, même si l'espace pour les pieds du conducteur est plus important qu'auparavant, les personnes de forte taille chaussant de grosses pointures ne se sentiront pas trop à l'aise. Enfin, la ceinture de caisse est élevée et les sièges avant bas, ce qui contribue au fait de se sentir quelque peu coincé. Soulignons en terminant que la disposition des commandes est moins fantaisiste que par le passé. Certaines d'entre elles sont malheureusement réalisées avec des matériaux un peu trop bon marché.
Quelques centimètres de plus
Cette année, la grande nouvelle chez Jaguar est l'arrivée de la version allongée. La « L » voit son empattement croître de 12,7 centimètres et sa longueur hors tout est d'autantt allongée. Le gain de poids n'a été que de 24 kg. Ce qui témoigne hors de tout doute de la rigidité et la solidité de cette plate-forme en aluminium qui n'a pas nécessité de renforts additionnels pour ajouter quelques centimètres de plus à la carrosserie.
Cette version allongée permet aux occupants des places arrière d'avoir un dégagement pour la tête et les jambes nettement supérieur à la moyenne. De plus, il est possible de commander des sièges arrière ordinaires ou encore à réglage électrique. Puisque cette version « L » sera utilisée par des hommes d'affaires, des tables de travail sont ancrées aux sièges avant. En outre, des commandes individuelles de climatisation sont placées dans le compartiment arrière de même qu'un système de divertissement multimédia comprenant un lecteur DVD. L'accès à ces places arrière est également facilité par des portes plus longues.
Parmi les autres modifications, il faut souligner une insonorisation encore plus poussée et de légères retouches à la grille de calandre. Enfin, les passages des roues sont plus gros afin de respecter la proportionnalité des formes. Et si tout cela ne vous impressionne pas, vous allez certainement apprécier le fait que la XJ8L est la plus longue Jag de l'histoire et qu'elle surpasse en longueur les Lexus LS430 et la BMW 745i par plus de 17,8 centimètres !
Mécanique moderne
La silhouette est rétro, mais la carrosserie est en aluminium. La même remarque s'applique aux organes mécaniques qui sont ce qu'il y a de plus moderne. Le moteur de série est un moteur V8 4,2 litres de 294 chevaux couplé à une boite automatique à six rapports. Cette dernière est contrôlée par l'incontournable levier dont le guidage suit une fente en forme de J qui n'est pas une trouvaille. ça va pour passer de « P » à « D », mais les choses se compliquent lorsqu'on opte pour le mode manumatique. Il est toujours difficile de savoir à quelle position se trouve le levier.
Ce V8 atmosphérique est de série sur les versions à empattement régulier et allongé. De plus, il équipe le modèle Vanden Plas, une XJ8L qui se démarque par un équipement plus cossu. Elle offre des sièges recouverts d'un cuir plus fin, une moquette en laine véritable, un volant chauffant, des roues en alliage de 18 pouces et la liste continue. Voilà pour la clientèle qui privilégie le luxe et le confort par dessus tout. Jaguar a également conçu deux versions pour ceux qui aimeraient profiter de l'excellence de la plate-forme en boulonnant un compresseur sur ce même moteur V8. Cette fois, la puissance est portée à 390 chevaux, 10 chevaux de moins que la nouvelle Corvette. Il a pour mission de propulser la XJR à empattement court et la Super V8 à empattement long. Ces deux voitures affichent des temps d'accélération pratiquement similaires compte tenu que la différence de poids est minimale. La première boucle le 0-100 km/h en 5,3 secondes selon Jaguar et un peu plus de 6,8 secondes selon nos chiffres. Quant à la Super V8, elle met .03 de seconde de moins.
Ce mélange d'ancien et de moderne nous donne une voiture qui ne rencontrera pas les goûts de tous, mais ses qualités mécaniques et dynamiques la rendent agréable à conduire.