Honda Accord, vieillir en beauté
Quand je serai vieux, j'aimerais être une Accord. Depuis sept générations, elle a comblé les attentes de dizaines de milliers de fidèles, et chaque fois qu'elle subit un remodelage, elle s'améliore. Un de ces jours, il faudra bien que je demande la recette à Honda. Car il faut bien l'avouer, la Honda Accord vieillit bien ! Introduite en 1977, elle a, depuis, subi de nombreuses cures de rajeunissement. Mais toujours elle a su se tailler une place parmi les meilleures de la catégorie.
La dernière refonte de la berline japonaise remonte déjà à 2003. Nouvelles lignes, nouvelle mécanique, nouveau confort, l'Accord nouveau genre faisait office de réelle nouveauté. Comme ses prédécesseures, elle ne possède pas une ligne spectaculaire, ni une silhouette exceptionnelle, mais ses qualités sont tellement nombreuses qu'on profite avec plaisir de cette japonaise d'inspiration européenne.
L'inspiration se fait d'abord sentir dans la ligne, plus raffinée. La calandre, nettement plus biseautée, se marie avec un capot sans accroc, c'est-à-dire entièrement plat. Les lignes latérales viennent se fondre en douceur dans un coffre plus élevé qui se termine sur de longs feux arrière plats. La silhouette du coupé est d'ailleurs encore plus remarquable, avec une ligne de toit aux arrondis plus qu'intéressants.
Le hic, car il y en a un, ce sont les feux étirés de l'arrière. On a l'impression, à regarder la Accord rouler, de voir une de ces grosses voitures américaines un peu anciennes plutôt qu'un des fleurons de la lignée Honda. Mais c'est bien là un moindre défaut.
L'habitacle se montre nettement mieux réussi. Les designers ont bien fait et, en évitant le clinquant ou le mauvais goût, ils ont réussi à créer quelque chose de sobre et de raffiné. Tout cela en conservant l'efficacité et la qualité nécessaires à un intérieur agréable. De grands cadrans aisément lisibles surmontent un volant ajustable (et même télescopique sur les modèles haut de gamme) et couvert de cuir (toujours sur les modèles EX).
Seul regret, le volant qui comprend les commandes du régulateur de vitesse (et de la sonorisation sur certains modèles) ne dispose d'aucun système d'éclairage. On peut donc chercher longuement le bon bouton lorsqu'on roule de nuit.
Au centre de l'habitacle, la console abrite un écran d'affichage électronique mais aussi l'ensemble des systèmes audio et de ventilation. Souvent reprochée mais jamais corrigée,
la disposition des commandes de ces deux systèmes : les molettes de gauche et de droite contrôlent la température, alors qu'un gros bouton central contrôle le volume de la radio. Je me suis donc éclaté le tympan à quelques reprises en tentant d'ajuster le niveau de température idéale. Il faut quelques jours d'habitude, et un regard trop long durant la conduite, pour s'assurer d'utiliser la bonne commande.
Avec un certain sourire
Deux motorisations différentes sont offertes sur l'Accord. Le petit 2,4 litres de quatre cylindres développe 160 chevaux qui répondent avec une certaine vigueur, mais ne rendent pas justice à l'ensemble. En revanche, le V6 de 3.0 litres, développant plus de 240 chevaux à 6250 tr/minutes fournit plus de sensations. Un moteur qui défrise un peu plus, effectuant le 0-100 en moins de 7,5 secondes, mais qui a su conserver une grande souplesse et un fonctionnement silencieux. Quant à la version moins musclée, l'accélération n'est tout de même pas gênante (9,2 secondes).
Tout cela en continuant d'offrir une consommation d'essence raisonnable (environ 9,5 l aux 100 kilomètres en moyenne combinée pour le V6). Il s'agit d'une des voitures les plus écologiques, à l'image de la vision Honda, puisque l'Accord répond aux normes de la dernière génération LEV 2 (low emission véhicles). Et pour les véritables mordus de l'écologie, signalons que la version hybride de l'Accord fera son apparition dans les salles de démonstration avant la fin de la présente année.
L'intermédiaire de Honda se joue de la route sans difficulté, conservant la stabilité et la finesse d'exécution des bonnes voitures. Si, bien sûr, on est capable d'omettre le sous-virage omniprésent de l'Accord, et la direction qui, bien que précise, ne fournit pas toute l'information dont elle est capable. La conduite de l'Accord devient donc monotone par moment, bien qu'elle soit capable du meilleur aussi quand vient le temps de sillonner des routes un peu moins rectilignes.
Côté freinage, mentionnons la présence, sur tous les modèles, d'un système ABS assez efficace. La version EX V6 est équipée d'une transmission manuelle à six vitesses qui vaut à elle seule le déboursé supplémentaire. Précise, rapide et agréable à conduire, elle vient compenser pour le côté un peu bourgeois de l'Accord.
Avec ses cinq versions de berline, et ses quatre de coupé, la Honda Accord répond véritablement à tous les besoins, et à tous les budgets. Surtout qu'avec son comportement routier, son raffinement intérieur et toutes ses qualités, on se demande vraiment pourquoi on paierait plus.
C'est vrai, vous ne ferez pas tourner les têtes au volant de votre Accord. Vous n'éprouverez sans doute pas non plus le grand frisson chaque fois que vous vous glisserez derrière le volant, malgré les prétentions sportives de certains ensembles. Mais vous conduirez toujours avec le sourire.