Volkswagen Golf R - dérapages en série au Cercle polaire, ou presque
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La Golf R est une cuvée rare et Volkswagen croit qu’elle doit être servie froide. Idéalement sur glace. Et pas n’importe quelle glace. Le constructeur a même choisi la date la plus rare du calendrier, le 29 février d’une année bissextile, pour nous laisser conduire cette nouvelle Golf R sur les pistes méticuleusement tracées, arrosées et raclées d’un lac suédois à environ 8 000 kilomètres du Québec.
Lorsqu’on arrive enfin au village d’Arjeplog (prononcer Ar-yé-plog), après trois vols consécutifs et une balade d’une heure et demie en autobus, on se trouve à seulement 56 kilomètres du cercle polaire arctique. Latitude : 66 degrés nord. C’est un village de Laponie suédoise dont la population de 1 947 habitants gonfle approximativement à 4 000 durant l’hiver arctique. Parce que la majorité des constructeurs s’y rejoignent pour développer et tester leurs produits en conditions hivernales extrêmes. Dans la région d’Arjeplog, les prototypes courent véritablement les routes, souvent déguisés ou maquillés pour déjouer les photos-espions.
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Cousines germaniques
Nous avons conduit des versions de série européennes de la Golf R parce que c’est aussi la voiture de choix pour le volet neige et glace du Volkswagen Driving Experience, le programme d’enseignement de conduite du constructeur. Les autres griffes germaniques ont aussi leur programme. Y compris la marque sœur Audi dont les voitures logent d’ailleurs à la même adresse en Suède. Les Golf R de l’école sont toutes de la couleur « bleu aurore métallisé », la seule teinte qui soit exclusive à ce modèle. Les autres coloris sont « blanc bonbon », « noir profond nacré », « rouge tornade » et « acier carbone métallisé ».
Chez nous, la plus puissante des Golf a été dévoilée au Salon de Montréal 2010 avec la promesse qu’elle nous serait bientôt offerte. Le printemps approche et elle arrive enfin. À 500 exemplaires pour tout le pays, c’est assurément une bête rare et elle le restera. Une édition limitée dont les 135 concessionnaires canadiens et les 44 du Québec auront chacun au moins une copie le jour du lancement officiel prévu pour le 15 mars.
Selon Thomas Teztlaff de Volkswagen Canada, les quatre cinquièmes de ces voitures ont déjà trouvé preneur. L’unique Golf R vendue au pays est la version cinq portières alors qu’Européens et Américains peuvent aussi choisir une trois portières. Au prix demandé de 39 675 $, l’équipement est très complet et l’on ne peut y ajouter aucune option.
La seule boîte de vitesses offerte est la manuelle à 6 rapports. C’est la version que nous avons conduite en Suède lors de ce lancement hors de l’ordinaire et c’est très bien comme ça. La boîte est nette, précise et rapide, bien appuyée par un embrayage progressif et juste assez léger. Comme la GTI, la Golf R profite d’un pédalier et d’un repose-pied qui facilitent le pointe-talon et permettent de se tailler une position de conduite sans reproche, complétée par un superbe volant gainé de cuir à trois rayons qui est évidemment réglable sur les deux axes. Les composantes de la suspension – ressorts, amortisseurs et barre antiroulis arrière – ont été renforcées et la carrosserie abaissée de 25 millimètres. Les disques des freins sont également plus grands.
Métamorphose discrète
De l’extérieur, la Golf R se distingue de la GTI par un pare-chocs avant, des bas de caisse plus sculptés, un échappement à double embout chromé blotti au centre d’un pare-chocs arrière avec diffuseur, des rétroviseurs peints en noir, des phares de jour à diodes électroluminescentes (DEL) et des étriers de frein peints en noir sertis d’un logo R comme on en retrouve également sur la calandre et sous le feu arrière gauche. La Golf R se présentera aussi chez nous sur des jantes d’alliage Talladega de 18 pouces chaussées de pneus trois saisons de taille 225/40R18.
À l’habitacle sobre et bien conçu de la GTI s’ajoutent un système de navigation RNS510, une chaîne stéréo Dynaudio de 300 watts, le téléverrouillage et le démarrage sans clé, un toit ouvrant transparent et les sièges sport en cuir. Les cadrans, le pommeau du levier de vitesses, le volant, les appuie-tête et les seuils de portière en aluminium sont tous exclusifs à la Super Golf et décorés du R qui lui est propre.
En termes de mécanique, pour y aller simplement, la Golf R est le croisement soigneusement réalisé d’une GTI et du groupe motopropulseur d’une Audi TTS. Sous son capot, on retrouve donc un quatre cylindres turbocompressé à injection directe de 2,0 litres qui produit 256 chevaux de 4 300 à 6000 tr/min et 243 lb-pi dès les 2 400 tr/min. Ces cotes sont légèrement inférieures à celles de la version européenne qui sont de 268 chevaux et 258 lb-pi parce qu’on a privilégié la souplesse et une meilleure répartition du couple pour la conduite en terre nord-américaine.
