Infiniti G35 coupé, Belle et bonne
Je dois avouer qu'à mon âge, les coupés m'attirent beaucoup moins. Je ne m'assois pratiquement jamais aux places arrière, sauf pour me rendre compte brièvement de leur inconfort, et vous en faire ensuite rapport péniblement, en soignant mon tour de rein. Mais j'avoue que, pour la G35 Coupé, je ferais une exception.
Des recherches sérieuses démontrent que les belles personnes reçoivent souvent un traitement de faveur à cause de leur apparence flatteuse. La carrosserie de cette G35 apparaît tellement réussie, que je suis enclin à lui pardonner quelques faiblesses pour avoir le plaisir de la fréquenter. Prenez par exemple sa partie arrière, pardonnez-moi l'emploi d'un langage aussi vernaculaire, mais elle a vraiment un des plus beau « cul » qui se dandine sur la route par les temps qui courent. On est constamment tenté de caresser la ligne de toit qui forme un arc sensuel. Avec ses phares très épurés, et ses élégants feux arrière sertis de diodes, elle se révèle tellement lissée et gracieuse, qu'on a l'impression qu'elle se pavane simplement vêtue de fine lingerie.
DES COMPROMIS ACCEPTABLES
À la vue d'un tel "body", on est enclin à lui excuser son habitabilité limitée. Bien sûr, son long empattement lui permet d'offrir des places arrière potables pour une telle configuration, mais le conducteur ne se fera pas des amis avec ses passagers postérieurs qui se frotteront la tête sur le pavillon. Le coffre, de dimension réduite, peut au moins s'agrandir en rabattant (d'un seul tenant) le dossier de la banquette arrière et la visibilité arrière est obstruée par son haut dossier et les piliers « C ». Aussi, la décoration de l'habitacle n'apparaît pas aussi heureuse, car on y retrouve des matériaux de texture inégale, de bonne qualité cependant, et impeccablement ajustés. L'ergonomie vous fera sentir immédiatement à l'aise, sauf pour le contrôle des rétroviseurs extérieurs, caché derrière le volant, et les ceintures de sécurité accrochées très loin derrière, vous forçant à faire travailler vos abdominaux. Le pilote trouvera une bonne position de conduite, bien calé dans un fauteuil confortable, bien qu'un peu étroit. Bref, malgré quelques maladresses, elle vous propose un environnement propice au pilotage, et le conducteur en aura bien besoin.
Car le coupé dispose lui aussi du compétent VQ V6 3,5 litres qui offre généreusement 280 chevaux (on en annonce 295 dans la version Sport pour 2005) ainsi qu'un couple impressionnant et très linéaire. Cette déclinaison que j'ai eu le plaisir de conduire passe la puissance par une boîte manuelle à six rapports bien (trop ?) serrés, d'une lenteur agaçante, et avec une marche arrière difficile à sélectionner. Conscient d'ailleurs de cette petite cicatrice ternissant son image, le constructeur annonce des modifications à la tringlerie pour la prochaine année. L'embrayage progressif vous permet cependant des démarrages élégants, mais le concert "intoxicant" du moteur vous invitera à retarder les changements de rapports. La boîte automatique séquentielle à cinq rapports fonctionne avec beaucoup de douceur, et fait montre de détermination pour les rétrogradations si elle en reçoit l'ordre.
COMPORTEMENT ROUTIER AFFÛTÉ
Les suspensions réalisées en grande partie en aluminium, avec des points d'ancrage très près du moteur à l'avant, permettent à la caisse d'enrouler les courbes avec compétence, mais leur sécheresse m'empêche de les comparer avantageusement avec les meilleures allemandes.
À la limite, la belle demeure assez neutre, mais on peut provoquer un survirage en dosant bien l'accélérateur. La tenue de cap s'avère excellente en toutes circonstances, malgré la largeur des pneumatiques, des P245/45R18 qui équipent la Sport, et on annonce des 19 pouces pour l'an prochain. La direction précise et rapide (2,6 tours d'une butée à l'autre) vous renseigne avec fidélité sur l'état de la route et le respect de votre trajectoire initiale. Le niveau d'adhérence très élevé, et la sérénité apportée par les trains roulants vous permettront de vous attaquer sans appréhension à de longs parcours, d'autant plus que les bruits éoliens perturbent peu la cabine. Par contre, les gros pneumatiques font souvent entendre leur grondement sur la chaussée, mais sans jamais couvrir cette musique ensorceleuse interprétée par le moteur. Le freinage, confié sur la Sport à de gros disques pincés par de beaux étriers Brembo à quatre pistons à l'avant, vous surprendra d'abord par son mordant, mais on apprécie ensuite sa puissance, sa progressivité et la dureté de la pédale.
Cette G35 arrive superbement bien dotée, incluant entre autres la boîte automatique, des jantes de 17 pouces, des phares au xénon, un système sono Bose avec six CD, un toit ouvrant électriquement, et j'en passe. L'ensemble performance ajoute des roues de 18 pouces chaussées de pneus avec cote de vitesse W, et un efficace différentiel à glissement limité. Se greffent dans le coupé M6, la boîte manuelle bien entendu, les freins Brembo, un aileron à l'arrière, et un efficace carénage sous la caisse. L'agressive politique de prix appliquée par Infiniti la rend encore plus compétitive, le service demeure à la hauteur de sa fiabilité, et votre ego sera flatté par la fréquentation d'une telle beauté.