On devrait boucler quand même le sprint 0-100 km/h en 5,8 secondes avec la boîte manuelle, ce qui est comparable aux rivales directes que sont les Subaru STI et Lancer Evo et nettement plus véloce que les 7,1 secondes d’une GTI malgré les 90 kilos qu’ajoute la quincaillerie des quatre roues motrices. Le rouage 4Motion appartient à la 4e génération du système Haldex. Pour éliminer le temps de réponse typique d’un rouage automatique, son différentiel central multidisque transmet en tout temps 4 % du couple aux roues arrière. Cette proportion peut maintenant grimper jusqu’à près de 100 % selon les conditions, alors qu’elle était limitée à 50 % sur les versions précédentes du rouage Haldex.
Tenue nordique
La seule préparation des Golf R au rude traitement qu’elles subissent sur les pistes gelées d’Arjeplog est l’installation de pneus d’hiver de taille 225/50R17 hérissés de 250 crampons dont la pointe émerge de 1,5 mm. Ces pneus sont fabriqués par un spécialiste suédois et montés sur des jantes d’alliage Volkswagen standard de 17 pouces. Les roues d’alliage de 18 pouces dont profitera la Golf R importée sont nettement plus attrayantes.
Nos voitures d’essai en Laponie étaient également équipées d’excellents sièges avant de type course, très sculptés, qui sont remplacés ici par les baquets sport de la GTI. Ces sièges à coque en fibre de carbone commandent une prime de près de 5 000 $ là-bas. L’importateur a sagement choisi de s’abstenir pour cette option qui gonflerait le prix de la Golf R de 12,5 % à elle seule…
Le premier trajet au volant de la Golf R nous mène sagement de l’hôtel Silver Hatten d’Arjeplog au lac immense où s’étendent les différents tracés de l’école Volkswagen. Au volant, on remarque d’abord l’excellent couple et la flexibilité du moteur turbo en plus des sonorités rondes et basses de l’échappement qui rappellent effectivement le coupé TTS plutôt que la GTI, même s’il s’agit du même moteur, à la base.
Comme la GTI, la Golf R est solide, confortable et l’ergonomie de ses commandes impeccable. Des impressions qui ne se démentiront jamais au fil d’une longue journée d’exercices de conduite souvent intenses pour la mécanique et les pilotes. Sur les étendues immaculées du lac Lullebadne, un des 8 500 lacs que compte la région d’Arjeplog, l’équipe de Martin Escher a tracé un rectangle de 500 mètres par 80, deux cercles de dérapage siamois qui mesurent 100 mètres de diamètre et trois longs parcours truffés de virages de tous les rayons imaginables qui font 7 kilomètres en tout.
Slalom, cercles et circuits
Le programme habituel du Volkswagen Driving Experience avait été modifié pour nous permettre d’en goûter tous les éléments en une seule journée. La veille, après trois vols consécutifs et une balade de deux heures en autobus, nous nous étions payé une randonnée de 60 kilomètres en motoneige. Technique qui s’avéra assez efficace pour combattre le décalage horaire. La Suède, à cette latitude quasi arctique, rappelle beaucoup le Québec des grands espaces.
Nous étions encore en terrain de connaissance sur les pistes de conduite glacées, toujours sous l’œil attentif de nos instructeurs. Parmi eux, Matthias Kahle, huit fois champion d’Allemagne de rallye et Ronny Wechselberger, coureur sur circuit, cascadeur au cinéma pour des films comme Hanna et The Bourne Ultimatum, mais également détenteur du record mondial Guinness pour avoir garé une voiture en parallèle d’un seul trait en ne laissant que 26 cm en tout devant les deux pare-chocs. Et sans toucher.
Après les exercices classiques d’évitement d’obstacle et de slalom, nous sommes passés aux cercles de dérapage. L’objectif était de boucler des tours complets en dérive prononcée. Après quelques tentatives, on y arrive en modulant le couple à l’accélérateur sur le 3e rapport, la tête tournée vers le côté tellement l’angle de dérive est prononcé. Non sans avoir encastré la calandre dans un ou deux bancs de neige à l’occasion. Dur, dur pour les grilles en plastique, d’ailleurs. Et pour l’orgueil du pilote.
Puisque le rouage Haldex fait varier le couple selon la position des roues directrices, il faut souvent braquer celles-ci pour maintenir le survirage. Nous avons passé quelques heures à explorer, et souvent dépasser, les faibles limites d’adhérence de ces étroits rubans glacés en balançant les Golf R d’un virage au suivant. À la brunante, elles nous ont ramenés sagement vers l’hôtel d’Arjeplog, en tout confort.
Cette brave compacte germanique a démontré son cœur, son équilibre et sa robustesse sur la glace suédoise. Elle a toutes les qualités que l’on pouvait espérer de la première Super Golf à être offerte chez nous. C’est une sportive complète, puissante et raffinée qui attend ses rivales de pied ferme. Ou de pneu ferme si vous préférez.